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L'«endiguement» de la Chine dans l'Indopacifique
Crainte des Etats-Unis d'être déclassés
Publié dans L'Expression le 25 - 03 - 2023

Beaucoup de pays asiatiques s'inquiètent aussi pour leur sécurité face à la volonté de la Chine d'étendre son contrôle sur la mer de Chine méridionale, où elle se heurte aux revendications des Philippines et du Vietnam (ce dernier se rapproche des Etats-Unis), et la mer de Chine orientale, où le Japon a aussi des vues sur les richesses gazières sous-marines. Il faut ajouter l'inquiétude de l'Inde à la suite de la présence de plus en plus affirmée de la marine chinoise dans l'Océan indien. Les Etats-Unis, instrumentent toutes ces inquiétudes pour coaliser les pays de la région contre la Chine.
La vieille politique de l'«endiguement» («containment»), en vigueur pendant la guerre froide, est réactivée pour contenir l'«expansionnisme» chinois dans l'Indopacifique. Ceci se traduit par la formation de coalitions et la conclusion de pactes militaires rappelant ceux qui furent en vigueur au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Nous mentionnerons deux:
1-L'ANZUS, acronyme anglais de Australia, New Zealand et United-States, est un pacte militaire conclu le 1er septembre 1951, à San Francisco, entre trois pays anglo-saxons bordés par le Pacifique et ayant les mêmes préoccupations: empêcher la montée en puissance (militaire) du Japon, faire face à la guerre de Corée et endiguer le communisme pendant la guerre froide, principalement en surveillant la Chine populaire proclamée deux années auparavant. Il devint inopérant en 1985, lorsque Wellington ferma ses eaux territoriales aux navires américains à propulsion nucléaire ou supposés transporter des armes nucléaires.
2-L'Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE ou Pacte de Manille, aussi connue sous le sigle anglais SEATO = Southeast Asia Treaty) fut un pacte militaire régional destiné à endiguer le communisme (Chine). Il regroupa, entre 1954 et 1977, plusieurs pays asiatiques non communistes (Pakistan, Philippines, Thaïlande) ainsi que les Etats-Unis et ses proches alliés anglo-saxons (Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni) plus la France en raison de ses possessions territoriales dans le Pacifique.
Les Etats-Unis renouent avec la politique
des alliances militaires
Depuis le début des années 2.000, les Etats-Unis s'entourent de pays désireux de contenir la Chine. Deux initiatives rappellent la politique des alliances militaires qui fut en vigueur pendant la guerre froide:
1-Le Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, connu sous le sigle anglais Quad (Quadrilatéral Security Dialogue), établit une coopération informelle diplomatique et sécuritaire (exercices militaires) entre quatre pays: Etats-Unis, Australie, Japon et Inde. Les trois premiers bordent le Pacifique où la Chine s'emploie à étendre sa domination. Le quatrième, l'Inde veille sur l'océan Indien où Pékin a construit une partie importante de son «collier de perles». En octobre 2020, en plein Covid, le Quad a tenu une réunion à Tokyo, dans un contexte marqué par des tensions croissantes en mer de Chine du Sud et dans le détroit de Taïwan ainsi qu'à la frontière sino-indienne (Aksaï Chin). La participation de l'Inde au Quad mérite quelques éclaircissements. Ce pays a de sérieux contentieux frontaliers avec son grand voisin du Nord. La guerre qui eut lieu en 1962, pour le contrôle de la province de l'Arunachal Pradesh, fut traumatisante pour New Delhi. Aujourd'hui, l'Inde se sent prise en tenaille par la Chine. Au nord, plusieurs points de la frontière sont toujours en litige et les deux armées s'affrontent sur les hauteurs de l'Aksaï Chin. Au sud, Pékin déploie son «collier de perles», un ensemble de bases militaires maritimes et aériennes construites en territoire chinois et dans des îlots de la mer de Chine méridionale (par où transitent 80% de ses approvisionnements énergétiques) et qui se poursuit par des points d'appui portuaires au Cambodge, en Birmanie, au Bangladesh, au Sri Lanka, au Pakistan, à Djibouti (première base militaire chinoise à l'étranger) et à Port-Soudan.
2-Le 15 septembre 2021, trois pays anglo-saxons limitrophes du Pacifique (Australie, Royaume-Uni et Etats-Unis) ont conclu une alliance militaire appelée AUKUS (acronyme anglais de Australia, United Kingdom et United States), destinée à endiguer la Chine dans la zone Indopacifique et à assurer leur sécurité collective. Elle n'englobe ni la Nouvelle- Zélande (contrairement à l'ANZUS et à l'OTASE), ni la France, mais on note un nouveau venu, le Royaume-Uni.
-L'absence de la Nouvelle -Zélande trouve son explication dans sa politique antinucléaire (consacrée par une loi de 1987) qui lui avait déjà valu d'être écartée de l'ANZUS dès 1985. (L'interdiction de ses ports aux navires américains est générale puisque les Etats-Unis ne déclarent jamais la nature des armes à bord de ses bâtiments).
-La mise à l'écart de la France, malgré ses possessions dans la zone indopacifique, s'est accompagnée de la perte du «marché du siècle» soit environ 50 milliards de dollars, correspondant à la vente à l'Australie de douze sous-marins conventionnels (Diesel). Cambera a opté pour l'offre américaine qui porte sur des sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire. Ces derniers peuvent rester plus longtemps en immersion et donc aller plus loin de leur base que les «Diesels» qui sont obligés de remonter plus souvent à la surface pour recharger leurs batteries.
-Le Royaume-Uni, plus proche allié des Etats-Unis, est jusqu'à présent le seul à partager avec ces derniers le secret de la propulsion nucléaire. Il est appelé à le partager avec l'Australie.
-On peut noter sans surprise l'absence du Canada en dépit de ses liens étroits avec les Etats-Unis. Ce pays n'a participé ni à l'ANZUS ni à l'OTASE. Cette fois-ci, il semble qu'il privilégierait le développement de ses relations commerciales avec la Chine.
Le sommet de San Diego
Le 15 septembre 2021, en pleine pandémie de Covid, le pacte AUKUS fut signé par visioconférence. Dix huit mois plus tard, le 13 mars 2023, pour sa mise en oeuvre, le président Biden a reçu les Premiers ministres australien et britannique à la base navale de Point Loma, à San Diego (Californie), où ils ont signé un partenariat. C'est une mutualisation des moyens pour produire une nouvelle génération de sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire (SNA ou SSN en anglais = Ship Submersible Nuclear). -(La mise en scène a été soignée; les trois hommes ont posé sur le quai du port, avec en toile de fond un navire de guerre et un sous-marin)-. Washington et Londres apporteront leur expertise technique et Cambera, qui aura le privilège de partager le secret nucléaire avec ses partenaires, fera un gros effort financier. Il faut préciser que l'Australie n'a aucune expérience dans le domaine nucléaire qu'il soit civil ou militaire (bien qu'elle fournisse 10% de l'uranium mondial). Ce pays a donc de grands besoins en matière de formation. Dès cette année, des marins australiens seront admis à bord de sous-marins américains et britanniques. À partir de 2030, l'Australie recevra trois à cinq vieux sous-marins d'attaque américains de la classe «Virginia» lancés il y a une vingtaine d'années. Elle devra patienter jusqu'aux années 2040 pour disposer d'un sous -marin de nouvelle génération construit sur son sol et pouvoir dire qu'elle partage, enfin, le secret nucléaire avec ses deux partenaires.
L'Australie a-t-elle conclu un marché de dupes en renonçant aux sous-marins conventionnels français au profit de sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire anglo-saxons? Les avis sont partagés. Pour certains, ce pays a préféré opter pour des engins plus performants et lier sa sécurité à celle de puissances maritimes avérées qui ont une longue expérience dans la fabrication de sous-marins à propulsion nucléaire et qui partagent les mêmes préoccupations concernant l'expansionnisme chinois dans l'Indopacifique. Pour d'autres, l'Australie a renoncé à son indépendance car elle n'a aucune expertise pour construire et gérer une flotte composée de tels sous-marins. Ce sont les Américains qui le feront en attendant la formation des ingénieurs et des membres d'équipage australiens. Ce qui ne pourra se faire qu'à long terme. En attendant, la Chine, dont la marine fait des progrès rapides, ne restera pas les bras croisés.
La question de la prolifération nucléaire
En recevant le Premier ministre australien à San Diégo, le président Biden a tenu à «souligner» qu'il s'agit de sous-marins à propulsion nucléaire et non d'armes nucléaires; les futurs submersibles porteront des missiles conventionnels. Seulement, on ne peut ignorer que les réacteurs des sous-marins à propulsion nucléaire fonctionnent avec de l'uranium hautement enrichi. Ceci pose la question de la prolifération nucléaire dans la mesure où l'Australie, membre du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), n'a pas le droit de détenir cette qualité d'uranium. La Russie et la Chine ont mis le doigt sur ce point délicat. Ces pays ont critiqué l'accord AUKUS, estimant qu'il donne le signal d'une course aux armements, nuit à la paix et à la stabilité de la zone indopacifique et compromet les efforts de non-prolifération nucléaire. Il convient aussi de rappeler que le Brésil et l'Argentine, membres du TNP, ont conclu il y a quelques années un accord pour fabriquer des sous-marins à propulsion nucléaire. Avec le précédent américano-australien on pourrait s'attendre à une prolifération de ces engins. Certains évoquent déjà la possibilité de la vente de tels sous-marins par la Russie et la Chine à leurs alliés. -(Un ancien amiral français a même cité l'exemple de l'Algérie dont le développement de la marine inquiète les pays de la rive nord de la Méditerranée. À tort je dirais puisque la France est une puissance nucléaire et que sa force de dissuasion est basée sur deux des composantes de la triade nucléaire: la force océanique stratégique qui comprend quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et des forces aériennes stratégiques)-. Il est temps que la communauté internationale se saisisse de la question du risque de prolifération nucléaire induit par les sous-marins à propulsion nucléaire. Le directeur général de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique), le chien de garde de la non-prolifération, a évoqué cette question à la suite du sommet de San Diego.
Pour contrer la Chine dont la montée en puissance inquiète surtout l'Occident, les trois pays anglo-saxons ont conclu un partenariat inédit et consentent à faire un important effort financier et industriel qui s'étendra sur au moins deux décennies. L'enjeu de l'AUKUS est le contrôle de la zone indopacifique qui est le nouveau coeur du monde lequel se distingue par une croissance économique remarquable, des échanges commerciaux importants et des voies maritimes vitales. Laisser ces dernières «libres et ouvertes» est le prétexte avancé par les Etats-Unis pour contrer l'«expansionnisme chinois».
Parallèlement à cet effort militaire, l'Occident se mobilise pour bloquer le développement économique de la Chine en essayant de lui couper l'accès aux technologies du futur. À titre d'exemple, une guerre lui est livrée, actuellement, dans le domaine des semi-conducteurs. À cette fin, les Etats-Unis ont mobilisé autour d'eux des pays européens et surtout asiatiques leaders dans cette filière. L'issue de ce bras de fer est encore incertaine.
Peu à peu, l'Occident, sous la houlette des Etats-Unis, et la Chine, de plus en plus proche de la Russie, multiplient les points de friction. L'évolution du volet militaire, qui vient de connaître un saut qualitatif important avec le pacte AUKUS, sera déterminante pour la suite de ce gigantesque affrontement. Les prémices d'une future guerre sont là.
De nos jours, l'une des citations les plus en vogue est celle d'Antonio Gramsci: «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres».


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