Si on pouvait douter du fait qu´Israël veuille vivre en paix dans son environnement arabe, les déclarations des dirigeants israéliens se chargent de conforter ces suspicions. Il n´y a qu´à relire les derniers discours des dirigeants israéliens dont ceux du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et du ministre de la Défense, Ehud Barak, ou même un sondage, selon lequel 60% des Israéliens se disent favorables à la colonisation de Jérusalem-Est pour s´en convaincre. Question: quelle paix veut Israël avec les Arabes? Certes pas une paix négociée selon les règles universelles, qui mette un terme à six décennies de conflit. Par «paix», Israël entend en fait la soumission de son environnement arabe à son diktat. Réagissant au programme que le congrès du Fatah palestinien a adopté, le ministre de la Défense israélien, faisant état de sa déception, a déclaré: «Le congrès du Fatah est décevant et non prometteur, car au Proche-Orient, il n´y a pas d´autres moyens que de s´asseoir pour conclure un accord sur un programme de paix.» Cela coule de source, c´est évident. Mais alors comment les Israéliens, qui parlent tant de paix, comptent concilier leur expansionnisme dans les territoires palestiniens - les morcelant à l´extrême - et prétendre, dans le même temps, être prêts à conclure un «accord de paix»? Cela n´a pas de sens, d´autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait dimanche qu´Israël ne «reproduirait plus l´erreur» de son retrait de la bande de Ghaza. Pendant ce temps, la colonisation de peuplement juive en Cisjordanie se poursuit, la judaïsation de Jérusalem-Est s´est accélérée, la construction du mur de séparation entre dans sa phase finale. Il y a même les Israéliens qui sont, indique un sondage publié dimanche, à 60% pour la colonisation de la ville Sainte. Tous ces signes, déclarations et sondages, montrent qu´Israël n´est toujours pas prêt à l´existence d´un Etat palestinien doté des attributs de la souveraineté. Ce qui n´a pu voir le jour depuis 60 ans, une paix véritable au Proche-Orient, ne sera certes pas réalisé demain en l´absence d´un Etat palestinien indépendant et fiable. La paix d´une manière générale, la sécurité d´Israël en particulier, est à ce prix. C´est ce que l´Etat hébreu et les Israéliens en général n´ont toujours pas compris, ni assimilé le fait qu´il y a un prix à payer pour la promotion de la paix dans cette région et pour leur propre sécurité qui reste l´échange de la paix contre la terre. Ce principe est toujours d´actualité et il ne dépend que d´Israël qu´il soit concrétisé. La force, les représailles et les pressions des quatre dernières décennies ont montré leur limite et leur inanité, que la paix ne peut être que négociée d´égal à égal et qu´Israël ne peut imposer aux Palestiniens son diktat. De fait, le Fatah palestinien a réitéré sa disponibilité et son «attachement à l´option d´une paix juste» et «réitère le droit du peuple palestinien à la résistance contre l´occupation, conformément à la loi internationale». C´est ce passage qui a induit l´ire des dirigeants israéliens, le fait que le Fatah évoque le droit du peuple palestinien à la résistance. De fait, de par leur irrédentisme, les Israéliens se sont enfermés dans une quadrature du cercle dont on voit mal comment ils pourront en sortir s´ils ne reviennent pas à la réalité et acceptent enfin les faits: pas de paix possible, ni de sécurité sans un Etat palestinien aux côtés de l´Etat hébreu. Israël peut souscrire à cette paix par la simple application des résolutions de l´ONU, en restituant leurs territoires aux Palestiniens. Tout le reste semble pouvoir être négocié avec les Palestiniens. Plus que jamais, le choix de la paix appartient au seul Israël. Jusqu´à preuve du contraire, c´est l´occupation des territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est, qui fait obstacle à la paix au Proche-Orient. Mais Israël est-il prêt à un tel choix? Toute la question est là.