Le discours de Abdelmadjid Tebboune peut paraître anodin. Des annonces, tous les présidents de la République en ont fait. Les Algériens qui ont suivi l'allocution du chef de l'Etat peuvent légitimement douter de la concrétisation sur le terrain de toutes les annonces présidentielles. Ils en ont vu tellement d'autres. Mais un observateur attentif du «style Tebboune» est à même de déceler une sacré différence dans sa manière de concevoir le gouvernement, en comparaison de ses prédécesseurs. En effet, si Abdelaziz Bouteflika et Chadli Bendjedid, pour ne citer que les présidents qui ont pris les rênes du pays dans des circonstances économiques et administratives comparables, laissaient aux ministres et walis, le soin de contrôler ce qui a été réalisé des programmes de développement, Abdelmadjid Tebboune est bien plus regardant, jusqu'aux détails des opérations. L'opinion nationale a été surprise de constater que le président s'est tenu informé de ce qui a été fait dans une commune reculée de la wilaya de Relizane et sanctionné les responsables incompétents. Et Tebboune ne s'est pas suffi d'une décision en interne. Il a rendu publics les dossiers mal engagés et promis d'aller au bout de ces affaires. Les Algériens, dont certains attendent encore d'autres preuves du nouveau style de gouvernance, attestent également de la célérité de la réaction présidentielle. 6 mois, c'est 6 mois. Aucune négligence n'est tolérée. Il y a là un indice sérieux qui amènerait les observateurs à penser que la conférence d'hier ne sera pas un rendez-vous banal. Il y aura un suivi régulier et c'est le chef de l'Etat qui s'en occupera lui-même. En cela, le président de la République aura à démontrer à l'opinion nationale toute sa détermination à ne rien laisser au hasard. Les 5 milliards de dollars impartialement, les textes législatifs censés «libérer» l'investissement en Algérie... bref, tous les engagements pris feront impartialement l'objet d'un suivi minutieux. C'est cela le style Tebboune. Il connaît le terrain et les lourdeurs de l'administration. Il doit certainement être convaincu qu'un chef doit rendre des comptes. Il rendra les siens aux Algériens à la fin de son mandat. En attendant, il en réclame aux fonctionnaires de la République... au nom du peuple qui l'a élu.