C'est après quatre jours de rumeurs, de nouvelles parfois contradictoires et de nombreuses informations propres à semer la confusion que la Présidence malienne a rompu, jeudi soir, le silence observé par les autorités de Bamako, pour confirmer la libération effective de six otages, victimes d'enlèvempents opérés par des groupes terroristes «non identifiés». La Présidence malienne «confirme la libération de M. Soumaïla Cissé et de Mme Sophie Pétronin», ainsi que deux Italiens. Les ex-otages sont en route pour Bamako, a-t-elle également indiqué sur Twitter. Pendant des mois, voire des années pour certains d'entre eux, ils ont été détenus par de présumés terroristes avec lesquels des négociations ont abouti, au cours de la semaine écoulée, à la libération de plusieurs dizaines de prisonniers, qualifiés, par des responsables maliens s'exprimant sous couvert d'anonymat, de terroristes. Cet échange a pu se faire grâce à la bonne volonté d'un gouvernement malien mis en place depuis quelques jours seulement par les nouveaux dirigeants de la transition dont le président Bah Ndaw. Il clôt une longue épreuve pour les otages et leurs familles même si l'opération en elle-même garde d'importantes zones d'ombre, les conditions dans lesquelles elle a pu se faire n'ayant pas encore été révélées. Surtout, le retour de Soumaïla Cissé, chef de file de l'opposition politique malienne au président Ibrahim Boubacar Keïta, écarté par le coup d'état de septembre dernier, apporte-t-il la confirmation d'une nouvelle aube pour le Mali. Et quels que soient la genèse, le déroulement et les implications de cette issue, il semble que les autorités du pays sont bel et bien déterminées à instaurer un climat de nature à permettre une gestion plus transparente et plus constructive du pays. Nul doute que, sans le changement politique intervenu au cours des dernières semaines, l'opération menée à bien n'aurait pas eu lieu du fait même qu'elle relevait de conditions «irrecevables», pour le régime précédent, à savoir l'élargissement d'un certain nombre de jihadistes présumés. Outre la libération de Cissé et de Mme Pétronin, elle a permis aux Italiens Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli, un prêtre et un jeune homme détenus depuis plus de deux ans, de recouvrer la liberté. Soumaïla Cissé, 70 ans, deuxième à trois reprises de l'élection présidentielle, avait été enlevé le 25 mars dernier, alors qu'il faisait campagne pour les élections législatives, dans la région de Tombouctou (nord-ouest). Tous étaient des otages du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), une coalition de mouvements terroristes proches d'Al-Qaïda, a souligné le gouvernement malien. Les négociations qui ont accompagné la libération de quelque 200 prisonniers pour cause de terrorisme ont, sans doute, prévalu pour que les deux otages italiens bénéficient de la même mesure que les premiers concernés, seuls à être évoqués dans un premier temps. Qu'il reste une multitude de questions en suspens n'a que peu d'intérêt. Une page heureuse vient de se conclure dans la tourmente sahélienne, balisée par des trajectoires à la fois politiques et humanitaires et c'est une raison suffisante pour imaginer que le Mali s'engage résolument dans la voie d'une sortie de crise telle que la préconise le processus d'Alger dont est issu l'Accord de paix que certaines officines cherchent vainement à disqualifier.