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Bienvenue au pays des paradoxes
Liban
Publié dans Liberté le 06 - 10 - 2009

Quinze ans de guerre civile entre 1975 et 1990, une occupation israélienne jusqu'en 2000, une autre syrienne jusqu'en 2005, une guerre entre le Hezbollah et l'Etat hébreu en été 2006, sans compter le risque d'un affrontement entre musulmans sunnites, partisans du clan Hariri au pouvoir actuellement, et chiites du Hezbollah, le parti de Dieu pro-iranien et syrien, en 2007. Ajoutons que le Liban vit depuis juin dernier sans gouvernement, que le chômage explose, que la crise économique sévit et que le confessionnalisme déchire la nation. Et pourtant, le Liban existe et les Libanais ont la rage de vivre. Bienvenue au pays des 18 confessions, un pays arabe vraiment pas comme les autres. Le territoire des paradoxes.
Il est 7 heures. Dans son appartement à Batroun (Nord-Liban), Samia explose. D'abord, il y a eu cette coupure d'électricité soudaine, alors qu'elle était en train d'écrire un long mail à son mari qui travaille en Arabie saoudite. Le texte s'est effacé de son ordinateur. Il va falloir qu'elle recommence tout, quand le courant sera revenu. Ensuite, pour couronner le début de la journée, le réservoir d'eau était vide. La société responsable en approvisionnement de la ville n'est pas passée comme elle le devait pour alimenter le réservoir de l'immeuble. Résultat : impossible de prendre sa douche normalement, l'eau est rationnée. “Quel pays de merde, jure cette chrétienne de 42 ans, cadre à la banque Byblos. Pas d'eau, pas d'électricité et quand vous demandez des explications, on vous répond que c'est la faute des autres. C'est toujours la faute des autres. Des Syriens, des Israéliens, de la guerre civile des sunnites des chiites, des autres confessions, jamais personne pour assumer ses erreurs. Voilà 19 ans que la guerre civile est terminée, 9 ans que les Israéliens sont partis, 4 ans que la Syrie a plié bagage et nous vivons toujours avec les mêmes coupures d'eau et d'électricité, comme au temps des combats.” Samia ne décolère pas, expliquant que non seulement elle paye à l'Etat un service que celui-ci n'assure pas, mais qu'elle doit en plus débourser pour la location d'une génératrice électrique afin d'avoir de la lumière régulièrement et acheter aussi de l'eau à une entreprise privée, soit 200 dollars en moyenne chaque mois (le dollar américain est la monnaie de référence au Liban). “Comment font ceux qui sont payés au Smig (350 dollars par mois) pour s'éclairer et avoir une hygiène décente ?” ironise Samia.
Comme Samia, Imad se plaint lui aussi. Ce médecin anesthésiste de 57 ans, musulman sunnite du quartier chic de Ras Beyrouth, gagne pourtant plutôt bien sa vie, environ 50 000 dollars par an, mais il a du mal pourtant à joindre les deux bouts. Le problème, c'est qu'il a quatre enfants à l'université. Et qu'au Liban, les études ne sont pas gratuites. Elles coûtent même très cher. Entre 10 000 et 12 000 dollars par an, selon l'université et la spécialité. “Mes deux filles étudient la médecine à l'université Saint-Joseph à Beyrouth, mon fils aîné entre en 4e année de droit international à l'université américaine et mon dernier en première année dentaire. J'ai dû vendre des terrains de famille et faire un emprunt à la banque pour assumer. Et même avec ce prêt, j'ai bien du mal à boucler mes fins de mois. Heureusement, j'ai un frère médecin en France qui m'envoie de l'argent. Sans lui, je n'y arriverais pas.”
Combien sont-ils de Libanais qui, tel le frère de Imad ou le mari de Samia, ont été contraints de partir à l'étranger pour travailler ? Eduqués, formés, polyglottes, ces émigrés s'adaptent parfaitement sous les cieux de l'exil, et certains bâtissent même des empires à l'étranger, alors qu'ils ne parviennent pas à construire un Etat viable sur leur propre territoire. La faute à qui ? Au clanisme, au tribalisme, au régionalisme et au confessionnalisme. Sur 10 000 km2 se côtoient 18 confessions (14 chrétiennes et 4 musulmanes), “formant chacune un Etat dans l'Etat”, déplore Bassam, commerçant à Batroun : “18 confessions égalent 18 Libans, comment veux-tu qu'on parvienne à vivre sous les mêmes lois citoyennes avec un tel héritage religieux. C'est là notre faiblesse.” Le fils de Bassam, Khaled, travaille au Canada. “Il attend son passeport canadien puis il partira aux Emirats, au Qatar ou à Koweït, confie son père. Il sera plus proche de nous. En quelques heures d'avion, il reviendra à la maison. Et puis à Abu-Dhabi, à Dubaï ou à Doha, un Libanais avec une nationalité d'un pays occidental gagne au moins 30% à 50% de plus sur son salaire”, explique Bassam. Ségrégation étonnante et inexplicable pratiquée par des nations arabes envers leurs frères de race, mais qui permet à un grand nombre de familles de faire face aux crises diverses, et de vivre décemment. “Ici, nous avons souvent deux boulots et deux nationalités pour rester debout.”
Et c'est vrai qu'il se tient debout, ce petit pays du Cèdre, contre vents et marées, contre la Syrie, contre Israël, contre la crise monétaire et ce chômage endémique. Droit dans ses bottes en dépit des guerres et du confessionnalisme qui le ronge. Affichant un dynamisme et une rage de vivre tels que le visiteur fraîchement débarqué à l'aéroport de Beyrouth ne ressent aucun effet des fléaux cités. Défilé de grosses cylindrées sur l'autoroute du littoral, femmes élégantes, grands magasins proposant des articles de luxe, téléphones portables et ordinateurs dernier cri. La crise ! Quelle crise ? Sur la côte, opulentes villas et hôtels étoilés se côtoient. Dans le centre de Beyrouth, le soir, les restaurants sont pleins, et les boîtes de nuit, bondées de fêtards (beaucoup venus des pays du Golfe), prêts à s'encanailler avec des professionnels du plaisir, originaires d'Europe de l'Est. +6% de croissance en 2008 et plus d'un million de touristes. Que dire ! Sinon que le Liban est le pays des paradoxes. “La preuve, rigole Bassam, voilà plus de quatre mois que nous n'avons pas de gouvernement et ça ne nous manque pas.” Le Liban : un pays vraiment pas comme les autres !


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