Les fins de mois se suivent et se ressemblent. C'est le rush vers les bureaux de poste. C'est devenu presque un rituel, chaque 22 du mois, des centaines de milliers d'usagers, en majorité des retraités, se pressent autour des guichets des postes pour toucher leur pension. Hier, les Recettes des PTT affichent complet. Prises d'assaut par une clientèle toujours en hausse, ces établissements de proximité sont dépassés et ont du mal à répondre à la très forte demande. La Recette principale «Grande-Poste» ne déroge pas à la règle. Considéré comme le plus grand centre payeur d'Algérie, cet organisme public ressemble à une véritable fourmilière. Des centaines de personnes s'y bousculent, qui pour faire une demande d'avoir, qui pour y retirer de l'argent. Certains sont là depuis huit heures. Ils sont venus tôt pour éviter la cohue et les pickpockets qui s'attaquent aux retraités et aux personnes fragiles (personnes très âgées en particulier). D'autres sont uniquement de passage et profitent de leur halte pour déposer un chèque et retirer un peu d'argent. Mais la tâche n'est pas toujours facile. Pour parvenir jusqu'au guichet, d'aucuns sont obligés de jouer parfois des coudes, un sport auquel ne sont pas préparées les vieilles personnes et les femmes qui, la mort dans l'âme, sont condamnées à attendre une ou deux heures, parfois plus, pour le retrait de leur dû. C'est le cas de ce jeune homme qui a voulu retirer une somme de trois cent mille dinars. «J'ai attendu pendant plus d'une heure. Une fois arrivé au guichet, un agent me répond que la poste ne pouvait pas me remettre une telle somme et qu'il fallait que j 'en fasse d'abord la commande.» Renseignement pris, seuls les chèques dont le montant ne dépasse pas deux cent mille dinars sont pris en compte. La raison? «Il n'y a pas beaucoup de liquidités», explique un agent. «C'est toujours le même refrain. Dès qu'arrive la date du 22, on invoque l'absence de liquidités», s'insurge un vieux retraité. Des consignes ont été données, pourtant, pour prévenir ce genre de problèmes, surtout à l'approche des fins de mois où les postes enregistrent une très forte demande. En attendant, c'est le fameux chèque et les récentes mesures du gouvernement de surseoir à la décision rendant obligatoire les paiements par chèque des montants égaux ou supérieurs à cinq cent mille dinars, qui causent quelques désagréments. Ce ne sont pas les quinze mille dinars que perçoit, en moyenne, un pauvre retraité, mais plutôt les transactions effectuées par les titulaires de comptes activant dans l'informel, qui sont à l'origine de toutes ces perturbations et de tous ces dysfonctionnements. En différant ces mesures, le gouvernement accorde un sursis à tous ceux qui sont contre cette loi, mais une fois celle-ci entrée en vigueur, résorbera-t-on définitivement ce problème récurrent de manque de liquidités? A la Recette «Port-Saïd», située à quelques centaines de mètres de celle de la «Grande-Poste», on se bouscule aussi au portillon pour accéder aux deux guichets réservés pour paiement des usagers munis de chèques ou de cartes à puce. Une fois à l'intérieur, on vous invite à retirer un ticket muni d'un numéro qui apparaît sur un écran de contrôle. Finies les bousculades et les queues interminables, les clients n'ont qu'à attendre leur tour. Cette organisation est apparemment acceptée par tout le monde. «J'ai le n°760. Sur le tableau est affiché le n°611, je sais au moins que dans une demi-heure ou une heure, mon tour viendra», nous confie cet habitant de Soustara. Nous avons voulu recueillir les avis du receveur de la poste. Malheureusement, ce dernier a refusé toute déclaration. Fort heureusement, le responsable du bureau de poste des «frères Bellili» est plus courtois. Désireux de connaître l'ambiance qui y règne en ce dimanche 22 janvier, ce dernier nous dira «la Recette fonctionne normalement, même si parfois, je le reconnais, elle manque de liquidités. Ce matin, justement, on a eu un petit problème, mais tout est rentré dans l'ordre et les gens ont tous été payés». Répondant à la question: «Est-ce qu'on doit obligatoirement passer la commande pour retirer des sommes dépassant trois cent mille dinars», il dira: «Chez nous, le problème se pose rarement, car notre poste est un établissement de proximité dont la majorité des clients sont des fonctionnaires ou des retraités». Les postes comme les banques, sont des centres payeurs. Elles rencontrent souvent des problèmes de manque de liquidités. Est-ce que c'est en raison actuellement, du retrait des anciens billets devenus inutilisables (état de saleté ou pour d'autres raisons que nous ignorons)? L'avenir nous le dira.