Il est le fils de Khellaf Oudjedi, le grand poète du groupe Akfadou. Les textes de ses chansons sont majoritairement écrits par son père qui lui voue un soutien inconditionnel. Ce chanteur défraye la chronique. Son dernier album fait parler de lui. Yanis Oudjedi veut aller loin. Il nous explique son art, ses motivations, ses choix et ses aspirations. L'Expression: Tu es très connu à Béjaïa, peux-tu te présenter en quelques lignes à mes lecteurs? Yanis Oudjedi: Yanis Oudjedi chanteur, auteur, compositeur et interprète. Je vis à Akfadou sur les hauteurs de la Soummam. Mon nom d'artiste est Yanis. J'aime mon métier et le veux aller le plus loin possible dans mes créations. Parle-nous un peu de ton parcours musical? J'ai toujours aimé le monde de la musique et de la poésie, mon père faisait partie du groupe «Akfadou» et j'avais un oncle chanteur, Tahar Oudjedi, donc la chanson est mon milieu naturel. Ma carrière a véritablement commencé en 2010 avec la sortie de mon premier album «Akken ur ihemmel yiwen». Puis mon deuxième album intitulé «Tamakurt» a vu le jour en 2016. Un troisième album «Ul d laåqel» qui est au stade du mixage, sera bientôt sur le marché. Qu'est-ce qui t'a motivé dans la chanson? J'ai toujours voulu chanter, écrire de la poésie et composer des musiques. J'ai eu une guitare comme cadeau d'anniversaire à l'âge de 14 ans et depuis, nous sommes restés inséparables. Deux ans plus tard, soit à l'âge de 16 ans, j'ai composé ma première chanson «Aâyigh aâyigh». Chanter me permet de m'exprimer et de donner ma vision du monde. J'exprime mes rêves à travers la chanson. Quels sont les titres et les thèmes abordés dans tes chansons? En somme, j'ai chanté des thèmes aussi variés que l'amour, les valeurs ancestrales, le désarroi de la jeunesse, l'attachement à mon identité, etc. J'ai fait une adaptation de la chanson d'Edith Piaf «A quoi ça sert l'amour» qui donne ceci en kabyle «I wacu-tt tayri». J'ai chanté «Taqbaylit» pour décrire la déliquescence des valeurs en Kabylie de nos jours ainsi que la dégradation de la situation sociale. Dans un autre titre «Targit», je dessine le rêve de voir mon pays devenir une nation où il fait bon vivre. La jeunesse et la mal-vie dans laquelle elle se débat n'est pas en reste dans mes compositions. Voilà, à peu près tout. Quels sont tes points forts dans la chanson, mais aussi tes faiblesses? Je ne peux pas faire un jugement sur moi-même, mais d'après les réactions des gens, je fais une belle poésie et j'interprète bien. Pour les faiblesses, elles sont inhérentes à l'inexpérience due à ma jeunesse, c'est pourquoi je reste ouvert à toute critique émanant des connaisseurs dans le domaine musical. Quel sont les chanteurs qui t'ont inspiré? Je suis impressionné par Lounis Ait-Menguellet dont la carrière est fabuleuse. C'est un chanteur qui me fait rêver par son immense talent. Faire le Zénith de Paris avec sa seule guitare et quelques instruments de percussion ce n'est pas donné à tout le monde. Pour moi, il dépasse le stade de chanteur. Je suis aussi émerveillé par la poésie de si Moh Ou Mhand, dont la poésie est toujours vivante et d'actualité plus d'un siècle après sa mort. Voilà deux géants de notre littérature qui me font aimer toute création de l'esprit. Comment appréhendes-tu la relation avec le public? La relation avec le public est une relation de complicité. Il n'y a pas d'artiste sans public. Le chanteur est aimé par le public comme il aime lui-même le public. Il est apprécié pour son oeuvre. Quel est l'artiste avec qui tu rêves de faire un duo? J'aimerais bien chanter en duo avec Zedek et Ait Menguellet qui sont de grands poètes. Chanter avec Nouara, dont la voix est sublime, serait une belle expérience. Quel est le titre de ton dernier album? «Tamakurt» qui signifie «voleuse.» Pourquoi avoir choisi ce titre? C'est la chanson phare de l'album, comme quoi après une rupture sentimentale, on a l'impression que la personne jadis aimée nous a dépossédés même de notre passé. Comment vois-tu tes chansons? A travers mes chansons, j'exprime mes idées et mes sentiments les plus profonds, c'est le langage du coeur. Qu'est-ce que la chanson porte en toi? La chanson est un moyen d'expression et de préservation de notre culture. Un chanteur kabyle n'est pas un chanteur comme tous les autres. Sa mission est de sauver sa culture du naufrage qui la guette. Comment vois-tu la chanson en Algérie? La chanson a régressé à travers le monde. C'est aussi le cas aussi en Algérie. Avec les nouvelles technologies et le piratage, le CD ne se vend plus, ce qui n'est pas pour encourager un chanteur. Ainsi, il ne reste que la scène pour exercer son art en Algérie ou ailleurs. Quelles sont les qualités qu'un chanteur doit avoir? Un chanteur doit être le témoin de son temps, il doit chanter les maux de la société qu'il doit porter vers le haut et faire avancer les choses. Ton rêve d'artiste, quel est-il? Mon rêve d'artiste c'est d'être écouté par un large public. Qu'est-ce qui rend le rêve difficile à réaliser? Ce n'est jamais facile de percer dans le monde de la chanson. Pour faire ses preuves, le chanteur doit apporter quelque chose de neuf, des nouvelles sonorités et avoir une approche originale dans sa poésie. Un dernier mot peut-être? Je vous remercie pour cette interview, je salue tout mon public que j'adore, je vous donne rendez-vous très bientôt avec mon troisième album.