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La consécration d'un racisme d'Etat
CONFERENCE DE GENÈVE
Publié dans L'Expression le 20 - 04 - 2009

«I have a dream. My 4 little children one day live in a nation where they would not be judge by the colour of their skin but by the counter of their character»
(«Je fais un rêve qu´un jour mes quatre enfants vivront dans un pays où ils ne seront plus jugés sur la couleur de leur peau, mais sur leurs capacités.»).
Martin Luther King prix Nobel de la paix en 1964.
Le racisme s´accompagne souvent d´une péjoration des caractéristiques du groupe racisé. Il y a évidemment le racisme quotidien: les injures du type "sale Arabe" ou "sale Flamand". Ou d´autres contre lesquelles il est plus difficile de se battre. C´est ce que l´on pourrait appeler le racisme institutionnel. Il y a aussi le racisme structurel. Il ne traduit pas une volonté manifeste de discriminer, mais il défavorise les citoyens issus de l´immigration, au travers de toute une série de mécanismes. Le racisme accentue ainsi les inégalités existantes. Le discours raciste évoque fréquemment la supériorité physique des groupes racisés (ainsi la vigueur des Noirs) pour souligner par contraste leur infériorité intellectuelle. Les qualités qui leur sont attribuées (l´habileté financière des Juifs par exemple) sont la contrepartie de leur immoralité ou alimentent la crainte de leur pouvoir souterrain. Deux conceptions principales s´opposent. La première consiste à considérer que différentes formes de racisme se sont succédé au cours de l´histoire, et ce, depuis l´Antiquité. La seconde envisage le racisme comme un produit de l´Europe occidentale moderne, exporté dans le sillage de l´impérialisme européen. Sa manifestation la plus probante est la mise en place progressive à partir de 1449 d´un système de certificat de pureté de sang (limpieza de sangre) dans la péninsule Ibérique.
Dans l´Essai sur l´inégalité des races humaines, Arthur de Gobineau ne fait que ruminer la décadence de la civilisation occidentale dont l´essence aurait été altérée par la contamination du sang de la race blanche. La suprématie de la race blanche ou caucasienne est un postulat sur lequel s´accordent très largement les scientifiques, philosophes et hommes politiques du XIXe siècle. Combiné avec la mission civilisatrice, le suprématisme blanc est un élément fondamental de l´idéologie coloniale. Le programme colonial français ne peut se réaliser que par l´affirmation d´une infériorité tenue pour évidente et incontestable des populations visées, laquelle justifie une mission civilisatrice dont le fardeau repose sur les seules épaules de la race blanche. C´est à cette occasion que le père de l´Ecole républicaine, Jules Ferry, partisan du mythe "des races supérieures qui ont un droit sur les races inférieures et un devoir de les civiliser", trouve la parade s´agissant des droits de l´homme en disant qu´ils ne s´appliquent pas dans les colonies....Après la conquête de l´Algérie par la France, les médecins français, constatant la baisse de la population "indigène", n´y verront que la confirmation d´une extinction prochaine et prévisible de la race arabe, qu´ils considèrent inadaptée aux nouvelles conditions de leur temps.(1) Le succès énorme des zoos humains constitue pour Pascal Blanchard, l´une des modalités de transmission du "racisme scientifique" à une large partie de la population.(2) Le principe en sera repris pour les Expositions universelles, les Expositions coloniales et jusqu´aux foires régionales. C´est dans ce contexte qu´il faut parler de la Venus Hottentote -une femme noire souffrant d´une difformité physique- exposée comme un animal, à travers toute l´Europe et qui finit sa vie au Musée de l´homme à Paris. Il a fallu l´avènement de Nelson Mandela pour que ses restes soient enfin restitués et pieusement enterrés sur la terre de ses ancêtres près d´un siècle après sa mort. Pierre de Coubertin le père des Jeux olympiques n´aimait pas les Noirs. Pour lui l´athlète doit être de race blanche, il aurait, dit-on, eu de l´admiration pour le Führer sans toutefois accepter la pension qui lui a été accordée Ce qui a fait dire à Sophie Bessis qu´en définitive, l´idéologie nazie n´a pas jailli du néant, il n´y a pas eu de rupture avec les idées ambiantes, mais filiation. Les idéologues du XIXe comme Renan, Gobineau, Chamberlain, Kipling et avant eux Voltaire, Montesquieu, "les philosophes des Lumières qui avaient pour certains des actions dans les compagnies négrières", ont fait le lit du nazisme.(3)
Israël est-il un Etat raciste?
"Si vous avez le malheur de faire partie des 20% d´Israéliens d´origine arabe, quels sont vos droits? Vous n´en avez pas beaucoup, parce qu´Israël est un Etat qui pratique de" nombreuses discriminations raciales ", " tant légalisées qu´empiriques, sans aucun fondement de quelque nature que ce soit ", à l´égard de ces citoyens, affirme la Fédération internationale des droits de l´Homme (Fidh) dans un rapport, publié en 2001. Il ne fait pas bon être d´origine palestinienne en Israël. Vous êtes considérés comme des "ennemis de l´intérieur" dans un pays où le seul ciment de cohésion est la "menace arabe extérieure", écrivent-ils, en concluant que " le projet politique - l´instauration d´un Etat juif - est porteur d´une discrimination à l´égard de la population non juive." Le juge Barak, président de la Cour suprême d´Israël, stipule clairement: " Un Etat juif est un Etat dans lequel les valeurs d´Israël, la Torah, l´héritage juif, et les valeurs de la Halakha juive sont les fondements de ses valeurs ". L´enseignement supérieur est difficilement accessible aux non-juifs " Alors que les Arabes représentent un cinquième de la population de l´Etat, aucune université arabe n´existe en Israël, et dans les 7 universités existantes, aucun cours n´est dispensé en arabe."
"La discrimination à l´embauche est une réalité Elle est générale, dans le public comme dans le privé. Si on prend la fonction publique israélienne, le pourcentage va de 0% à quelque 4% de salariés de la minorité arabe: un sondage d´opinion conduit fin 1997, conclut que 60% des citoyens d´Israël ne seraient pas prêts à louer un appartement à un locataire arabe (Yediot Aharonot, 16 décembre 1997). " Parmi les discriminations directes, les plus notables résultent de la Loi du retour - alors que toute personne de religion juive peut immigrer en Israël, l´immigration d´Arabes est rendue particulièrement difficile, y compris dans le cadre du regroupement familial.
En conclusion, tout en estimant qu´il ne lui revient pas de se prononcer sur "le projet politique fondateur de l´Etat d´Israël ", la mission " constate que ce projet politique - l´instauration d´un "Etat juif - est porteur d´une discrimination à l´égard de la population non juive. " Elle qualifie les discriminations énumérées de " violation à la Déclaration universelle des droits de l´homme, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et à la Convention internationale pour l´élimination de toutes les formes de discrimination raciale".(4)
Il a souvent été reproché à la conférence de Durban d´avoir diabolisé Israël pour ses méfaits envers les Palestiniens, par les intellectuels communautaristes à l´image de Levy Bernard-Henri Pour Diana Ralph PhD coordonnateur des voix juives indépendantes, il n´en n´est rien.
"En octobre dernier, j´ai assisté à la seconde session des Nations unies du Comité préparatoire au bilan de la conférence de Durban. En tant que juif, je m´y suis rendu afin d´évaluer la validité des charges portées par le gouvernement canadien envers la conférence de Durban II la qualifiant d´antisémite. Ce que j´ai trouvé c´est qu´elle ne l´était pas."
"Au lieu de cela, j´ai été témoin de délégués des nations du monde entier résolus à lancer un appel inspirateur pour en finir avec le racisme à travers le monde et mettre en application les accords de Durban...) Au forum des ONG de 2001, quelques participants ont distribué du matériel antisémite blessant, mais de façon écrasante les autres ONG en ont rejeté leur message. Il n´y a certainement rien d´antisémite dans le programme d´action de la Conférence de Durban. Sur ses 180 pages, seuls 250 mots concernent Israël ou la Palestine, chacun d´entre eux respectant scrupuleusement les juifs et Israël. Et bien, tout simplement sur le site des Nations unis. Et, oh stupeur, où trouve-t-on donc Israël mentionné dans ce texte? Eh bien à deux petits articles, d´un antisémitisme rare, qui sont ceux-là: (63) Nous sommes préoccupés par le sort du peuple palestinien vivant sous l´occupation étrangère." Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l´autodétermination et à la création d´un Etat indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les Etats de la région, y compris Israël, et engageons tous les Etats à soutenir le processus de paix et à le mener à bien rapidement. (51) Concernant la situation au Moyen-Orient, on appelle à l´arrêt des violences et la reprise immédiate des négociations, au respect des droits humains internationaux, au respect du principe de l´autodétermination et à la fin de toutes les souffrances, permettant ainsi à Israël et aux Palestiniens de reprendre le processus de paix, et de se développer et prospérer dans la sécurité et la liberté "Dans les jours qui ont suivi la conférence de Durban, des groupes de lobbying israéliens se sont rapidement mobilisés afin de discréditer et faire dérailler la conférence prochaine tirant le bilan de Durban. (..) Je n´ai trouvé aucune trace d´allégation d´antisémitisme à la conférence mondiale de Genève."(5)
Examinons maintenant la mauvaise foi de Levy Bernard-Henri: "Chacun se souvient, écrit-il, de cette fameuse conférence de Durban qui s´acheva, deux jours avant le 11 septembre, dans la ville du même nom, en Afrique du Sud, sous l´égide des Nations unies. Nous avons tous en mémoire le terrible spectacle offert, à Durban donc, par ces représentants d´ONG qui se retrouvaient, en principe, pour fustiger l´intolérance et le racisme et qui s´accordèrent, en réalité, sur le fait qu´il n´y avait qu´un Etat raciste au monde et que cet Etat, c´était Israël. Tel est l´esprit de Durban II. Et c´est pourquoi à la question posée, ce lundi 2 mars, faut-il aller à Durban II? je réponds, personnellement, que oui, hélas, la solution du boycott semble être la plus raisonnable, la plus digne, en même temps que la plus conforme à la vocation de la France."(6)
Signe d´une époque à la dérive ou, bien plutôt, de la ligne des "nouveaux philosophes" qui elle ne dérive pas d´un iota, rarement une conférence des Nations unies n´aura autant été le signe de mensonges, d´amalgames et de calomnies, que la prochaine conférence de Genève sur le racisme. De Bernard-Henri Lévy, à Caroline Fourest, la conférence de Genève (baptisée en choeur Durban II par ses détracteurs) est tour à tour qualifiée de " mascarade ", de ne " parler que d´Israël", Pourtant, sorti de ces flots incessants d´insultes et de calomnies, comme seul un Bernard-Henri Lévy saurait en produire, on serait bien incapable de lire chez toutes ces bonnes âmes un seul extrait de la première conférence de Durban sur laquelle ils jettent si ouvertement l´opprobre. (...) "Calomnions, salissons, il en restera bien quelque chose."(7)
La France de Sarkozy
"Il faut rappeler, écrit M'hamed Bouzina, que la première conférence organisée par les Nations unies en septembre 2001 en Afrique du Sud, sous le label Durban I, avait déjà, dans ses résolutions finales, prévenu la communauté internationale sur les desseins de l´Etat hébreu d´en "finir" avec le peuple palestinien et a appelé à une réaction internationale pour empêcher la poursuite de la colonisation de la Palestine et la politique d´apartheid d´Israël. (...) L´histoire leur a donné raison, avec les multiples agressions (y compris contre le voisin libanais) de l´Etat sioniste, dont l´opération "plomb durci" menée du 27 décembre 2008 au 20 janvier 2009 contre la population de Ghaza, avec au bout plus de 1300 morts et des milliers de blessés à vie. Bien sûr, Israël est à la manoeuvre pour réduire l´impact et la portée des condamnations qui seront prononcées. Sa tactique? Mettre en avant les supposées intentions iraniennes de la destruction d´Israël, ainsi que la menace du terrorisme islamiste international. Ainsi, journaux, médias de tout bord sont invités à une rencontre intitulée "Leçons de l´holocauste", animée par Elie Wissel et l´acteur John Voight. Le philosophe Bernard-Henri Lévy et le président du Conseil des institutions juives de France (CRIF), Richard Pasquier, tiendront une conférence sous le thème: "Israël veut la paix". "La France de Nicolas Sarkozy semble la plus active dans la défense des intérêts d´Israël".(8)
A n´en point douter, la conférence de Genève à force de chercher le consensus a perdu ses repères moraux, notamment par le risque de boycott "recommandé" par Israël à tous les pays européens et américains. En confiant à l´Egypte le soin de "contenir" toute protestation arabe, Génève qui s´apparente à la conférence de Munich sera sauvée. "A ce stade écrit Stéphane Bussard, tout le monde salue les vertus diplomatiques de Youri Boychenko. Le retournement est considérable. Le document ne parle plus du concept de diffamation des religions que les Occidentaux voyaient comme une manière de réduire la liberté d´expression de façon inacceptable. Il ne fait pas non plus mention d´Israël et ne contient plus de propos jugés antisémites par certaines délégations. Enfin, la notion de réparations relatives au colonialisme a disparu du texte présenté hier aux différents groupes régionaux."(9) Bref c´est une conférence pour rien et bien en recul par rapport à Durban.
(*) Ecole nationale polytechnique
1.Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser, exterminer., Fayard, 2005, p. 78.
2.P. Blanchard, N. Bancel et S. Lemaire, Zoos humains, La Découverte, Paris, 2002, p. 63-71.
3.Chems Eddine Chitour - La Colonisation: une extermination sans repentance. S/P. Enag 2009
4.Israël est un Etat raciste. FIDH.www.europalestine.com juillet 2001
5.Diana Ralph, Coordonnateur, voix juives indépendantes. Aucun antisémitisme à Durban II: Le Canada devrait mettre fin à son boycott www.independentjewishvoices.ca.
6.Bernard-Henri Lévy. Refusons la mascarade de Durban II. Le Point 05/03/2009
7.Durban II, quand les "nouveaux philosophes" ont peur de l´antiracisme dimanche 15 mars 2009.
8.M´hamed Bouzina-Durban II: Israël, ou le jour du Jugement dernier Le Quotidien d´Oran 16 avril 2009
9.Stéphane Bussard: Le Temps. Repris dans Courrier international 18 mars 2009.


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