Quelles leçons retenir du référendum du premier novembre? Pour l'analyste politique, Mustapha Haddam, au-delà des résultats, c'est l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) qui a gagné en crédibilité. En effet, ce politologue estime que ce scrutin électoral a marqué une rupture totale avec les pratiques du passé. «Le fait, qu'à l'occasion du référendum organisé, dimanche, autour du projet de Constitution, l'on ait créé les conditions propres à éviter les habituels bourrages des urnes, est un signe fort pour asseoir leur crédibilité et marquer une rupture avec les pratiques du passé», a-t-il affirmé sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3. Pour l'invité de Souhila El Hachemi, les résultats de cette joute électorale n'ont pas de sens par rapport au fait de gagner la confiance des citoyens. «Maintenant il est établi qu'il n'a pas été relevé de «trafic» lors de cette consultation référendaire, ce qui représente en soi un essai concluant», a-t-il soutenu. Une analyse que partagent les citoyens. Dans la rue ou les réseaux sociaux, ils ont fait preuve de leur «étonnement» que le taux de participation n'ait pas été gonflé. Une reconnaissance «implicite» de la crédibilité de ce scrutin. Surtout qu'aucun cas de fraude n'a été signalé à travers tout le territoire national. À l'ère du digital et des nouvelles technologies, ce genre de pratiques ne peut être «caché». Ce qui est donc de bon augure pour les prochaines échéances électorales. Néanmoins, le chemin est encore long pour dissiper totalement les doutes de fraude, après des années d'opacité. Chose que reconnaît, d'ailleurs, Mustapha Haddam. «Organiser des scrutins entourés de transparence est un travail de longue haleine», a-t-il souligné estimant que c'est là le grand défi politique de l'Algérie nouvelle. «Le défi, désormais, est de convaincre que les choses sont en train de changer», a-t-il soutenu. «C' est une chose difficile parce que, la rupture ne se fera pas du jour au lendemain, en raison des résistances au sein de la société», a-t-il estimé. «Mais également, des comportements de groupes de personnes qui persistent à vouloir créer un climat politique délétère», a ajouté le même analyste. Pour lui, le pouvoir doit donc gagner la confiance du peuple par la bonne gouvernance et un langage de vérité. «Il ne saurait exister de pérennité des institutions, pas plus que de légitimité, particulièrement lorsque, comme dans un passé récent, on a accédé à un mandat en usant de l'argent sale», a-t-il mis en garde. Il insiste donc sur le fait que l'Etat et ses institutions doivent sauvegarder cet acquis de la crédibilité des élections et leur transparence. «C'est un devoir pour que le changement s'opère de façon réelle», assure ce politologue. Ainsi, pour Mustapha Haddam il ne faudra surtout pas tomber dans la «tentation» de jouer avec les résultats des élections. L'Anie doit «rester» le seul maître à bord, faisant preuve d'indépendance et de transparence. Si certains voient le taux d'abstention comme un échec, il n'en demeure pas moins qu'il reflète la réalité des urnes. C'est la grande leçon de ce scrutin...