La surreprésentation des étudiants inscrits en sciences sociales et humaines, près de 65%, «ne répond pas aux besoins actuels de l'économie». L'Algérie doit rectifier le tir. «En Algérie, on observe un décalage entre le capital humain et les besoins du marché de l'emploi, en dépit d'importants investissements dans l'enseignement supérieur», souligne une étude de la direction générale du Trésor français, rendue publique hier. La situation est préoccupante. Le marché du travail ne peut pas absorber toute la masse des étudiants fraichement diplômés. A cela il y a bien sûr des conditions objectives qui font que bon nombre d'entre eux restent sur le carreau. La plus importante réside dans la singularité de l'économie nationale dominée par le secteur des hydrocarbures. La dégringolade des prix du pétrole l'a notoirement affecté depuis la mi-juin 2014 et provoqué une crise financière sévère qui s'est logiquement répercutée sur un marché de l'emploi qui n'offre pas de perspectives à ceux qui ne «collent» pas à cette caractéristique. Une réalité qui débouche sur un contexte alarmant: l'Algérie ne récolte pas les fruits qu'elle a semés. Il y a déperdition flagrante de son investissement la formation universitaire. Le taux de chômage chez les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur s'est élevé à 16,7% en 2016. Alors qu'il se situe à 9,5% pour le secondaire et 10,6% pour le cycle moyen. Un bilan qui n'est pas propre qu'à l'Algérie. Dans tous les pays du Maghreb, le chômage des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur dépasse «largement» celui des personnes ayant un niveau d'instruction inférieur, note le document répercuté par une dépêche de l'APS datée du 16 décembre. La crise financière que traverse le pays n'explique pas à elle seule ces statistiques. Il y a une autre raison à cela. Laquelle? La surreprésentation des étudiants inscrits en sciences sociales et humaines, près de 65%, «ne répond pas aux besoins actuels de l'économie» ont relevé les experts de la direction générale du Trésor français. Se basant sur des chiffres de l'Office national des statistiques, ils font observer que pour remédier à cette situation, «une inflexion est aujourd'hui apportée par les autorités pour mettre en place des formations diplômantes plus adaptées aux nécessités du marché du travail». Il faut faire en plus avec des perspectives qui sont loin d'être rassurantes. Il va falloir compter avec une courbe du chômage qui ne doit pas fléchir. Les chiffres sont déprimants. Le taux de chômage, évalué à 11,7% pour 2017, en Algérie devrait atteindre 13,2% en 2018. En cause le ralentissement de l'activité économique dont la croissance est prévue autour de 0,8% de croissance prévu en 2018. Le taux de chômage des jeunes devrait s'établir autour des 26%. 18% pour les diplômés de l'enseignement supérieur. 20% chez les femmes et seulement 8,1% pour les hommes. L'avenir ne s'annonce pas aussi sobre que cela. Un des atouts de l'Algérie réside dans la jeunesse de sa population. La tranche d'âge des 65 ans et plus est 3 fois moins nombreuse qu'en Europe. Quel avantage peut-elle en tirer? «Cette situation lui est théoriquement favorable pour assurer le financement de sa protection sociale. Néanmoins, du fait de l'importance de l'emploi non affilié, les administrations de sécurité sociale algériennes accusent aujourd'hui un manque à gagner significatif», souligne le Trésor public français, qui fait remarquer par ailleurs que la Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (Casnos), qui devrait théoriquement couvrir près d'un tiers des actifs occupés, «ne perçoit qu'à peine 5% des cotisations potentiellement recouvrables». L'étude de cet organisme montre que sur le plan démographique la population algérienne, a connu ces dernières années une baisse de son accroissement alors qu'elle a été multipliée par quatre depuis 1966 pour atteindre 40,4 millions d'habitants au 1er janvier 2016. Cette baisse résulte de l'effet conjugué de la baisse du taux de mortalité liée «aux progrès sanitaires», d'un «meilleur accès» aux soins et d'une «forte diminution» du taux de fécondité (en moyenne de 3,1 enfants par femme en 2015 contre 8 en 1970), ajoutant que la baisse du taux de fécondité est «imputable à des mesures d'espacement des naissances mises en place à partir de 1974». Un constat qui mesure le chemin parcouru par le pays en matière de développement humain depuis l'indépendance. Et des défis qui lui restent à relever...