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…PORTRAIT…
Henri Touitou
Publié dans Liberté le 13 - 11 - 2011

Chaque nuit avant de fermer l'œil, il revient vers elle. Il parcourt ses rues, ses échoppes, bavarde avec les enfants du quartier, s'assied sur un banc du jardin public pour entendre le doux soupir des seguias et les coassements des crapauds. Et puis il se lève du pas alerte de sa jeunesse et va s'adosser à un palmier comme on s'appuierait à un ami. Ses yeux souvent mouillés par l'émotion laissent échapper une larme rebelle. Il est à Paris, et il pleure l'absente. Non, Henri Touitou ne pleure pas une femme, ce genre de chagrin s'estompe chassé par un autre amour qui mourra de sa belle mort, assassiné à son tour par la nouveauté d'un énième amour. Henri pleure une ville. Et de cet amour qui pourrait l'en consoler? On ne guérit jamais d'une ville qu'on a perdue. Peut-on guérir d'un asthme si on manque toujours d'air ? Peut-on être heureux ici alors qu'on a laissé ses racines là-bas ? Une ville, ce sont des racines. Et depuis son départ, il y a une cinquantaine d'années, Touitou est déraciné. Sans racines, ni joie profonde. Son bonheur n'est jamais complet, quand sa tristesse l'est totalement. Oui, lecteur, quand il rit, il rit à 70%, quand il pleure c'est à 100%. Mais quelle est donc l'élue de son coeur? Biskra. C'est parce que j'ai écrit Le café de Gide qu'une lectrice me contacte pour me dire qu'il y a un ex-Biskri fou de Biskra, peintre de son état, qui serait heureux de me rencontrer pour me parler de sa ville natale. Elle me précise
qu'à l'heure actuelle il expose ses œuvres dans un grand hôtel de Montparnasse. Extraordinaire
coïncidence. Au moment où je
lisais son e-mail j'étais à Montparnasse, à deux minutes de l'hôtel ! J'en restais bouche bée. Et hop ! Le voilà devant moi entouré de quelques fans. Je me présente, il bondit de joie et oublie tout le monde pour se consacrer à moi. Et il me parle avec, ô divine surprise, son accent trainant propre aux fils de la reine des Zibans. Il évoque ses souvenirs d'enfance, la tendresse de sa défunte mère et la droiture de son père, tous deux Biskris de souche. Les larmes coulent sur ses joues. L'homme est déchiré, le cœur brisé d'avoir perdu le paradis, le Biskra d'hier. Il me cite une à une les familles biskries, celles de son quartier et celle d'ailleurs. Sont-elles toujours là-bas ? Et Hamma est-il vivant et Mahmoud est-il toujours aussi rigolo ? Et le vendeur de “doubara” comment va-t-il ? Est-il toujours le meilleur spécialiste de ce plat ? Et telle séguia coule-t-elle toujours et telle palmeraie ombragée de Hadj Saci produit-elle toujours les plus belles dates de la ville ? Et le jardin public et le parc Landon, comment vont-ils ? Toujours aussi luxuriants et aussi beaux, hein ? Des ombres passent dans ses yeux tristes. Ombres d'hier, du souvenir et de la mémoire. Il aurait tant aimé retourner à Biskra pour s'incliner sur la dépouille de sa tante, décédée il y a quelques années. Même sa peinture lumineuse aux tons fauves est une déclaration d'amour à sa ville natale. Chaque tableau murmure : “Je t'aime Biskra”. Devant ce gros chagrin, je hasardais une question: “Pourquoi ne retournez-vous pas à Biskra pour atténuer votre mal, votre manque ?” Il réfléchit quelques instants et murmura entre deux sanglots : “J'ai peur que mon cœur craque à sa vue…j'ai peur de cette rencontre, de ce rendez-vous que je reporte à chaque fois.” J'ai compris alors que cette absence nourrit son art. Même si son art ne compense pas cette absence. Viendra pourtant le jour des retrouvailles. Henri l'attend avec l'impatience de l'amoureux. En attendant, au lieu d'habiter sa ville, il la laisse l'habiter. Ainsi, à Paris, dans le froid et le brouillard de l'automne, on peut trouver le soleil éclatant de Biskra. Il a un nom : Henri Touitou.
H. G.
[email protected]


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