Cette formation musicale, créée en janvier 2012, propose un savoureux mélange des influences des cinq membres qui la compose, notamment le reggae, le jazz et le dub. Dans cet entretien, son leader revient sur le premier album en préparation, et le son Dendana. Liberté : Comment est né le projet Dendana ? Nassim Dendane : Le Projet Dendana est né d'un désir d'expression qui m'a amené à la création du groupe en janvier 2012. J'avais appris qu'Elhadi Elhassar (guitariste, chanteur) s'était installé à Paris, j'y suis donc revenu sur quelques années auparavant où on s'était promis de faire quelque chose ensemble. Alors on en a reparlé, et j'ai donc contacté Lionel Patrix (pianiste) qui lui, à son tour, a ramené Slim Abida (bassiste) et Luigi Legendre (batteur). Le point de rendez-vous était au Hangar (Studio d'enregistrement à Ivry-sur-Seine) où nous avons rencontré Lino Cardoso (ingénieur du son) qui travaille avec nous sur les sonorités dub. Comment vous projetez-vous dans la musique et dans quelle tendance vous inscrivez-vous ? L'influence du groupe s'inscrit dans les musiques du monde, et cela s'explique à travers la diversité des parcours de chaque musicien. Pour les influences, ça reste du reggae, jazz et dub. Le reggae a toujours été une expression que l'Algérien a adoptée facilement comme exutoire à son instinct de révolte. Le jazz en Algérie reste encore une nouveauté, et c'est ce qui crée la rareté justifiant l'attitude "tendance". La musique gnawa, je m'en suis rapproché comme tout Algérien et je vous confie que j'ai même acheté un goumbri. Mais au moment de la création, j'avais compris qu'une musique ethnique ne pouvait pas être réalisée dans son contexte par une personne qui lui est étrangère, donc je n'ai fait qu'adapter une expression et une vision artistique ethnique sur des sonorités occidentales, ce qui a donné dans notre prochain album "El-Ghoumari". Vous dites que vos textes sont "réalistes" et non "engagés". Pourriez-vous nous expliquer cela ? Mes textes sont réalistes et non pas "engagés", car je trouve que ce terme a été vidé de son sens, parce que beaucoup de concitoyens pensent qu'être engagé signifie forcément être contre le système politique. Alors qu'en réalité ce terme est bien plus vague, car on peut l'être dans une lignée artistique, dans le travail, dans sa façon de penser, etc. Comme nous l'a conseillé le prophète Mohamed (QSSSL) "Ida amala ahadoukoum amalen, fal youtqinouhou" ; c'est une forme d'engagement. Vous faites également des reprises, notamment "El-Ghoumari"... En ce qui concerne les reprises, "El-Ghoumari" reste un texte du patrimoine culturel, donc nous appartenant en commun, et dans les concerts de Dendana, on s'amuse à réadapter à chaque fois un standard de Bob Marley et on le fait avec plaisir. Comment se fait le travail de composition ? Pour ce qui concerne le travail, les textes de l'album racontent le vécu de mes 4 dernières années qui ont été revisitées par Elhadi Elhassar, qui a notamment collaboré à l'écriture de 3 titres dans l'album ("Ifrikia", "Dendana", "Aux âmes"). Et depuis janvier, les musiciens de Dendana contribuent au travail de la création et de la sensibilité musicale. Avant Dendana, vous avez eu un parcours et surtout vous avez enregistré un album de reprises de Bob Marley. Pourriez-vous revenir justement sur vos précédentes expériences ? Ma première expérience avec laquelle j'ai découvert le milieu musical en Algérie était un album "Hommage à Bob Marley", qui n'a jamais été édité sur le marché pour des raisons administratives. Cet album a été une réelle expérience pour moi, car c'était la première fois que je m'enregistrais. Réalisé dans des conditions de home studio avec mon frère Ryadh Dendane et grâce à cet album j'ai pu avoir le titre de révélation masculine de l'année 2011. Vous évoluez actuellement en France. Comment est l'univers de la musique dans l'Hexagone ? En général, l'univers artistique en France est un milieu qui demande beaucoup de rigueur et d'engagements, donc très difficile car la concurrence est féroce. Où en est la préparation de votre premier album ? L'album est actuellement enregistré, on a réussi à récolter l'argent à travers le "concert récolte" organisé par Dendana et sur le site Ulule de Crowfunding (site où le public a contribué au financement de notre album). Nous remercions tous ceux qui ont contribué à cette action. Concernant les concerts en Algérie, nous n'en avons pas pour le moment, mais nous sommes impatients de jouer pour le public algérien et de partager avec nos musiciens. Dendana vous invite au voyage et au partage. Pour plus d'informations sur le groupe : www.dendana.com
