Le président de la République a reçu en audience, hier, le nouvel ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet. Cette rencontre confirme les propos du chef de l'Etat sur l'état des relations entre les deux pays. On se souvient, lors de l'entretien qu'il a accordé à la presse nationale, le président de la République a nié toute friture dans les rapports qu'entretiennent Alger et Paris. La visite d'Etat que devrait effectuer Abdelmadjid Tebboune en France n'est pas annulée, mais néanmoins conditionnée par la maturation de certains projets communs et la confection d'un programme de cette visite que Paris, à l'époque de la déclaration du chef de l'Etat, n'avait pas encore finalisé. Entre-temps, les deux Etats ont eu des contacts téléphoniques réguliers et des rencontres bilatérales à haut niveau. La dernière en date a réuni, le 22 septembre dernier, les secrétaires généraux des ministères des Affaires étrangères, algérien et français. Lounès Magramane et Anne Marie Descotes ont coprésidé, à Paris, les travaux de la 10e session des consultations politiques algéro-françaises. Ce rendez-vous qui a permis aux deux hauts fonctionnaires de déblayer le terrain de la coopération, dans un contexte électrifié à Paris où l'opposition de droite et d'extrême droite, visiblement à la botte du Maroc, reprochait au président Macron ses choix stratégiques dans la région, l'accusant d'avoir ignoré le Maroc. Cette charge d'une violence inouïe à l'endroit de l'Algérie a même associé l'ancien Premier ministre Edouard Philippe qui a rejoint la meute. Mais cette atmosphère viciée en France n'a pas empêché la 10e session des consultations politiques de se tenir et les fonctionnaires des deux pays «de préparer les grandes échéances bilatérales», comme le soulignait un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Il y a en tout cas, une réelle volonté de maintenir un dialogue permanent au niveau des cadres techniques des AE, en sus de multiples contacts au niveau universitaire, notamment. Il y a lieu de rappeler également que cette session des consultations politiques a été précédée par une communication téléphonique entre les deux ministres des Affaires étrangères. Cette reprise de contact était considérée par les observateurs des relations algéro-françaises comme une sorte de signal aux appareils diplomatiques des deux pays pour préparer la prochaine visite d'Etat du président Tebboune en France. Même si aucune déclaration officielle n'est venue confirmer cette perspective, il reste évident que ni Abdelmadjid Teboune ni Emmanuel Macron ne semblent baisser les bras face aux attaques répétées de l'extrême droite française qui veut torpiller toute velléité de rapprochement entre les deux peuples. L'audience accordée par le chef de l'Etat à Stéphane Romatet traduit ainsi, l'intention des deux Présidents de remonter sur le ring pour affronter les forces de la haine, à l'origine de la stagnation des relations algéro-françaises. Il est clair que l'on ne peut pas préjuger de ce qui a été discuté entre les deux hommes au Palais d'El Mouradia, mais il est entendu que le dialogue algéro-français a bien avancé grâce à la Déclaration d'Alger du 25 août 2022, mais a connu un coup de frein sitôt installée la Commission mixte d'historiens chargés de faire la lumière du passé colonial en partage entre les deux nations. Cette commission n'est peut-être pas l'alpha et l'omega des relations algéro-françaises, mais elle en est l'une des clés de voûte.