Les travaux du sociologue algérien Abdelmalek Sayad (1933-1998), fondateur de la question de l'émigration-immigration, ont été mis en avant au cours d'une rencontre, dimanche à Oran, destinée à valoriser son œuvre. Le sociologue Abdelmalek Sayad a produit “une pensée à rayonnement mondial”, a indiqué, à ce propos, l'historien français et directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS, France) Gérard Noiriel, soulignant que “l'œuvre de ce penseur algérien intéresse de nombreux chercheurs à travers le monde et il est utile de la rappeler aux jeunes générations”. “Longtemps marginalisé, Sayad est aujourd'hui le nom le plus cité dans les références des spécialistes”, a-t-il dit, citant une traduction vers l'anglais d'un recueil de textes La double absence consacré à la condition des immigrés algériens en France, préfacé par Pierre Bourdieu. L'historien français a insisté dans ce sens sur la relation Bourdieu-Sayad et l'engagement des deux hommes contre le colonialisme dont ils dénoncèrent les méfaits par diverses études sur le déracinement provoqué par les exodes et le “dépaysannement”. L'œuvre de Sayad, conservée dans la médiathèque inaugurée en son nom en mars 2009 à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI, France), comporte des milliers de documents, photos et autres enregistrements sonores contenus dans 420 boîtes d'archives. Comme quoi, ce sont toujours les autres qui accordent une importance à ce que font nos chercheurs et penseurs. Et cela nous l'avons d'ailleurs vérifié lors de la mort de Mohamed Arkoun, qui se retrouve enterré ailleurs que dans le pays de ses aïeux. Cela ne semble pas émouvoir outre mesure nos dirigeants.
