Il y a presque trois mois, le président de la République Tebboune, à l'occasion de la rencontre gouvernement-walis, enjoignait aux membres du gouvernement, aux walis et aux élus locaux d'oeuvrer à améliorer le cadre de vie des citoyens. Le premier magistrat du pays, faisant le constat d'une salubrité et d'un cadre de vie à renforcer, avait recommandé aux différents responsables de «répondre, dans les meilleures conditions, aux exigences du développement local durable». Il avait aussi appelé à «consolider les acquis réalisés grâce aux efforts de l'Etat visant à promouvoir la vie sociale et à améliorer le cadre de vie des citoyens». Le président de la République a également insisté sur l'impératif de «parachever les travaux des façades de constructions inachevées» et de «trouver des formules juridiques pour financer le parachèvement des constructions des citoyens». Entre temps, les différentes collectivités locales, dont les wilayas de certaines régions du pays, ont procédé au lancement de campagnes de nettoyage des cités et artères dans les grandes villes. Force est de constater que pareilles actions sporadiques, même si elles apportent quelques résultats probants, ne cadrent pas avec le besoin accru d'une stratégie dûment élaborée. En dehors de la gestion des ordures ménagères, la salubrité et l'hygiène publiques peinent à connaître une gestion harmonieuse et équilibrée. Dans les grandes villes et les grandes cités, notamment dans la capitale du pays, les choses semblent échapper au contrôle des collectivités, particulièrement les Assemblées locales qui semblent aux abonnés absents. L'insalubrité publique dans les grandes cités, jadis fleurons urbains de grande renommée, est devenue criarde et omniprésente dans le décor urbain de la capitale. À Rouiba, Alger Plage, Réghaïa, Hussein Dey, Kouba, Baïnem, Aïn Bénian, Birkhadem, Bir Mourad Raïs, etc. le décor est le même. Détritus, saletés, gravas et amas à même la chaussée constituent, désormais, le quotidien des citoyens de ces grands quartiers d'Alger. Le cas des cités de Garidi I et II, devenues l'ombre d'elles-mêmes, est assez édifiant dans ce sens. Bien que ces deux cités soient devenues très sales avec, en prime, moustiques, mouches et cafards, le prix de l'immobilier y est inabordable. L'élagage des arbres et des haies, le taillage des espaces verts dans ces deux grandes cités semblent avoir été abandonnés depuis des années maintenant. Par ailleurs, des scènes désolantes font désormais partie du décor quotidien des citoyens et des habitants, impuissants face à l'ascension de certains phénomènes ascendants. Il s'agit de certaines agressions urbaines qui se sont incrustées dans le décor ambiant, au su et au vu de tous. En effet, aux abords des grandes artères des quartiers Les Sources, Jolie Vue, le Panorama, certains quartiers à Hussein Dey, les Vergers à Birkhadem et à Bir Mourad Raïs ainsi que dans d'autres cités de la capitale, des scènes incompréhensibles persistent au grand jour. L'incivisme aidant, certaines cités sont devenues des sites invivables au vrai sens du terme. En plus des trottoirs défoncés et très mal ou pas du tout entretenus, des pratiques viennent se greffer au quotidien de ces cités mal nanties. Des bus sales et horribles trouvent parking à même les trottoirs. Certains transporteurs sont même allés jusqu'à stationner leurs bus dans les arrêts, à même la chaussée, des nuits durant. Le pire dans tout cela, c'est que les trottoirs des cités comme Garidi II sont devenus, au su et au vu de tous, des ateliers de réparations mécaniques très salissants et encombrants. Des moteurs entiers d'engins se font vider et réparer sur les trottoirs des grandes artères de la ville de Kouba, à titre d'exemple. Dans certains quartiers comme Hussein Dey, à titre d'exemple, les ateliers mécaniques prennent place sur la chaussée et les trottoirs. Et gare à celui qui ose manifester son mécontentement ou sa désapprobation. Cet état des lieux est également accentué par ce goût d'inachevé et de reste à réaliser dans les travaux de régies communales et des entreprises en charge des opération de pose de carrelage, de bitumage, de réalisation de réseaux, d'adduction, etc. On creuse la chaussée et on défonce les trottoirs et on laisse les chantiers béants des semaines durant. Ces situations s'éternisent des mois durant comme c'est le cas des travaux en cours du côté d'El Afia, aux Annassers, la pose de carrelage à Vieux Kouba, etc. Un changement de paradigmes est indispensable pour avancer vers une étape qualitative où les travaux d'embellissement, d'entretien des cités, des quartiers, des grandes artères et de réhabilitation du mobilier urbain deviennent de véritables opérations de gestion urbaine.