Les jeunes étaient au rendez-vous Il serait bien dommage pour la classe politique ainsi que pour les observateurs de n'y voir qu'une démarche ponctuelle, une sorte de poussée de fièvre qui retomberait une fois le cap de la présidentielle franchi. L'Algérie a franchi bien des étapes, souvent très douloureuses. La Guerre de Libération nationale et la décennie noire resteront gravées à jamais dans la mémoire collective. Des moments tragiques de son histoire récente, qui ont représenté un coût humain, des sacrifices inestimables qui ont conduit le pays à son indépendance pour ensuite le mettre sur les rails de la démocratie et de la liberté d'expression. Un capital dont toute la vitalité a animé les marches pacifiques qui se sont déroulées à travers de nombreuses régions du pays, avant-hier. Il serait bien dommage, pour la classe politique ainsi que pour les observateurs, de n'y voir qu'une démarche ponctuelle, une sorte de poussée de fièvre qui retomberait, une fois le cap de la présidentielle franchi. Une initiative qui a montré une lucidité mais aussi une maturité à toute épreuve. Elle a laissé pantois formations, partis politiques et a surtout fait l'admiration d'un monde qui, à travers ses médias, ne cesse de nous scruter. Pour ceux à qui l'événement du 22 février sonnait le prélude à la violence, à voir l'Algérie sombrer dans le chaos, c'est la désillusion. La leçon a été magistrale. Unique certainement dans le monde. Pas de slogans partisans! Pas de figure notoire de la scène politique! Il s'est assumé seul et a accouché d'une remarquable qualité insoupçonnée qui couvait au coeur de la société algérienne, de sa jeunesse: la non-violence. C'est l'un des principaux messages des enfants de la République. Une bénédiction pour un pays qui est en train de faire sa mue. Un acte qui se veut sans aucun doute être fondateur de cette nation en devenir, qui ambitionne de se projeter dans l'univers des pays développés occupé jusque-là par les grandes puissances occidentales qui ont en fait leur chasse gardée. L'image que leur a renvoyée l'Algérie du 22 février les a incontestablement surpris. Abreuvés par des discours de salonnards revanchards, ils se sont construit un cliché, un stéréotype de l'Algérien enclin à la destruction. La réponse a été cinglante, il faut désormais compter avec un pays qui n'aspire qu'à la stabilité et la paix, à l'image de sa diplomatie née dans les maquis et qui n'a eu de cesse, encore aujourd'hui, d'appeler au dialogue pour résoudre les conflits qui secouent la planète. La communion s'est faite le 22 février. Un moment historique qui a fait table rase des escalades et des surenchères verbales. Une opportunité que doivent saisir les pouvoirs publics, les partis politiques, les syndicats, les associations, pour effectuer ce saut civilisationnel pacifique qui esquisse d'ores et déjà cette Algérie de demain: apaisée, réconciliée avec elle-même depuis la constitutionnalisation de tamazight, chaînon manquant désormais affirmé de son identité. Les manifestations de vendredi indiquent clairement que le passage de témoin peut se faire de manière pacifique, sans effusion de sang. Le sang-froid et le calme dont on fait preuve les services de sécurité pour prévenir les dépassements, attestent que le changement et la transition peuvent se faire sans violence. Une brèche a été ouverte le 22 février. Elle atteste surtout d'une Algérie qui veut faire son deuil des traumatismes. De ceux que lui ont fait subir les hordes terroristes islamistes plus de 10 années durant, avec comme projet une société rétrograde et obscurantiste. L'Algérie du 22 février lui a définitivement tourné le dos. Elle s'est projetée vers la lumière, la liberté et le vivre ensemble...