L'ancien patron de la CIA et nouveau secrétaire d'Etat Mike Pompeo était de retour hier à Pyongyang pour préparer, du moins officiellement, le prochain sommet entre Kim Jong-Un et Donald Trump. Il a rencontré plusieurs hauts dirigeants nord-coréens, obtenant au passage la libération de trois détenus américains. Sans doute, ses hôtes avaient à l'esprit la décision annoncée la veille par le président Trump qui confirme sa détermination à déchirer l'accord du nucléaire iranien avant d'en découdre, par alliés interposés, avec Téhéran. Le tête-à-tête inédit que Trump aura avec Kim repose, on le sait, sur la question névralgique du nucléaire nord-coréen. Pyongyang est prêt à des concessions à condition d'avoir de solides garanties. Mais qui va les lui donner? Trump? Un expert américain, membre de la fédération des scientifiques aux Etats-Unis, a résumé le dilemme: «C'est fou de penser que Pompeo arrive à Pyongyang porteur du message suivant 'si vous éliminez vos armes nucléaires, nous lèverons les sanctions et nous ne vous attaquerons pas. Vous pouvez nous faire confiance''». Pourtant, c'est exactement le message dont Pompeo est porteur sans état d'âme aucun, conscient du vent d'optimisme soulevé par la spectaculaire détente intervenue dans le sillage des Jeux olympiques d'hiver. A Washington, le président Trump annonçait à sa façon la libération des trois Américains détenus par la Corée du Nord, estimant que les relations «sont en train de se construire», mais soulignant aussitôt qu'il faudra «voir ce que tout cela va donner et peut-être que cela ne donnera rien». De la prudence? Possible, mais surtout de la méfiance qui se justifie par le fait que «les engagements n'engagent que ceux qui y croient», dixit Jacques Chirac. Et Trump, lui, ne croit que Netanyahu dont l'exhibition théâtrale avec les «preuves rassemblées par ses services d'espionnage» contre l'Iran ont contribué à vendre la décision du président américain. Aussi, la question demeure, latente, mais incontournable: y aura-t-il un contexte crédible et prometteur pour assurer la conclusion d'un accord nucléaire entre Trump et Kim, le mois prochain? Le dirigeant nord-coréen a certes promis à son homologue sud-coréen Moon Jae-in, dans l'euphorie de leur rencontre à Séoul, une dénucléarisation de la péninsule, mais c'était avant le coup fatal porté à l'accord sur le nucléaire iranien, un sujet auquel Pyongyang accorde un intérêt tout particulier. On voit mal, dans ce cas de figure, pourquoi ce qui a été renié avec l'Iran serait consacré avec la Corée du Nord, quand bien même le fait que celle-ci dispose déjà de l'armement dissuasif pèse dans la balance. Sans doute, il serait hasardeux de comparer la position d'Israël et celle de la Corée du Sud L'Etat hébreu, brutal et volontiers belliqueux depuis sa création, pour des raisons de leadership dans la région du Moyen-Orient, ne cherche guère à instaurer un climat de paix et de coopération avec les pays de la région. Ce n'est pas le cas de la Corée du Sud ni même du Japon dont le Premier ministre, en visite ces jours derniers en Israël, s'est vu servir un dessert dans une chaussure par le couple Netanyahu, une injure extrême dans le pays du Matin calme. Car l'Etat sioniste peut désormais tout se permettre, l'administration Trump ayant résolument pris fait et cause pour sa politique expansionniste et mis au pas les pays du CCG dont l'Arabie saoudite invitée récemment à «payer énormément plus» pour prétendre au parapluie américain face à la «menace iranienne». Un parapluie dont Israël profite généreusement, depuis sa naissance sur les décombres palestiniens, en 1948.