Le chef de la diplomatie marocaine mène une féroce campagne de désinformation pour discréditer la Rasd. Le vent est-il en train de tourner en faveur des Sahraouis pour que le Makhzen sorte son artillerie lourde? Des voix et non des moindres, s'élèvent pour mettre fin au conflit du Sahara occidental en respectant le droit du peuple sahraoui à se prononcer librement quant à son avenir: dans le cadre de la tenue d'un référendum. Rabat ne l'entend pas de cette oreille. Les feux de l'actualité sont braqués sur la crise libyenne: une aubaine pour le pouvoir marocain pour faire la promotion de son projet d'autonomie pour le Sahara occidental. La campagne de diabolisation du Front Polisario s'oriente dangereusement et insidieusement vers son objectif: mettre sous l'éteignoir la question des droits de l'homme. Ce qui devrait aboutir à la reconduction du mandat de la Minurso, le 29 avril prochain, sans la doter d'un mécanisme des droits de l'homme. Tous les coups sont permis. Le chef de la diplomatie marocaine ne s'en prive pas et mène une féroce campagne de désinformation pour discréditer et ôter toute légitimité à la République sahraouie. «Rien que durant la dernière décennie, une trentaine (30) de pays ont retiré leur reconnaissance à la pseudo «Rasd», entité qui ne remplit aucune des conditions juridiques et politiques nécessaires à la constitution d'un Etat, et en réponse aux efforts déployés par le Royaume à travers sa proposition d'autonomie, efforts qui ont été qualifiés de «crédibles et sérieux» par le Conseil de sécurité», a déclaré samedi, lors d'un point de presse, Taïeb Fassi Fihri. «Ces pays ont revu leurs positions conformément à la légalité internationale et afin de contribuer, utilement et de manière constructive, au processus de négociations en cours, mené sous les auspices des Nations unies pour parvenir à une solution politique négociée et réaliste du différend régional sur le Sahara marocain», a ajouté le ministre marocain des Affaires étrangères. Intox et désinformation. En effet, pas plus tard que le 5 avril 2011, le directeur adjoint du département du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord auprès du MAE de la Grande-Bretagne, a réitéré le soutien de son pays à Christopher Ross, l'Envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, dans la recherche d'une solution politique mutuellement acceptable qui garantisse au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. Patrick Davis a souligné la nécessité d' «instaurer un mécanisme pour surveiller la situation des droits humains au Sahara occidental». Par ailleurs, un rapport élaboré en 2004 par Robert Zoellick, l'actuel président de la Banque mondiale, qui occupait à l'époque le poste de secrétaire d'Etat au Commerce des Etats-Unis, révèle pour la première fois que «les Etats-Unis ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental». Le trône alaouite panique-t-il au point de ne point vouloir s'asseoir autour d'une même table avec les représentants légitimes du peuple sahraoui après six rounds de pourparlers informels supervisés par Christopher Ross? «Le Maroc refuse de considérer que le Polisario serait le représentant unique et légitime des populations sahraouies. Il s'agit d'une approche rhétorique que nous contestons de fond en comble», avait déclaré au mois de janvier dernier le ministre marocain de la Communication, Khalid Naciri. Avec qui donc veut négocier Mohammed VI? «Les Sahraouis ont leurs représentants au sein des institutions élues, en l'occurrence le Parlement, le Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), les assemblées élues...» propose le porte-parole du gouvernement marocain. Une manoeuvre irréaliste qui offrirait sur un plateau royal le Sahara occidental à Mohammed VI, piétinerait la légalité internationale, et priverait le peuple sahraoui de s'exprimer librement quant à son indépendance.