Une contestation qui a fait des vagues Les forces politiques ont laissé un vide sidéral et ne remplissent plus leur rôle de mobilisation. La classe politique traditionnelle sortira-t-elle indemne de l'épreuve de la révolution populaire? Pas si sûr. Avant l'avènement inattendu et miraculeux du mouvement populaire du 22 février, tous les analystes politiques convergeaient déjà sur l'idée que «si changement ou transition il y a, il se fera en dehors des partis politiques...». La nature opaque des rapports entre ces formations politiques et le pouvoir a été de tout temps dénoncé. Même s'ils ont été fortement diabolisés et évoluant dans un champ politique hermétiquement verrouillé, les partis visibles de l'opposition en ont pris pour leur grade. Ils sont de prime abord disqualifiés par le mouvement. Quant aux partis du pouvoir, ils ont fini par perdre toute crédibilité. Ils sont réduits à jouer le rôle de médiocres éléments, constituant une façade faussement démocratique, en servant d'alibi à un pouvoir autoritaire, rejeté par la majorité des Algériens. Par conséquent, les forces politiques ont laissé un vide sidéral et ne remplissent plus leur rôle de mobilisation. Aujourd'hui, les leaders des partis dits de l'opposition, sont rattrapés par leurs accointances et conspirations passées. D'aucuns diront que ces partis qui, négociaient des quotas de sièges au Parlement et des portefeuilles ministériels au gouvernement n'ont aucune crédibilité. De ce fait, la perspective de voir les manifestants adhérer à ces formations politiques pour se structurer s'avère totalement improbable. De nom-breux observateurs s'accordent à dire que des deals politiques, conclus avec le pouvoir, finissent par éclater à la figure des responsables politiques de ces entités. Pour ne citer que celui-là, le président du MSP, Abderezzak Makri, vient d'être rattrapé par ses conspirations secrètes, menées tout le long de l'été dernier, avec les forces extraconstitutionnelles, en l'occurrence, le frère cadet et conseiller du chef d'Etat déchu, Abdelaziz Bouteflika, ainsi que Abdelkader Messahel, ex-ministre des Affaires étrangères(AE) et Tayeb Louh, ancien ministre de la Justice, réputés tous deux proches du cercle présidentiel. Sentant le vent tourner et craignant surtout les conséquences désastreuses découlant de ses «complots» récents avec le pouvoir, il a tenté de faire diversion, en invoquant une polémique usée et inopérante liée au soi-disant «lobby franco-kabyle». La polémique liée à de multiples rencontres informelles avec Saïd Bouteflika, révélées par Makri lui même sous la panique, a refait surface dans le sillage de l'incarcération de la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune. Le MSP n'est pas le seul parti islamiste à s'adonner à ce genre d'arrangements avec le pouvoir. Makri est accusé par Lakhdar Benkhelaf dirigeant du parti de Abdellah Djaballah, de vouloir jouer le rôle d'intermédiaire entre l'opposition et les forces non constitutionnelles. Son initiative visait le report de l'élection présidentielle afin de prolonger illégalement le mandat de Bouteflika. En réponse à cette accusation, un membre du bureau exécutif du MSP, révèle à son tour que des cadres du FJD ont rencontré les forces extraconstitutionnelles, dont Saïd Bouteflika, l'ex-général Toufik, Abdelmalek Sellal et même un représentant du Premier ministre Bedoui, dans le cadre de la formation du récent gouvernement rejeté par le peuple. Ce genre de conspirations ne touchent pas uniquement des partis islamistes, car des partis nouvellement agréés et des partis d'autres mouvances s'adonnaient à de mêmes pratiques qui ont discrédité la scène politique. Par ailleurs, si certains partis tentent de se refaire une virginité en surfant sur la vague du mouvement populaire, d'au-tres insistent sur le fait que les partis n'ont plus aucun rôle autre que consultatif à jouer durant la période de transition.