Pleines à craquer durant la journée, pleines à craquer durant les soirées. L'animation sur les plages de Tigzirt est à son apogée cette année, malgré le retard accusé par l'ouverture de la saison estivale. Ce qui attire l'attention, ce n'est pas ce grand monde, qui afflue pendant la journée, mais plus le rush nocturne. Un phénomène inédit dans les annales des saisons estivales dans cette ville balnéaire. Pour percer ce mystère, nous nous sommes rapprochés du président de l'APC de la même ville et quelques estivants que nous avons interrogés. En effet, lorsqu'on observe la fréquentation des plages, l'on constate une baisse aux environs de 18h. Nombre de visiteurs quittent la ville pour rentrer chez-eux. Les ruelles commencent en effet à se vider. Mais aux environs de 20h, on se rend compte que le nombre de personnes augmente. Au bout d'une heure, la ville se remplit. Du coté des plages, c'est Tassallast qui a la palme d'or en matière de fréquentation. Elle est quasiment pleine de monde. Sur place, on constate vite que la majorité est composée de familles, rentrées puis ressorties après le dîner. Nous avons interrogé certaines personnes pour comprendre ce phénomène nouveau. «Cette année, je sors la nuit en famille, parce qu'on se sent en sécurité. Un grand calme règne ici, sur la plage. Personne ne nous dérange», affirme une femme à la cinquantaine qui a pris place, avec ses enfants, au bord de l'eau. «Les gens se baignent tranquillement, d'autres marchent sur le sable avec des glaces à la main. Des familles s'attablent même pour manger. Que du bonheur!», ajoute un autre père de famille. De son côté, le maire Moussa Abbou s'est dit très satisfait du climat serein qui règne sur la plage, jusqu'à des heures tardives de la soirée. «Au début, nous nous inquiétions pour la tranquillité des familles». Embouteillage nocturne La sécurité était notre souci. Alors, les premiers jours, nous restions à l'écart pour observer le comportement des gens. Nous étions d'ailleurs étonnés de constater que personne n'importunait personne. C'est le calme idéal pour les familles qui veulent passer de bons moments au bord de l'eau, avant d'aller dormir» Affirme-t-il avant de rendre un bel hommage aux services de sécurité qui restent mobilisés pour veiller sur ce climat bon enfant. Une autre plage dispute la vedette à Tassallast, cette année Feraoun. Depuis que ce lieu paradisiaque est autorisé à la baignade, il est devenu la Mecque des estivants. Sur place, nous avons trouvé des familles venues passer des soirées très agréables. «C'est très agréable ici et c'est très calme. Au début, je n'étais pas très chaud à l'idée de venir ici en famille, mais après une tournée en solo, j'ai constaté qu'il n'y a vraiment aucun problème à ramener sa famille», témoigne un homme, la cinquantaine. Toutefois, si la tranquillité est de mise sur les plages, il n'en est pas toujours de même sur les routes, surtout la nuit. «Je fais chaque soir 20 kilomètres pour venir ici à la plage, avec mes enfants. Ce qui me fatigue, c'est plutôt la conduite de nuit. Beaucoup de gens font de la vitesse alors que les routes, en été, sont pleines de gens qui ne connaissent pas la région. C'est un grands danger», affirme un homme assis sur le sable, avec sa famille. Nous voyant en discussion avec une autre personne, d'autres se sont rapprochés de nous pour prendre part à l'échange. «De nuit, la conduite est difficile. Il y a beaucoup de gens qui ne connaissent pas la région par route. C'est pourquoi, je ne viens pas souvent dans les soirées», témoigne un autre père de famille. En effet, beaucoup ont tenu à soulingner l'excès de vitesse qui caractérise la circulation automobile sur les routes menant à Tigzirt et à Azeffoun. Ces chemins sinueux et inconnus, pour les automobilistes venant des autres wilayas, se révèlent être de véritables guet-apens pour les automobilistes. «Déjà que durant la journée, il est dangereux de conduire, avec tous ces gens qui font de la vitesse. Que dire alors de la nuit. je viens rarement ici après le dîner», répond un autre qui apprécie la plage, le soir mais qui évite de venir à cause du danger représenté par les routes. Location d'appartement Depuis les années 90, la configuration démographique de la ville de Tigzirt s'est totalement métamorphosée. La ville s'est élargie vers l'Est surtout à Sidi Khaled et à l'Ouest avec les nouvelles constructions. Des gens venus d'autres communes, voire d'autres wilayas, comme Alger pour construire à Tigzirt. «J'habite Alger mais j'ai une maison ici à Tigzirt. Je viens en été, en famille. Parfois, j'ai plusieurs familles dans la maison. Ces derniers temps, j'habite ici, même durant les autres saisons. Je suis vieux et j'ai besoin de calme pour ma santé», raconte un vieil homme originaire d'Alger, rencontré sur la plage de Tassallast. «Tout ces gens qui ont des maisons ici aiment sortir la nuit, pour passer des soirées agréables. C'est ça les vacances. Dès que je finis de dîner, je prends mes affaires et je descends à la plage», affirme un autre. L'autre facteur qui fait que la ville s'active les soirées, est incontestablement la nouvelle mode de location de maisons. Des gens de Tigzirt trouvent des habitations dans les villages, pour louer leurs appartements situés en ville. «Je loue mon appartement pour me faire de l'argent. Par les temps qui courent, nous avons toujours besoin d'une ressource en plus de son travail» reconnaît un habitant de Tigzirt, qui affirme que les locataires venus des autres villes du pays sortent le soir en famille pour passer de bons moments. En effet, cette année, le coronavirus est passé par là. La ville est morne et placide, durant les soirées. Tous les établissements culturels et artistiques sont fermés. «Il n'y a aucune activité artistique qui peut nous pousser à rester en ville. C'est pourquoi, au lieu de marcher sur les trottoirs, je préfère marcher sur le sable de plage. Ces derniers jours, constatant que nombreuses de familles vont à la plage, je me suis mis à y aller moi aussi, avec mes enfants», dit un homme qui a loué un appartement pour 10 jours. L'année dernière, les nuits de Tigzirt étaient agrémentées de galas organisés par une agence privée en collaboration avec l'APC mais cette année, ce genre d'activités est rendu impossible par la pandémie du Covid-19, chose pour laquelle les gens se ruent sur les plages familiales qui sont dotées d'éclairage, comme Tassallast et Feraoun.