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“American good, American not good…”
Dans le chaos de Bagdad (V et Fin)
Publié dans Liberté le 30 - 12 - 2003

Les Américains se font assister de policiers irakiens recrutés sur le tas. On peut voir des gamins en tenue improbable, tenant un klach à la main et organisant comme ils peuvent la circulation dans des points sensibles. D'autres portent casques et treillis.
Alors, libérateurs ou occupants ? Une chose est sûre : pour paraphraser Garaudy, les Américains ont peut-être vaincu mais ils n'ont pas convaincu. D'ailleurs, les soldats US ne frayent pas trop avec la population. "Ils sont impolis, et nous provoquent sans cesse", se plaint un citoyen. "Ils ne respectent pas nos mœurs. Ils se pavanent comme s'ils étaient chez eux. Ils arrêtent les gens comme ils veulent et, quand ils débarquent dans une maison pour une perquisition, ils défoncent la porte sans vergogne et sortent tous les mâles. Ils dévalisent tout ce qu'ils trouvent : argent, bijoux, or. Même les femmes, ils leurs enlèvent les bijoux qu'elles portent", témoigne un habitant de l'un des faubourgs de Bagdad. À Tikrit et à Samarra, l'armée US a fait une grande opération où plus de 80 personnes ont été ramassées. "Ils ont embarqué tous les habitants de sexe masculin, de 14 à 60 ans !" nous dit-on. C'est ce que dans le vocabulaire yankee, ils nomment le "triangle sunnite" : Baghdad-Tikrit-Mossoul. C'est la hantise des Américains. Depuis la capture de Saddam, l'accès à Tikrit est, semble-t-il, interdit.
"J'ai un ami qui collabore à la chaîne Al-Jazeera. Une fois, il les filmait en train de brutaliser des citoyens. Ils ont saisi sa caméra et ils l'ont incarcéré pendant trois jours", dit Sabih Yacine, un tailleur résidant à Abou Ghrib, quartier chaud de la périphérie de Bagdad à majorité sunnite et favorable à Saddam. Sabih Yacine poursuit : "Le pénitencier d'Abou Ghrib est bondé de monde. Quand il y a des manifestations, les forces de l'occupation n'hésitent pas à ouvrir le feu !"
Nous avons été plutôt surpris de constater que les soldats américains ne circulent pas trop à Bagdad. Et quand une patrouille passe, c'est la pagaille. En tenue de guerre, exhibant haut leurs M16 ; on les voit à hauteur des carrefours embouteillés dégager la voie avec autorité. Au quartier populaire Al-Alaoui, nous avons été témoin d'une scène où deux jeeps et un camion US ont arrêté la circulation pour venir embarquer un suspect. Sinon, on peut les voir parader avec des baffes diffusant de la musique americaine à fond. Certains Irakiens, quand ils nous voient passer et qu'ils devinent notre fonction, n'hésitent pas à lancer : “Américan good !" Au fond, ils s'impatientent tous de les voir partir. "Vous, en tant qu'observateur, vous pensez qu'il vont réellement nous rendre notre pays un jour ?" nous demande un jeune avec angoisse.
Khaled, un militant communiste, 51 ans, commente : "Nous allons devenir comme l'Egypte : ils vont nous donner la liberté pour nous enlever le pain. Ils sont venus pour piller ce pays ! Une partie de nos avoirs va pour payer les dettes, une autre pour payer la reconstruction de l'Irak au profit des multinationales étrangères. Que va-t-il rester au peuple ?"
Les Américains se font assister de policiers irakiens recrutés sur le tas. On peut voir des gamins en tenue improbable, tenant un klach à la main et organisant comme ils peuvent la circulation dans des points sensibles. D'autres portent casques et treillis. Dans les principaux carrefours comme à l'intersection entre Al-Bayae et Al-Alaoui, un tank américain taquine la foule des automobilistes avec son canon, tandis qu'un GI's supervise le travail du supplétif irakien du haut de sa jeep. "Le soldat américain, lui, est payé à 4 000 dollars et l'Irakien à 200 dollars, vous trouvez ça juste ?" s'interroge Qahtane. La tension est à fleur de peau. Quand les Américains passent, on sent qu'ils ont peur. "Ce sont de jeunes soldats inexpérimentés pour la plupart", dit un ancien officier supérieur de l'armée irakienne. “Il faut savoir que les marines qui sont l'équivalent de nos forces spéciales se sont retirés de l'Irak. Ceux que vous voyez là sont des éléments d'infanterie et des divisons blindées". En tout cas, marines ou pas, à chacun de leur passage, les Américains prennent un gros risque. Bagdad est une ville trop compliquée et trop grande pour être maîtrisée. Et la guérilla urbaine est féroce, surtout qu'ils ont affaire à des professionnels, et ils le savent. Aussi ne s'aventurent-ils pas à circuler comme ils veulent. La nuit, Bagdad est une ville libre. (Suite et fin).
M. B.
Infos pratiques : Irak, mode d'emploi…
- Le voyage Alger-Damas par avion aller-retour coûte dans les 53 000 DA sur Air Algérie en classe éco. Deux vols par semaine relient Alger à Damas, le lundi et le jeudi. Le vol aller est à midi. Le retour est à 5h du matin. Il n'y a pas de visa pour la Syrie, donc c'est plus simple que de transiter par la Jordanie.
- Pour aller de Damas à Bagdad, il faut prendre attache avec l'une des nombreuses agences de voyages qui se trouvent dans la ville. Les moins chères sont dans le quartier chiite Sayyida Zineb. Le prix unitaire de la place par taxi à partir de Damas est de 40 dollars. Les taxis prennent trois passagers. Ce sont des voitures confortables.
- Avant de prendre la route pour Bagdad, vous devez passer par les services syriens de l'immigration pour qu'ils annoncent votre nom à la police des frontières. Les services syriens de l'immigration se trouvent dans le quartier Al-Mourdja, au centre de Damas. Si vous êtes journaliste, vous devez, de surcroît, vous signaler au ministère de l'information qui se trouve au siège du parti Baâth.
- Il n'y a pas de formalité particulière pour entrer en Irak. Les frontières de ce pays sont ouvertes. Pour les journalistes, les Américains prennent juste les références du passeport du concerné ainsi qu'une photo numérique sur place.
- Il n'y a pas de contrôle sanitaire pour entrer en Irak. Cette mesure est purement administrative.
- Les hôtels à Bagdad ont tous repris du service. Cependant, en raison de la guerre et de l'embargo, ils sont pour la plupart dans un état délabré. Les plus intéressants sont dans le quartier Al-Battaouine et Assaâdoune (pas loin de l'hôtel Palestine). Les hôtels trois étoiles font dans les 20 dollars la nuitée. Exceptionnellement pour les clients arabes, ce prix peut être ramené à 10 dollars. Dans les chambres, vous avez la télévision, l'eau chaude, un frigo, une grande salle de bains, de l'air conditionné, et si vous avez de la chance, le téléphone. Dans certains hôtels, l'électricité est maintenue 24 heures sur 24 grâce à des générateurs électriques.
- Pour un dollar américain, vous pouvez avoir plus de 1 600 dinars irakiens. Faites gaffe aux faux billets. Il sont "monnaie" courante.
- Pour vos déplacements, vous avez le choix entre les taxis, les clandestins, les fourgons et les bus. Bagdad est une ville tentaculaire. On ne peut pas la faire à pied. Les bus à deux étages, à l'anglaise, sont très pratiques pour les photos. Gare aux profiteurs. Les chauffeurs de taxi mais surtout les clandestins flairent les étrangers et leur font payer la moindre course au prix fort.
- Côté sécurité, pour quelqu'un qui a vécu la folie des voitures piégées à Alger, Bagdad présente pratiquement zéro risque. Les attentats sont ciblés. Ils ne sont pas aussi "anarchiques" qu'on le croit de loin. À l'exception des voitures piégées, des colis piégés et des fusillades, il n'y a pas de risque majeur au centre de Bagdad. La plupart des opérations de la résistance irakienne ont lieu dans la banlieue et la périphérie de la ville. Pour schématiser, il n'y a pas de "maquis" à Bagdad. La résistance irakienne opère sur le mode de la guérilla urbaine et des opérations commando.
- En revanche, il faut faire attention aux voleurs et aux "Ali Baba", vous savez, ces bandes de pilleurs et de malfrats, parfois armés, qui se sont constitués dans la foulée de la "libération" de Bagdad. La ville connaît une situation de non-gouvernance qui autorise tous les dépassements. Cela dit, il est seulement déconseillé de circuler le soir au-delà d'une certaine heure.
- L'Irak étant plus à l'est, le soleil se couche "tôt" ici. À 17h (19h à Alger), la nuit tombe. La ville connaissant des coupures fréquentes de courant, elle sombre vite dans le noir, ce qui y augmente le sentiment d'insécurité.
- Pour téléphoner, faxer ou envoyer un mail, ces services ne sont pas disponibles dans la majorité des hôtels. En revanche, il y a beaucoup d'agences de communication qui ont ouvert. Le prix moyen d'une communication internationale est de 750 dinars irakiens, soit un peu plus d'un demi-dollar (environ 50 DA).
- Les soldats américains ne sont pas très présents dans la ville. Bagdad ne fonctionne pas comme une ville "assiégée" mais comme une ville "terrorisée".
M. B.


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