Les Ouyahia, Sellal et consorts vont de manière régulière maintenant, prendre leur café, rue Abane-Ramdane. Ils donneront ainsi l'occasion aux milliers de citoyens de les traiter de bande de voleurs, mais surtout d'exiger la récupération de l'argent volé. «Un Conseil de ministres restreint» s'est tenu au tribunal de Sidi M'hamed. C'est toujours avec l'humeur et la spécificité algérienne que les facebookistes ont transmis l'information de la comparution, jeudi, de plusieurs ex-hauts responsables devant le procureur de la République de la wilaya d'Alger. Et quels hauts cadres! Il s'agit de ceux qui étaient aux commandes de l'Algérie durant les vingt dernières années. Pas besoin de rappeler qui sont les Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, Karim Djoudi, Amara Benyounès, Amar Tou, Abdelghani Zalène ou encore Abdelkader Zoukh et Mustapha Layadhi. Tout ce beau monde a été appelé à répondre aux questions des juges d'instruction comme témoins dans certaines affaires, mais inculpés dans d'autres. Ce n'est là qu'une première fournée. Selon des indiscrétions, une centaine de responsables à tous les niveaux et dans tous les domaines, feront l'objet d'une enquête judiciaire. Quelles charges seront retenues contre les ex-membres du gouvernement? Même si officiellement, rien n'a encore filtré, pas besoin d'être un expert pour savoir qu'en général, des accusations comme l'abus de pouvoir, le trafic d'influence, l'octroi et la perception d'indus privilèges ou encore la dilapidation des deniers publics figureront parmi les inculpations dont devront répondre ces responsables. C'est dans le cadre de l'enquête sur Ali Haddad que Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal et Zoukh ont été entendus, hier. Mais pas seulement, puisque même les frères Kouninef ont été ramenés de leur prison, sûrement pour une confrontation. De toutes les façons, au fur et à mesure que les enquêteurs fouinent, ils trouvent que les histoires s'enchevêtrent et que les noms des responsables reviennent à chaque fois et qu'il ne s'agit donc que d'une bande, composée de «Premiers ministres, ministres, hommes d'affaires, walis...», qui a tissé une grande toile d'araignée pour que l'argent renforce le politique qui, à son tour, lui ouvre toutes les portes. Pour démêler tout cet enchevêtrement, il faudra énormément de temps. Ce qui annonce donc que les enquêtes judiciaires vont prendre un temps assez important, avant que les présumés incriminés ne soient jugés. Simplement dit, les Ouyahia, Sellal et consorts vont dorénavant et de manière régulière prendre leur café, rue Abane-Ramdane. Ils donneront ainsi l'occasion aux milliers de citoyens de se rassembler pour crier haut et fort des slogans contre eux. «Klitou lablad y a sarakin (vous avez ruiné le pays ôh voleurs)!» ont d'ailleurs crié à gorges déployées les Algériens qui ont fait le déplacement au tribunal de Sidi M'hamed, juste pour exiger que ceux qui ont trahi leur confiance, soient jugés, mais surtout à ce que l'argent détourné du peuple le lui soit rendu. Et c'est très important surtout que la conjoncture économique du pays est loin d'être reluisante. Il est donc attendu de la justice la récupération des sommes subtilisées, même si la tâche n'est pas si aisée qu'elle paraît, puisque l'argent volé est souvent dissimulé à l'étranger, dans des paradis fiscaux.