À quelques dizaines de jours du rituel du sacrifice de l'Aïd El Adha 2020, qui sera célébré cette année le vendredi 31 juillet ou le samedi 1er août, des vendeurs continuent davantage de proposer leurs moutons, à Alger. Le flux n'est pas celui des masses des précédentes fêtes, mais force est de constater que malgré la crise sanitaire, les chefs de familles se déplacent en quête de la bonne affaire. C'est ce que nous avons pu constater jeudi dernier, lors d'une virée effectuée dans plusieurs espaces de vente du «fameux mouton» aux communes d'El Harrach Hussein Dey, Birkhadem, Khraïssia, Baraki. L'annonce de l'arrivée de l'Aïd El Adha constatée dans les espaces de vente de moutons dans les lieux précités a fait que le moral n'est pas au beau fixe cette année. Une atmosphère particulière règne dans la capitale du pays: l'activité tourne au ralenti. Les lieux attirent moins de visiteurs. Un indice qui fait dire que la célébration de la fête de l'Aïd El Adha sera différente, cette année, à cause de la pandémie du coronavirus. Les mesures de confinement préventif contre la propagation du coronavirus, décidées par les pouvoirs publics à travers le territoire national, en cette période marquée par un rebond des cas de contamination au Covid-19, ont, quelque part, vidé cette fête de son ambiance et de sa substance... la joie des enfants à se vanter publiquement de la bête qui sera sacrifiée. Peut-être que les choses vont changer d'ici quelques jours, mais l'intérêt que portaient, par le passé, les Algérois à l'achat d'un mouton à sacrifier, a beaucoup diminué. Les allées de l'étable de Kourifa, «la Bourse du mouton de la capitale», où nous avons effectué notre première halte, vers 10h du matin était presque vide de clients. Globalement, l'on a observé, aux yeux de l'acheteur, des prix qui répondent plus ou moins au pouvoir d'achat moyen des Algériens. Il faut débourser entre 30 000 et 45 000 DA pour acquérir «un agneau» et entre 50 000 et 80 000 DA «un beau bélier». «Les bêtes offertes à l'achat sur les lieux, en cette période de crise aigüe, enregistrent une légère baisse par rapport aux années précédentes. Mais les prix restent inaccessibles pour les Algériens de faible revenu», s'est lamenté Mohamed, un père de famille, qui revient bredouille chez lui. Dans cet espace qui, habituellement, ne désemplit pas, tout est contrôlé par des vétérinaires, et les vendeurs disposent d'autorisation. Pareille situation à Hussein Dey (rue Tripoli et Hamadache), Birkhadem (Djnan Sfari), Khraïssia, où des éleveurs-vendeurs profitent de plusieurs espaces bien exposés au soleil pour proposer leurs moutons à la vente sur place. Du côté des éleveurs-vendeurs, ces derniers affirment que les ventes ont reculé. L'un d'eux nous a indiqué que «la baisse de la demande a commencé depuis l'instauration du confinement et de la décision du report des commémorations et des fêtes». En se basant sur le bouche-à- oreille, nous avons fini par remonter à plusieurs garages de vente informelle de moutons, comme à Baraki, et dans d'autres communes de la capitale où d'autres vendeurs font la même chose dans leurs garages. Notre périple nous a ensuite menés au quartier Haouch Mihoub, (Baraki). Nous y avons rencontré l'un des opportunistes qui continuent à se frotter les mains, avec la spéculation et faire sa fortune sur le dos des citoyens, bien entendu loin des regards des contrôleurs. Après quelques échanges, le vendeur qui ne dispose ni d'une autorisation de vente ni d'un certificat du vétérinaire, accepte de nous faire visiter les lieux. Dans le jardin, derrière sa maison, cet homme a aménagé un espace de quelques mètres carrés où s'entassent plus d'une cinquantaine de moutons. Le spectacle de désolation qui s'est offert à nos yeux, dépasse les explications qu'on voudrait donner. L'impression, en entrant, est favorable. De grandes quantités de déjections de bétail, jonchent le sol, dégagant une odeur nauséabonde. Et ce n'est pas tout. La différence de prix des moutons frôle les 15 000 DA. Malgré cela, les acheteurs sont nombreux à vouloir obtenir un rendez-vous. L'un d'eux a tenté de justifier sa visite, en expliquant qu«' il fallait acheter le mouton. Car son épouse, «la cheftaine» comme la prénomme-t-il, a «dicté sa loi». Un autre, lui emboîtant le pas, nous a indiqué qu'«il est obligé d'acheter, à n'importe quel prix, pour satisfaire ses enfants et perpétuer la Tradition (Sunna)». Cela avant de conclure, qu'«il avait d'ores et déjà commandé un mouton de Bouira,» mais, il ne pouvait pas le récupérer «à cause de l'interdiction des déplacements entre les wilayas». Quoi qu'il en soit, aujourd'hui et avant qu'il ne soit trop tard, il est plus que jamais recommandé de procéder au nettoyage des espaces informels, pour la préservation du pouvoir d'achat des citoyens et surtout de leur santé. À bon entendeur...