Mohamed (Qsssl) a recommandé le bon voisinage dans la société. Pourtant, à voir certains comportements dégradants, lâches et honteux... Nous sommes obligés de penser alors, de deux choses l'une: ou bien nous ne sommes pas des musulmans, ou nous n'avons jamais entendu parler d'une telle recommandation. Depuis le côté parallèle à la barre, l'avocat de la mère de famille victime a de suite demandé au président de la section correctionnelle du tribunal, la présence de Mehdi, le fils de la maman inculpée de coups et blessures volontaires, ayant entraîné une incapacité de 15 jours. «Où est-il? Comment s'appelle-t-il? Qu'il s'avance! J'attends. S'il n'est pas là, et comme nous avons du temps. Nous attendrons le temps qu'il faudra, pourvu qu'il nous illumine de son précieux témoignage», répond le juge, heureux de l'aubaine qu'un témoin vienne l'éclairer dans ce triste dossier mettant aux prises deux voisines qui sont passées dans le couloir de la colère, cette mauvaise conseillère. C'est alors que sa mère se leva et informa le juge que son fils était actuellement hospitalisé dans un hôpital d'Oran pour subir, prochainement, une opération chirurgicale. Elle brandit un papier qui semble être un certificat médical. Le flic de service s'en empare sur un coup d'oeil du juge. Je le jure devant Allah Le président haussa les épaules puis appela la dame inculpée à la barre. A la première question relative au pourquoi des coups et blessures donnés par l'inculpée, la voisine s'exclama, furieuse, au bord de l'explosion: «Mais, monsieur le juge, ce n'était pas elle qui m'a frappée, mais son fils Djalal, un petit et dérangé garnement qui n'a aucun respect ni pour les gens plus âgés ni pour les voisins ni même pour ses parents. Je le jure devant Allah, que cette dame n'a jamais levé la main sur moi. C'est son gamin, un rustre, un sauvage, un mal élevé qui m'a frappée. -Qu'est-ce donc que ce cinéma? J'ai sous les yeux l'ordonnance de renvoi et il n'est pas question de ce Djalal! Il m'arrive d'être out, mais tout de même, pas au moment de présider cette audience!», s'exclame le président vite interrompu par Akila. Y. l'inculpée qui assure au juge, en faisant attention de ne regarder que le procureur: «Elle ment, c'est moi qui ai balancé une raclée à cette mal élevée... -Oh là, inculpée. On ne dit jamais dans une salle d'audience que quelqu'un ment. On dit par respect à la justice: «Elle ne dit pas la vérité!» Et puis, on n'insulte jamais son adversaire, et on ne prononce jamais de mots blessants tels que mal élevée''! Alors, c'est bien compris? Les déviations sont proscrites ici, dans cette enceinte. Que le tribunal ne vous y prenne plus à défaut, il sévirait...» Le magistrat reprend tout depuis le début. Il dit les lèvres presque fermées qu'il aimerait apprendre les faits de la bouche de la victime qui est priée de «garder son sang-froid et de narrer sans commenter, car le commentaire nous éloigne des débats et des faits qui intéressent le tribunal.» Les deux avocats se tiennent à équidistance des principaux acteurs de ce procès qui a mal pris son départ. Le président repose la question à la victime qui s'est un tant soit peu calmée. Elle raconte péniblement et avec amertume, pourquoi et comment elle a été agressée par le fils absent «excusé» de l'audience. Elle se répète beaucoup en narrant la dispute, la rixe et l'arrivée des policiers avertis par un voisin qui ne supporte pas le... bruit! Heureusement que ce genre de voisins, existe, sinon où irions-nous? Puis, le juge intervient avec beaucoup d'à propos et de doigté: Au fait, quelle est la cause du malentendu? Donnez-moi la cause exacte et pas de fuite en avant, ni de règlements de comptes!» rugit le magistrat qui cherche visiblement à ramener le calme dans la salle. Le juge semble satisfait Un remue-ménage devient vite un insupportable brouhaha qui inquiète le juge, lequel hurle presque, tant le bruit avait pris de l'ampleur, et donc dérangeait l'audience. Le magistrat apprendra vite que ce dérangement vient de l'unique témoin: une femme entendue par le juge d'instruction. Il demanda les coordonnées de la bonne femme qui ignoraient les us et coutumes des tribunaux, se trouvait dans la salle d'audience. Elle se leva et se présenta: «Madame Soumiya. A.R.!» Elle s'avance de la barre et le président lui demande ce qu'elle sait de cette histoire. Elle gonfle ses joues, répond sans réfléchir et marmonne: «Quand je suis arrivée sur les lieux où il y avait le tapage, les histoires des voisins étaient finies.» Le magistrat invite alors le procureur à intervenir. Le représentant du ministère public ne va pas tarder. Il flétrit fermement ce genre de comportements, rappelle sentencieusement les recommandations du Prophète (Qlsssl) et demande l'application de la loi, une manière de laisser le président de la section correctionnelle, décider du sort de cette femme. Attention! Demander l'application de la loi, ce n'est pas surtout «la relaxe» comme pourraient le croire beaucoup de personnes qui assistent souvent aux audiences pénales. Il se peut que le juge aille à la culpabilité de l'inculpée et donc, puisse aller fort dans le verdict. Il aura ainsi appliqué la loi! Le juge semble satisfait des éléments en sa possession et décide unilatéralement de se débarrasser du dossier en demandant à l'inculpée, prostrée, de prononcer le dernier mot, conformément à la loi. Elle dit regretter son geste. L'adversaire crie: «Ce n'est pas elle qui m'a frappée, mais Djalal, son fils, aujourd'hui terré chez sa tante à Oran!». Le magistrat tapa du poing une dernière fois et annonce la mise en examen de l'affaire sous huitaine. Les deux femmes quittent au même moment la salle d'audience en échangeant de petites amabilités du genre: «Je te hais plus que tu ne me détestes!».