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"Je raconte des histoires qui me touchent"
RAHMA BENHAMOU-EL MADANI, REALISATRICE ET AUTEURE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 26 - 10 - 2017


Une artiste touche-à-tout
Productrice et réalisatrice franco-marocaine, née en Algérie, elle a à son actif plusieurs films entre courts métrages de fiction et documentaires dont celui qui avait fait beaucoup parler de lui, Tagnawitude où elle était revenue sur la musique gnawie en partant d'un souvenir d'enfance, liée à sa mère. Elle sera invitée durant le Salon international du livre d'Alger pour parler de son oeuvre littéraire, Seule, ancrée dans le sol et ce, le 2 novembre prochain au Sila dans le cadre des 9es Rencontres euro-maghrébines des écrivains qui se tiendront de 9 h à 16h à la salle El Djazair. Elle nous parle ici de ce petit livre intimiste publié en France chez Coelacanthe, son amour de l'écriture, son cinéma, aspirations et projets, celui d'une artiste débordante d'imagination, tempérée et sereine car nourrie, d'abord et avant tout par la poésie...
L'Expression: Vous avez publié un petit livre bien intrigant, partagé entre textes et photos où la parole intime se dilue et se délie subtilement. Pourquoi cette envie d'écrire ce livre tout d'abord?
Rahma Benhamou-El Madani: L'envie d'écrire n'est pas nouvelle, j'écris depuis toujours, c'est mon élément premier. Bien avant l'image et le son d'ailleurs il y avait le verbe. J'ai créé en 2013 une page facebook où j'ai, petit à petit, mis quelques extraits de mes textes. Des personnes appréciaient. Puis cette page a remplacé la page blanche, je me suis mise à écrire quelques lignes toujours brèves et de plus en plus régulièrement. Ensuite ma rencontre avec l'éditrice de Coelacanthe a permis à ce que ces textes soient publiés. A vrai dire, mon vrai métier n'est pas celui de cinéaste mais d'écrivaine. Ce besoin d'écrire m'a toujours accompagnée et si le cinéma a pris le dessus pendant toutes ces années, je n'ai jamais cessé d'écrire.
Le livre sera aussi une pièce de théâtre et un film. Comment et pourquoi?
Eh bien j'ai pensé à cette pièce au moment de la publication de mon livre. Cette mise en scène et mise en image s'expliquent par le contenu même des textes. La forme est très poétique certes, et c'est, je dirai plus visuel que narratif. Cette femme déambule dans Paris et tente de vaincre une déception amoureuse alors que Paris vit les attentats et les manifestations contre la loi travail. La tragédie est au coeur de ce livre, l'amour est partout. J'ai cette envie de raconter par la scène et le cinéma en plus du livre. La scène je la prépare déjà en passant par des lectures musicales, des images que je prépare qui iront également sur scène accompagnant un décor très antique et en même temps futuriste. Mon imaginaire est trop riche pour se cantonner à une seule expression, j'ai besoin de comédiens, de musique, de chants, de danse pour que ce livre sorte de son état d'objet, se transforme et se vit.
Vous serez en Algérie pour en parler bientôt. Peut-on connaître justement votre actualité en ce sens?
L'actualité de ce livre est justement des lectures musicales que le public a l'air d'apprécier. Je suis accompagnée par une jeune comédienne Jeanne Monot qui comprend sans trop de difficultés mon univers. En ce qui concerne l'Algérie, je suis venue en août à la librairie Point Virgule faire une lecture musicale et l'éditrice m'a proposée cette rencontre durant le Sila. Effectivement, venir dans un cadre comme celui du Salon du livre est pour moi important et m'encourage à penser à mon prochain ouvrage qui attend... Bien sûr, parler de l'adaptation et de l'inspiration lors des rencontres euro-maghrébines des écrivains durant le Sila me permet de réfléchir à mon ouvrage dans ce thème de roman non fictionnel, puisque c'est la thématique de cette journée de conférence. Je ne sais pas si mon livre est un roman, une pièce de théâtre, un livre de poésie... ce que je sais c'est que je n'ai pas voulu me restreindre à un style en particulier pour correspondre à quelque chose. Raconter des histoires classiques, avec une narration classique n'est pas forcément ce que j'ai envie de faire. Alors dans mon livre, j'ai rassemblé des petites histoires que vit une femme et son questionnement. Il ne s'agit pas d'un journal intime, parfois j'ai repris des bribes de confidences, des bribes de conversation entendues dans un train, dans un lieu public et je les ai mises dans la tête de mon personnage. Peu importe en fait si cette histoire prend la forme qu'elle a, l'essentiel est qu'elle touche et qu'elle parle autant aux hommes qu'aux femmes. Car c'est le cas!
Vous avez en parallèle, puisque vous êtes aussi et avant tout peut-être, dirais-je, réalisatrice et cinéaste avertie, un long métrage en chantier qui rassemblera des comédiennes de différentes nationalités. Une Marocaine et une Asiatique me semble-t-il. Un pari risqué.
De quoi parlerait ce film? Et pourquoi le choix de ces rôles féminins?
Je réalise des documentaires depuis plus de 20 ans. Je les produits aussi d'ailleurs. Dans mon domaine je suis technicienne, je sais me servir d'une caméra, d'un micro, je sais faire du montage aussi. Et dans mes films je suis souvent à l'image ou on m'entend sous forme de voix off. J'ai réalisé des courts métrages fiction et le jeu d'acteur est important pour moi. J'ai à la suite de mon documentaire sur les sans-papiers, dans mon quartier à Paris, écrit une histoire fiction et il s'agit de l'histoire d'amour d'une Chinoise avec un Maghrébin. Ce projet est en développement, nous cherchons des financements. C'est long! Et même si le casting est bien avancé, nous cherchons des fonds pour avancer sur ce projet. En attendant je travaille sur d'autres projets: j'ai un documentaire en finition qui fait suite à mon documentaire Du côté de chez soi sorti en 2003. J'espère le terminer pour la fin de l'année. Je travaille également sur une série fiction sur la mode africaine et bien d'autres projets en écriture. Pour en revenir à ma fiction sur cette femme chinoise, effectivement, c'est un pari risqué parce qu'on est souvent cantonné à des histoires très communautaires finalement. Une femme marocaine doit raconter l'histoire d'une femme marocaine. Je ne sais pas faire comme ça! Je ne me suis pas dit un matin en me réveillant je vais raconter l'histoire d'une femme et il faut qu'elle soit chinoise. Non, ça ne se passe pas comme ça l'écriture! J'ai filmé des clandestins en 2006, et il y a eu un fait divers, une femme chinoise s'est défenestrée. Ça a bouleversé tout mon quartier. Evidemment comme j'étais très impliquée avec mon film dans mon quartier auprès des personnes sans papiers, j'ai été très touchée par cet événement. J'ai donc commencé à me poser des questions sur cette femme, sur son histoire et puis j'ai écrit pendant plusieurs années cette fiction. Car pour moi cette histoire est devenue une pure fiction qui peut se tourner partout ailleurs, pas seulement à Paris, pas seulement en Chine.
Enfin, vous vous définissez comme une personne très très engagée. Cela s'en ressent dans le choix de vos oeuvres, mais encore, qu'est-ce qui vous met en colère aujourd'hui beaucoup plus qu'hier?
Je ne me définis pas comme engagée. Je raconte des histoires qui me touchent, souvent d'ailleurs ça part de mon intimité pour en devenir autre chose. Même quand je touche le sujet de la mode celle qui m'intéresse est celle qui a sa noblesse dans les matières africaines, dans les recoins les plus reculés et qui pour moi doit cohabiter avec les grands noms qui se sont d'ailleurs inspirés des textures et couleurs bien africaines. Donc mon engagement est, on va dire, pour sortir de l'oubli, pour que notre silence se brise. J'ai commencé par la poésie très jeune, j'écrivais déjà «un jour je me munirai d'une caméra». Mon engagement est né, oui, de revendications multiples, à l'université je faisais de la radio militante, j'ai appris sur le tas mon métier, puis j'ai fait des études pour apprendre techniquement ce qui est devenu mon métier. Je ne vois pas bien ce que je peux raconter d'autres que des histoires qui me sont proches, celles des miens, qui, eux, ne peuvent pas s'exprimer. Je ne suis pas une colérique, parce que la poésie me donne cette faculté à ne jamais regarder le monde avec un regard sombre.
Enfin où en est l'Association internationale des femmes du cinéma lancée au festival de Cannes il y a deux ans?
Le collectif Film fatales Paris existe encore! Ça fait deux ans maintenant que nous échangeons entre nous et que nous tentons de nous entraider. Je sais que c'est difficile de rassembler des personnes qui voyagent souvent, qui sont solitaires et qui doivent chaque jour se battre pour trouver les moyens de tourner leur film... pourtant, on continue d'échanger et de vouloir organiser des évènements autour de nos films. Nous sommes à Paris une douzaine d'origine, surtout africaine d'ailleurs, même si nous sommes affiliées à une organisation américaine Film Fatales globale, nous souhaitons rester libres de nos évènements et de notre fonctionnement. On verra ce que le futur nous dira, mais nous avons envie de dire que notre cinéma dit «de la diversité» est fragilisé sans doute plus qu'un autre parce que justement différent. Notre souhait est la visibilité face à des instances où il est souvent difficile de rassembler des fonds pour notre cinéma.


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