La preuve est faite: le Comité militaire mixte libyen 5+5 continue d'étonner son monde en apportant la preuve que la solution de la crise est, bel et bien, à portée de main. Après avoir conclu le décisif cessez-le-feu, dans de premières discussions à Genève, en 2020, puis engagé la réouverture de la route côtière Tripoli - Benghazi - Tobrouk, essentielle à la restauration de l'unité et de l'intégrité du pays, voilà qu'il oeuvre activement à rendre possible la tenue des élections, selon le calendrier en cours de négociation entre le Parlement, basé à Tobrouk, et le Haut Conseil d'Etat basé à Tripoli. Ces deux institutions peinent, en effet, à s'entendre sur la teneur du document législatif indispensable à l'organisation de la présidentielle, et donc à sa tenue le 24 décembre prochain. Parmi les divers litiges, la question qui taraude les dirigeants de Tripoli concerne la candidature programmée du maréchal Khalifa Haftar auquel le président du Parlement, Saleh Aguila, a balisé une voie royale, quitte à compromettre l'esprit de réconciliation, censé guider les démarches des uns et des autres. Toujours est-il que le Comité militaire mixte vient de réussir un nouvel exploit et pas des moindres. Les représentants du Niger, du Tchad et du Soudan qu'il a invités à prendre part à ses travaux, dans le cadre de la 10e réunion qui se déroule depuis lundi au Caire, ont annoncé,hier, leur «disponibilité à coopérer dans le processus de retrait des mercenaires» issus de leur pays et présents sur le territoire libyen. C'est là une avancée spectaculaire puisque les dirigeants tchadiens déclaraient, pas plus tard que la semaine dernière, qu'il n'était pas question d'ouvrir les bras aux mercenaires tchadiens dont une large proportion est constituée par les rebelles au gouvernement de N'Djamena. «Il y a eu une convergence de vues avec les représentants du Niger, du Tchad et du Soudan, pays frontaliers avec la Libye, s'agissant de la mise en place d'une plate-forme commune en vue d'entamer le retrait des mercenaires issus de leurs pays», souligne le communiqué du Comité militaire mixte libyen, tout en affirmant que «le retrait des mercenaires garantira la paix en Libye et dans la région». Ainsi, a-t-il été question de la mise en place de canaux de communication permanents avec ces trois pays pour organiser «l'accueil de leurs ressortissants impliqués dans la déstabilisation de la Libye, en vue de leur rapatriement définitif dans leurs pays», stipule le Comité militaire mixte 5+5. Cela confirme la déclaration faite samedi dernier, par l'émissaire onusien Jan Kubis sur «un mécanisme concret de retrait progressif, équilibré et séquentiel des mercenaires bientôt mis en place», même s'il manquait à ce moment-là la nature de ce mécanisme. Depuis le 8 octobre dernier et la réunion de Genève, le Comité militaire mixte 5+5 a progressé de manière spectaculaire pour une mise en oeuvre des recommandations des Conférences de Berlin I et II sous l'égide de l'ONU et celles du Groupe des pays voisins conduit par l'Algérie. Reste à espérer que les efforts attendus du Parlement et du Haut Conseil d'Etat pour accorder leurs violons et adopter le texte législatif indispensable à la tenue des élections présidentielle et législatives, selon le calendrier fixé par le Forum du dialogue politique inter- libyen (FDPL), finissent par aboutir à un consensus qui rende opérationnels et le retrait définitif des mercenaires et forces étrangères, d'une part, et d'autre part, les élections tant attendues par le peuple libyen, lassé de la crise persistante et des multiples rendez-vous manqués.