Agissant en bon chef d'entreprise qui veut engranger un maximum de dividendes contre un minimum de dépenses, le président américain s'est attelé, dès les premiers mois de son entrée à la Maison-Blanche, à une vaste recomposition des échanges économiques de son pays avec les principaux partenaires. C'est ainsi que, fidèle à ses promesses de campagne, il a mis en oeuvre des taxes prohibitives sur l'acier et sur l'aluminium en provenance de la Chine et des pays membres de l'Union européenne, taxes vite étendues à toute une gamme d'autres produits. Ni les protestations des uns, ni les avertissements des autres n'auront suffi à calmer les ardeurs du manager en chef des Etats-Unis qui a délibérément choisi de n'épargner pas plus les amis et alliés que les supposés pays hostiles au leadership américain. Ainsi, l'annonce d'un bond spectaculaire de la croissance (4,1%) aura-t-il suffi au président Trump pour affirmer que sa stratégie est la bonne et que le monde entier commence à envier son pays pour sa gestion rigoureuse. Mais cette guerre commerciale a des conséquences dont il ne semble pas se préoccuper outre mesure. Emporté par son slogan «l'Amérique d'abord», il n' a que faire des difficultés que rencontrent les Américains aux faibles revenus, aggravées du fait de ces taxes en cascade qui se répercutent fatalement sur le marché intérieur. En effet, les entreprises n'ont pas tardé à reporter sur leurs produits le manque à gagner des hausses de produits et autres matières premières importées après l'application des nouvelles taxes. Compte tenu des contre-mesures adoptées par la plupart des pays visés par Donald Trump, il y a eu un effet boomerang, prévisible et vite confirmé, de sorte que les cannettes de sodas dont raffolent les Américains, les produits adhésifs, et surtout les véhicules ont vu leurs prix flamber au gré des surcoûts induits par les taxes de Trump, aussitôt reportés sur les achats des consommateurs. Comme aussi les exportations des entreprises américaines vers la Chine, l'Union européenne et le Japon, pour ne citer que ces trois pays, se découvrent pénalisées par les contre-mesures des cibles principales de la pluie de taxes injectées par l'administration Trump. A tel point que le président américain a dû mettre en oeuvre un plan d'urgence de 12 milliards de dollars pour venir au secours des agriculteurs empêchés d'exporter vers la Chine, notamment. Et cela ne fait que commencer, de sorte que Goldman Sachs, la banque américaine qui dirige le monde, annonce, d'ores et déjà, une diminution de 15% des bénéfices de plus de 500 grandes entreprises américaines au cours des prochains mois. Preuve que le président Trump s'est sans doute pris à son propre piège et que le retour de boomerang risque de provoquer, plus vite qu'il ne le pense, un autre retour de manivelle, électoral celui-là.