L'après-pétrole a commencé Il y a de petits pas qui ne trompent pas et qui laissent penser que l'Algérie a pris le train de la croissance hors hydrocarbures. Le pays doit se libérer de sa dépendance au pétrole. Le chemin est long pour y parvenir. Les crises financières qu'il a vécues à chaque dégringolade du cours de l'or noir l'imposent. Sa trésorerie a été laminée et à chaque plongeon interminable du baril, ses équilibres financiers ne sont assurés qu'à coups de décisions qui s'apparentent à des traitements de fièvre de cheval. A l'instar du recours au financement non conventionnel qui, apparemment, s'est finalement avéré un moindre mal. L'inflation n'a pas explosé. Elle a même été contenue dans des proportions telles, que bien des pays en situation de crise nous auraient enviées. Autour des 4,5%, la conjoncture actuelle du marché pétrolier et les perspectives chimériques d'un baril à 100 dollars incitent à prendre le taureau par les cornes car le bas de laine, qui fond comme neige au soleil, autour des 72 milliards de dollars, devrait être épuisé d'ici 2022. Trois années pour sortir l'économie nationale de son addiction aux hydrocarbures. Le délai est court. La course contre la montre est lancée. L'émergence d'une économie productrice de richesse ne doit pas rester au stade de la théorie ou d'une simple vue de l'esprit. Où en est-on au juste? Il y a des petits pas qui ne trompent pas et qui laissent penser que l'Algérie a pris le train de la croissance hors hydrocarbures. Il y a eu les premières exportations de ciment et de certains produits agricoles. Les atouts ne manquent pas. Il y a déjà l'industrie automobile, qui s'annonce comme prometteuse et qui a généré des milliers d'emplois, mais aussi le secteur minier dont les potentialités sont avérées et qui n'a pas encore dévoilé toutes ses cartes. Il a certainement un rôle moteur à jouer sur le plan de la création de postes de travail, tout comme il sera incontestablement générateur de gros revenus financiers en devises. Et bonne nouvelle: le ministre de l'Industrie et des Mines vient d'annoncer que l'Algérie prévoit d'exporter des véhicules dès cette année. «L'Algérie dispose d'une base industrielle lui permettant de franchir cette étape, et ce à travers les projets sidérurgiques en cours et les différentes usines produisant la matière première entrant dans la fabrication des véhicules», avait déclaré, le 5 mars, Youcef Yousfi en marge d'une visite de travail à Skikda. L'Algérie a d'autres cordes à son arc. Elle recèle des ressources jusque-là non mises en valeur. Le marbre en fait partie. Des carrières existent à Oran, Skikda, Guelma, Constantine et Tlemcen. Un véritable filon! «L'Algérie commencera dans trois ans à exporter du marbre», a assuré le ministre qui a confié que son département oeuvre actuellement «à encourager les entreprises à relever la production pour couvrir les besoins du marché national et exporter le surplus...le pays possède d'importantes réserves et un marbre de haute qualité». Il existe aussi un potentiel géologique intéressant pour l'investissement et le partenariat visant l'exploration minière, le développement et la production de certaines substances minérales. Les métaux nobles, à l'instar du mercure, de l'argent, du nickel, du cobalt, du plomb et de l'or sont des ressources attestées, la relance de leur activité constitue un potentiel avéré pour la diversification économique. L'Algérie possède une base industrielle, non négligeable, de 1 500 entreprises industrielles, a souligné d'autre part Youcef Yousfi qui a fait état de prévisions d'une production de 6 millions de tonnes de fer et d'acier en 2019 et de 16 millions de tonnes dans 10 ans grâce à l'entrée en activité de 10 autres usines. «La sidérurgie apportera au pays des revenus en devises de 300 millions dollars d'ici fin 2019 et 1 milliard de dollars dans quelques années», a affirmé le ministre, avant d'annoncer l'exportation de voitures en 2019. Faut-il rappeler que l'Algérie était un gros producteur de minerai de fer dans le monde, entre les deux guerres mondiales? Sa production a joué un rôle de premier plan dans à l'essor des industries de transformation de plusieurs pays européens (France, Allemagne...). Un rang qu'elle peut retrouver.