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Abdelatif Rebah, spécialiste en énergie, chercheur indépendant, à propos de l'exploitation des ressources non conventionnelles
"Il faut investir 300 milliards de dollars et forer 12 000 puits sur 50 ans"
Publié dans Liberté le 09 - 10 - 2013

Il convient de définir une politique énergétique plus rationnelle insérée dans une stratégie de développement efficace.
Selon un scénario réalisé par l'Alnaft, l'Algérie devrait forer 12 000 puits sur cinquante années à raison de 240 puits par an pour produire 60 milliards de m3/an. Pour cela, il faudrait investir environ 300 milliards de dollars dont 200 milliards de dollars dans le forage des puits. Le développement et la valorisation du gaz non conventionnel exige un nombre important de puits et une mobilisation record d'appareils de forage dotés des dernières technologies, selon des experts participant à une table ronde sur le management de la chaîne logistique des gaz non conventionnels. Un effort d'investissement énorme, on le voit, et on a pu constater que la chaîne logistique à elle seule requiert une maîtrise du management experte et sans faille. Quant à la production, elle n'interviendrait que vers 2025-2030. A un coût qui n'en garantit pas la rentabilité. L'exploitation d'un puits de gaz coûterait, selon des estimations, 10 à 15 millions de dollars contre 3 millions de dollars aux Etats-Unis. Pour l'instant, il apparaît bien que tout cela n'est pas encore vraiment au point. Les limites à faire reculer sont de l'ordre de la science et pas seulement de la technologie. Une veille technologique est absolument indispensable. D'une manière générale, le passage aux non-conventionnels exige un bond qualitatif sur tous les plans de la part de toute l'entreprise. Maîtrise de la technologie, des équipements, de la gestion des coûts, des délais. Une véritable mue, en quelque sorte. Dans le monde, les vents ne semblent pas être favorables au développement des gaz non conventionnels. On assiste aux premiers déclins de production aux Etats-Unis, qu'ils aient des causes primordialement géologiques ou de rentabilité. En Pologne, pays annoncé comme le plus prometteur en Europe, les géants nord-américains Exxon, Talisman et Marathon Oil ont abandonné. En Chine également, les réalités du terrain mettent en évidence la difficulté et la complexité élevées de la concrétisation de l'option gaz de schiste. A vrai dire, il ressort de tout cela que ni les arguments écologiques ni les arguments économiques de ceux qui se questionnement légitimement sur l'intérêt et la pertinence de ce choix, ne sont franchement démentis. Loin s'en faut. Mais la problématique de l'exploitation des gaz de schiste ne doit pas nous faire oublier le véritable enjeu dont elle ne constitue qu'un aspect, certes préoccupant empreint d'incertitudes. C'est celui de l'avenir énergétique de l'Algérie indissociablement lié à l'avenir économique du pays. C'est-à-dire la question de la disponibilité à moyen et long terme de l'énergie pour les besoins du pays et celle des moyens de financement pour assurer son développement. Les défis du secteur sont connus : l'accroissement des réserves, la maîtrise de la demande, la sécurisation des débouchés, le mix énergétique, l'intégration industrielle. Mais ces objectifs sectoriels doivent s'inscrire dans une vision d'ensemble globale et cohérente. À l'encontre d'une approche fragmentée, émiettée qui, en restreignant le champ d'observation et d'analyse, bloque l'accès au sens, il faut restituer la vision en termes de trajectoire de développement suffisamment ferme et de longue durée. Il s'agit, pour reprendre une formule du professeur Chitour, de définir un cap pour le futur. Autrement dit, une politique énergétique pour quelle stratégie de développement ? Ceci apparaît d'autant pressant qu'un faisceau d'indices signale que le système dans son ensemble accuse des dysfonctionnements critiques : -Emergence de phénomènes de précarité énergétique dont témoignent — dans un pays raccordé à 98% au réseau électrique et à plus de 50% au réseau gazier, exportateur de surcroît de produits énergétiques — les émeutes de l'électricité qui n'épargnent aucune région du pays depuis de longues années ou celles de l'essence dans les wilayas frontalières du nord et du sud du pays, sans oublier la crise de la distribution du gaz butane en plein hiver exceptionnel 2012.
-Interrogations concernant l'équilibre offre/demande énergétiques :
Depuis 2006, le secteur hydrocarbures tire la croissance vers le bas, résultat de la conjugaison du déclin de la production et de la déplétion des réservoirs et du faible taux de renouvellement des réserves. Dans le même temps, conséquence du rythme de croissance de la consommation interne particulièrement élevé, 12-13%/an, pour l'électricité et 15 à 20%/an pour les carburants et produits pétroliers, selon les chiffres officiels, la part de la production allouée à la consommation intérieure est passée de 26% en 2005 à plus de 40% en 2012 pour le pétrole et de 19% à 29% pour le gaz naturel.
L'équilibre offre/demande d'énergie devient problématique à long terme et les arbitrages marché national-exportations, critiques à moyen terme :
- Incertitudes quant à l'état des réserves
Les inquiétudes sur l'épuisement des réserves de gaz naturel ont commencé à se faire sentir en Algérie. Pour combien d'années l'Algérie dispose-t-elle encore de réserves pétrolières et gazières ? En dépit des contradictions qui caractérisent le discours et les chiffres des experts sur ce sujet sensible, une tendance lourde semble s'en dégager : le renouvellement des réserves ne couvre que très partiellement les volumes extraits.
- Crise du management de Sonatrach
L'actualité a révélé de nombreux symptômes de ce mal. Les affaires de corruption en cascade qui ont éclaboussé Sonatrach depuis 2010, entraînant la mise en détention d'un nombre important de ses plus hauts dirigeants, jusqu'à l'inculpation de son ex-ministre de tutelle, Chakib Khelil en juillet 2013 de deux décennies. L'absence de structure de contrôle. -Vulnérabilités et menaces sur le marché international Intensification des pressions concurrentielles sur les débouchés de Sonatrach. Accroissement des pressions commerciales et autres des clients de l'entreprise. Manœuvres de déstabilisation visant l'ensemble de la région. - La relation pétrole/développement mise en défaut "Semer le pétrole au profit du développement", la formule est célèbre qui résume l'ambition des pères fondateurs du modèle algérien et le statut qu'ils assignaient à Sonatrach. Depuis la nationalisation, "grâce aux hydrocarbures, pas moins de 800 milliards de dollars ont été injectés dans le développement de l'économie nationale. Mais depuis trois décennies l'argent du pétrole a surtout servi à rembourser la dette et à financer les importateurs de biens de consommation. Cinquante ans après la création de l'entreprise Sonatrach et plus de quarante ans après les nationalisations pétrolières, l'intégration nationale demeure une ambition toujours non concrétisée. Les entreprises algériennes demeurent un acteur marginal de l'industrie des biens d'équipement et des composants destinés au secteur des hydrocarbures..
Ce sont là des indices qui mettent à l'ordre du jour la nécessité de préparer les conditions d'un passage à une approche qualitativement nouvelle de la relation énergie-développement
La poursuite des modes de consommation et des politiques énergétiques actuelles "au fil de l'eau" se heurterait aux contraintes de ressources, écologiques, de coordination et de maîtrise. Bref, elle conduirait à l'impasse. Peut-on continuer, par exemple, une politique de transport qui accorde la préférence au véhicule particulier et qui a pratiquement conduit à un triplement de la demande en carburants en 30 ans. Sa croissance ces dernières années est estimée à 10%/an en moyenne avec une prédominance accrue de la part d'un produit déficitaire, donc acquis en devises, et polluant, le gazole. Ce n'est pas l'industrie, moteur par excellence du développement, qui pollue le milieu urbain mais le trafic automobile. En 2004 déjà on estimait à 410 000 le nombre de véhicules roulant à Alger. L'explosion du parc auto est le produit direct de celle des importations de véhicules. La facture devises de celles-ci représente un montant cumulé de plus de 30 milliards de dollars depuis 2005. Que penser de l'importation de centaines de milliers de climatiseurs de la classe des particulièrement énergivores ? Des experts n'ont pas manqué de relever que sur les 4 barrages construits par l'Algérie aucun n'est hydroélectrique. Quel est le pourcentage de l'énergie consommée qui relève du gaspillage ? Il est aisé de comprendre les sources de ces surconsommations quand on sait que la part prépondérante des consommations énergétiques (électricité, carburants) et de véhicules est le fait d'un pourcentage relativement réduit de ménages.
Une nouvelle approche ne peut pas aller donc sans les ruptures nécessaires à opérer pour mettre en cohérence politique énergétique et politique économique. Maîtriser les secteurs énergivores, effectuer des changements modaux dans les transports avec la priorité aux transports collectifs, bannir les équipements de faible rendement énergétique (véhicules, climatiseurs, électroménager, éclairage peu performant). Mettre en correspondance objectifs stratégiques d'économies d'énergie et instruments de politique économique combinant incitations, contrainte et interdiction(prix, fiscalité, droits de douane, taxes et bonifications, au profit des GPL/C et des GNV)... Quelle est la place des énergies renouvelables ? Sont-elles la réponse ou une partie de la réponse ? Suffiront-elles à combler l'accroissement de la demande ? L'avenir énergétique de l'Algérie et les réponses aux bouleversements climatiques. Autant de questions que la responsabilité vis-à-vis des générations futures nous impose. Sans qu'on puisse parler peut-être encore, d'une conscience écologique, on peut noter que les questions du rapport à la nature, des équilibres naturels, de la protection de l'environnement prennent une place grandissante dans les préoccupations citoyennes, accompagnées d'une prise de conscience du caractère limité de nos réserves. La thématique de la rente pétrolière (dépenses publiques, dépenses sociales, gaspillage..) et de la dépendance aux hydrocarbures occupe en permanence l'actualité. C'est un ensemble de préoccupations qui appelle à s'interroger si ce n'est pas l'ensemble du modèle caractérisé par le triptyque énergie-pouvoir-accumulation qui est frappé d'essoufflement et qui appelle à un dépassement en organisant la transition vers une nouvelle.
A. H.
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