Le défi est grand, mais pas impossible selon la direction des services agricoles de la wilaya de Tizi Ouzou qui annonce la mise au point d'un vaste programme de plantation d'oliviers qui s'étale sur cinq années. Il consiste, selon cet organisme, à planter 340 000 oliviers et greffer 181 000 oléastres sur une superficie qui est actuellement de 38 650 hectares. Cette superficie comptera, après cinq années, 50 000 hectares en portant au double le nombre d'oliviers qui est actuellement de 4 415 000. Le budget alloué à cette grandiose opération, annoncent les services de la DSA, est estimé à 94 240 000 dinars. En fait, l'olivier occupe près de 90% de l'espace réservé à l'agriculture et arrive en premier parmi les fruits arboricoles de la wilaya. Ce potentiel produit annuellement quelques 13 à 14 millions de litres d'huile d'olive. Ainsi, la DSA qui compte aussi améliorer la qualité de la production veut porter la moyenne de production de l'olivier de quatre litres à huit pour parvenir à produire, après cinq années, quelques 18 millions de litres d'huile. Pour réussir ce défi, la DSA annonce la collaboration des instituts spécialisés dans l'agriculture en général et l'olivier particulièrement. Cependant, les services de l'agriculture de la wilaya de Tizi Ouzou qui mettent ainsi le cap sur le développement de la filière n'évoquent pas ou rarement la difficulté à améliorer les techniques de récolte. Ces dernières, restées au stade traditionnel, empêchent l'émergence d'une huile d'olive vierge qui puisse s'adapter aux normes et standards internationaux. La quantité d'acide contenue dépasse de loin la norme internationale établie par le Comité oléicole international (OIC), ce qui fait que l'huile d'olive de Kabylie reste encore loin des circuits commerciaux internationaux, voire même absente au niveau national à l'exception de quelques initiatives insuffisantes pour parler de commercialisation au sens moderne du terme. Cette incapacité à venir à bout de cette entrave devient éloquente en constatant sur le terrain les méthodes de vente de l'huile d'olive de Kabylie qui échappent à tout contrôle. En effet, exception faite de quelques producteurs, la vente se fait par des emballages perdus destinés initialement à d'autres produits. Vendre l'huile d'olive dans des bouteilles rejetées par l'industrie des eaux minérales anéantit l'image de marque de notre huile. Sur les places des marchés, ce liquide noble est vendu dans des conditions d'hygiène lamentables. Ce manque de contrôle frappe même certains producteurs qui omettent d'afficher sur leur emballage les détails chimiques du produit. Aussi, on ne peut pas connaître le taux d'acidité d'une huile dite vierge, mais que les consommateurs refusent de classer dans la catégorie. Enfin, il est bien de se faire des projets et des prévissions, mais les expériences du passé récent, surtout découragent, même les producteurs plus tenaces. Beaucoup estiment qu'il s'agit juste d'un projet dont on ne parlera pas une fois les cinq années passées. Pour preuve, ces derniers évoquent les fameux contrats de performance qui sont actuellement aux oubliettes malgré le tintamarre qui a accompagné l'annonce.Kamel BOUDJADI