Quand la loi du sport n'a pas cours, lorsque les instances dirigeantes sont les premières à violer cette loi, pareillement, quand les fortes gueules du football imposent leur loi, cela ne peut qu'engendrer l'anarchie et le chaos. Le football algérien vit tout cela, accablé en outre par les affaires et miné par une gouvernance sportive approximative et laxiste. Accordons la présomption d'inexpérience au nouveau bureau fédéral, il n'en reste pas moins que nous nous attendions à ce que, à tout le moins, il se prononce - ne serait-ce qu'à titre de mise en garde - sur les dépassements observés dans le fonctionnement des deux Ligues professionnelles Mobilis et dans les divisions inférieures (Division nationale amateur, DNA, et inter-régions) qui, peu ou prou, ont - pourraient avoir - faussé le déroulement normal de ces championnats. Une affaire traîne depuis la saison dernière - sans que la FAF daigne la traiter, sous le prétexte qu'elle est en charge de la justice - opposant l'USM Annaba à l'US Biskra (alors en DNA) pour motif de tentative des dirigeants de l'USB d'«acheter» des joueurs de Annaba. Entre-temps l'US Biskra a accédé la saison dernière en Ligue 2 Mobilis et vient d'accéder cette saison en Ligue 1 Mobilis. Une grande performance sportive si elle ne souffrait pas de soupçons extra-sportifs. En Ligue 2 Mobilis, c'est l'ASM Oran qui accuse l'US Biskra d'avoir approché certains de ses joueurs. Dans ces deux affaires, dont le centre d'intérêt est Biskra, la FAF, avec Raouraoua et avec Zetchi, s'est gardée de prendre position [alors que c'est son droit et son devoir] ou diligenter une enquête par ses propres services. Ces accusations sont trop graves pour accepter que les institutions chargées de les traiter fassent profil bas. Ce n'est ni dans l'intérêt du football ni dans celui des associations sportives et encore moins de ceux dont la mission première est, à juste titre, de préserver la loyauté des compétitions qu'ils organisent. Une autre affaire a encore plongé dans la confusion ceux qui suivent les péripéties du football algérien. Il s'agit de l'affaire US Beni Douala-WR M'sila qui n'a pu se dérouler normalement du fait du caillassage du bus de l'équipe visiteuse (M'sila). La commission de discipline de la LNFA qui a sanctionné le président de section de Beni-Douala, pour une durée d'une année, de toute fonction officielle, pour «incitation à la violence», a accordé en revanche le gain du match à l'USBD tout en défalquant six points au WRM. Sur quelle réglementation la LNFA s'est basée pour sanctionner la victime (M'sila) et récompenser les auteurs de violences? Nous constatons qu'aucune leçon n'a été tirée du précédent du RC Kouba qui, il y a quelques années, avait défrayé la chronique. Le RCK, ne pouvant obtenir gain de cause par les institutions de son pays s'est adressé au TAS (Tribunal arbitral des sports) de Lausanne et à la FIFA pour le rétablir dans ses droits. Ces derniers obligèrent la Fédération algérienne - en pleine phase retour du championnat de l'ex-Division I - d'ajouter en surnombre le club banlieusard algérois. Des clubs menacent d'en référer aux instances internationales dès lors qu'ils ne sont pas écoutés et leurs doléances prises en charge. Faut-il en arriver à ces extrêmes? Les dirigeants de la fédération de football ne semblent pas conscients que ces affaires jettent le doute sur la loyauté de notre championnat. Un championnat où certains clubs font la loi, où la Ligue de football professionnel (LFP) ne sait pas ce que championnat professionnel veut dire, qui programme et déprogramme les matchs à l'envi. Ainsi, après un arrêt de près de deux mois, les clubs pros, sont confrontés à une programmation marathon. Le championnat professionnel, caricatural, n'incite pas à la motivation, ni ne permet l'éclosion de jeunes talents. Des jeunes abandonnés à eux-mêmes qui ne connaissent rien des règles qui régissent le football. Récemment, l'ex-joueur de l'USM Alger, Zinedine Ferhat (aujourd'hui sociétaire du club français, Le Havre AC) avouait à un quotidien sportif national, que c'est seulement en signant dans un club professionnel français, qu'il a découvert ce qu'était le football professionnel et le travail qui lui est spécifique. C'est dire le déficit dans la formation que les ligues et les clubs (pros et amateurs) sont censés assurer aux jeunes. Sans doute qu'il faudrait d'abord que la FAF - et ses ligues - appliquent [convenablement] la réglementation telle que stipulée par ses statuts, pour ne prêter le flan ni aux suspicions ni aux doutes et aux accusations de parti pris. Encore faudrait-il en avoir la volonté politique. Tout est là. En vérité, seule une gouvernance sportive et transparente donnerait des gages à un fonctionnement normalisé du football professionnel. A l'évidence, nous n'en sommes pas là!