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Mohand Tahar Yala hier au forum de "Liberté"
"Le Président ne gère plus"
Publié dans Liberté le 10 - 03 - 2014

Le clan qui se cache derrière la candidature de Bouteflika semble être intimement convaincu qu'il n'aura jamais de comptes à rendre à personne. Et pourtant il devrait savoir que c'est là où réside justement le problème : c'est quand on ne risque rien, qu'on risque encore davantage !
On se souvient que la candidature de Bouteflika à un 4e mandat formulée par procuration par son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait eu l'effet de l'annonce de la fin du monde. Même la terre en a tremblé ce 22 février. Certains ont alors évoqué les chouhada qui se seraient retournés dans leur tombe. Assurément, l'ancien général, Mohand Tahar Yala, n'est pas loin d'affirmer cela. Invité, hier, au Forum de Liberté, l'ancien commandant de la Marine nationale n'a pas hésité une seconde à partir à l'abordage et à s'en prendre au clan présidentiel, à l'arme lourde. Jugeons-en : "Dans l'incapacité totale d'assumer ses fonctions, le Président a remis les clés du pays à un clan maffieux qui le dirige dans l'ombre, de manière illégale et inconstitutionnelle. Ce clan est décidé, et il le démontre tous les jours, à se maintenir au pouvoir quel que soit le prix, y compris celui de sa destruction, voire de sa disparition." Cette canonnade est venue nous rappeler que cette élection présidentielle de 2014 a charrié, pour la première fois de l'histoire du pays, quelques candidatures dites atypiques, à l'image de ces anciens militaires qui se retrouvent aujourd'hui à la manœuvre électorale et à la pointe du combat politique. Leur a-t-on sonné la charge pour qu'ils se mettent ainsi en ordre de bataille pour le prochain scrutin ? Rien n'est moins sûr car il semble que ces militaires soient sortis plutôt d'eux-mêmes des rangs. Un peu en réponse à la demande pressante des citoyens et citoyennes, comme dirait Sellal. Une sorte d'insubordination par laquelle ils viennent renoncer définitivement de marcher au pas et de se mettre au garde-à-vous, notamment devant un certain Saïd Bouteflika. Et au général Yala de s'en expliquer : "J'ai fait partie de la grande muette jusqu'à 2005, mais depuis, je suis un citoyen ordinaire. Je dois dire que je suis venu à la politique par la géostratégie. Depuis que j'ai fait valoir mes droits à la retraite, je me suis documenté et je suis allé fouiller l'histoire ainsi que divers enjeux internationaux. Par ailleurs, c'est la loi sur les hydrocarbures, amendée depuis, qui m'avait incité à m'intéresser à certains aspects politiques. Le pays dégringolait dans tous les domaines. Je me suis rendu compte que ce que nous avons ramassé comme rentrées en devises aurait pu permettre de faire émerger deux ou trois pays."
Quand un militaire réfléchit...
À la lumière de cette déclaration, on comprend que ces retraités de l'ANP ont voulu retrouver, semble-t-il, une logique dont ils avaient oublié jusqu'à l'existence. Ils ont voulu renouer, ainsi, avec le "pourquoi", une interrogation quasi inexistante dans l'armée, dans toutes les armées. Car comme dit le proverbe, "réfléchir, c'est déjà désobéir". De ce point de vue, le déni de citoyenneté toucherait en Algérie même les militaires. Surtout les militaires, pourrait-on même ajouter. Il ne faut donc pas s'étonner d'en voir certains aujourd'hui en procédure de divorce avec le pouvoir. Mais pour le général Yala, cette révolte est surtout d'ordre "intérieur". "La seule chose que je ne suggère pas, c'est la révolte car j'ai le formatage d'un militaire, à savoir le sens de la rigueur, de la discipline et de l'abnégation". Ceci dit, l'ancien haut gradé, qui a longuement évoqué les motivations de son engagement en politique, préconise surtout une action citoyenne pacifique. "J'ai pris conscience que le pays allait inexorablement vers le sous-développement politique, économique et social. Une véritable descente aux enfers. Je me suis révolté intérieurement en essayant de trouver des alliances avec des hommes politiques. J'ai beaucoup tourné en rond entre 2006 et 2007. N'étant plus tenu par l'obligation de réserve, j'ai publié ma première contribution en 2011 dans Liberté et qui avait déjà pour titre : ‘Sauver l'Algérie'".
Un "coup d'Etat" en préparation
Après s'être expliqué sur son parcours politique, le général Yala a vite réitéré son appel à l'interruption du processus électoral en cours, basé, selon lui, sur "une fraude généralisée" orchestrée de bout en bout. "L'élection présidentielle à venir est un véritable coup d'Etat", prévient-il. Déjà que d'après les échos du sérail, le seul enjeu de la prochaine élection sera la désignation ultérieure d'un vice-président, un aménagement qui ne sera rendu possible qu'à la suite d'un énième tripatouillage de la Constitution.
D'aucuns pensent que Saïd Bouteflika sera le favori pour ce poste de dauphin successeur de son frère, instaurant en Algérie une "dynastie". Il suffira juste de mettre, en effet, son nom sur un papier et le tour est joué. Nul besoin de créer un parti politique, cette autodésignation ne sera qu'une formalité.
Déjà qu'il est considéré comme le civil qui n'a jamais eu autant de pouvoir en Algérie, et cela sans aucun mandat. Une belle prouesse. On se dirige donc bel et bien, selon le général Yala, vers un nouveau "mandat par procuration", soit un nouveau putsch annoncé. "Nous appelons les Algériens à faire barrage à l'assassinat programmé de leur pays." De toute manière, pour l'invité de Liberté, "le Président n'est plus président". Il en veut pour preuve "le spectacle affligeant, indigne et tragique qui nous a été imposé lors du dépôt de sa candidature et qui fait de l'Algérie, la risée du monde". Il est à se demander à ce sujet comment certains "amuseurs publics", connus pour leur servitude volontaire, s'étonnent encore que l'opinion reste aujourd'hui cruellement incrédule. Oublient-ils seulement que les Algériens ont déjà été dupés lors de la mort de Boumediene ? Oublient-ils seulement que, eux aussi, ont menti aux Algériens en confondant allègrement AIT et AVC ? "Va-t-on nous cacher longtemps la déficience physique et mentale de Bouteflika ?" Au-delà de tous les arguments électoraux, voilà, pour le général Yala, la véritable question !
Des néo-harkis à l'abordage
"Le discours du mouvement Barakat est intéressant. C'est sur ces jeunes que l'Algérie doit compter pour aller vers la deuxième République. Au début, je n'aurais pas osé déclarer cela. Mais maintenant qu'on les accuse de manipulation, je me range de leur côté, et ce, d'autant qu'ils sont eux-mêmes l'objet actuellement d'une grossière opération de contre-manipulation." Pour l'invité de Liberté, il n'y a aucun doute : ce sont ceux-là mêmes qui profèrent des menaces contre les forces du changement qui sont soumis aujourd'hui à des forces centrifuges et à des lobbies qui leur dictent leur diktat. En un mot, ce sont les dirigeants du pays qui sont à la solde de l'étranger. "À l'instar de ceux qui pactisaient hier avec l'ennemi lorsque nos valeureux moudjahidine se sacrifiaient pour libérer le pays, le clan maffieux au pouvoir ne se contente plus de se liguer avec les puissances étrangères, il entend désormais leur livrer le pays les deux genoux à terre." Une accusation très grave qui ne va pas sans rappeler l'acharnement thérapeutique pratiqué sur le corps du chef de l'Etat algérien dont le sort a été confié, une fois n'est pas coutume, à des institutions militaires emblématiques de l'ancienne puissance coloniale.
Au fait, y a-t-il eu une réconciliation avec la France dont les Algériens n'ont pas eu vent ? Oui, y a-t-il eu un arrangement secret avec l'ancienne puissance coloniale ? L'armée française a-t-elle délivré un faux certificat médical à Bouteflika ? Que de questions que ne cesse de se poser l'opinion nationale interpellée par cette forme de duplicité avec les puissances occidentales et notamment la France.
Certains reprochent à Bouteflika qu'en matière diplomatique, l'Algérie soit devenue un vulgaire pion sur l'échiquier international. La seule diplomatie suivie depuis son arrivée en Algérie est d'inviter, semble-t-il, les étrangers à puiser sans réserve dans nos ressources naturelles. Même la faune protégée n'est pas en reste. Ceci dit, les "souteneurs" du 4e mandat continuent à claironner que le Président-candidat est de cette génération qui aurait mené, paraît-il, "un combat émancipateur" pour le pays. Qu'à cela ne tienne, rien ne nous empêche aujourd'hui de constater qu'à force de compromis et de renoncements, cette génération a fini par légitimer le néo-colonialisme et le pillage de nos richesses nationales. Et cela, au nom de... la stabilité, le nouveau dogme des tenants du statu quo. Il est à signaler, par ailleurs, que dès qu'il s'est agi des relations controversées avec l'ancienne puissance coloniale, l'hôte de Liberté a vite été interpellé sur des sujets d'histoire qui n'en sont pas moins en relation directe avec l'actualité nationale. Ainsi, un intervenant a évoqué la bataille navale de Jijel du 31 octobre 1664, une date, du reste, peu connue en Algérie. Il révélera que c'était là, "la première tentative d'hégémonie française" lorsque sur ordre du roi Louis XIV, un corps expéditionnaire français, commandé par le duc de Beaufort, avait tenté de prendre pied à Jijel. Ce sera la première débâcle subie par les Français qui repartiront déjà d'où ils sont venus.
Chebek et Baba Merzoug
Un autre a, en outre, évoqué l'affaire du canon de Baba Merzoug qui, selon lui, illustre, on ne peut mieux, le peu d'intérêt accordé au patrimoine historique national et la domination française qui perdure en Algérie. D'emblée, l'ancien commandant de la Marine nationale a révélé avoir entamé, pour sa part, lorsqu'il était en fonction, une démarche qui est restée, hélas, infructueuse. "Ce canon a bel et bien été fondu à Dar Enn-Hass, à Alger, non loin de la mosquée Ketchaoua. Dès le 5 juillet 1830, il a aussitôt constitué une prise de guerre par les Français et déplacé le jour même en France à Brest où il y est toujours. Les Français qui appellent cet objet rare La Consulaire ont vite fait de le confisquer car il représente, pour eux, le symbole d'une grosse humiliation. En effet, ce canon d'une portée de plus de six kilomètres a servi à propulser un consul français dont on n'a jamais retrouvé la trace." Une autre merveille du génie maritime algérien a été rappelée par l'ancien officier de la marine, à savoir, le "chebek", "un voilier algérien dont la reconstitution a nécessité des démarches pour en récupérer les plans... de France, à l'arsenal de Toulon". Et c'est avec beaucoup d'admiration que le général évoque cette grande innovation navale, une prouesse technologique algérienne s'il en est. "Il faut savoir que dans la course ou dans les batailles navales, la rapidité d'exécution est déterminante. Et de ce point de vue, le chebek offrait une maniabilité inégalée à l'époque". C'est le marin qui parle. Revenant, enfin, à son appel au peuple algérien lui demandant de "refuser le fait accompli", Yala se montrera cette fois plus explicite. "J'ai appelé les gens qui ont encore un droit de regard dans le pouvoir à un sursaut d'orgueil. Ceux bien sûr qui n'ont pas de pays de rechange et qui n'entendent pas verser dans l'oligarchie mondiale." Mais s'agit-il d'un appel à un coup d'Etat ? "Non, les actions de violence nous ont coûté très cher !" rassure le général qui ne manque pas, toutefois, de lancer un appel solennel aux anciens de l'ALN, aux retraités de l'ANP, aux cadres de la nation, aux anciens responsables politiques et de la société civile, aux personnalités nationales, aux dirigeants et aux militants des partis politiques et du mouvement associatif national, aux intellectuels, aux jeunes, aux étudiants. Bref, à tous les Algériens, à l'effet de "s'élever d'une même voix contre cette forfaiture et exiger l'arrêt de ce processus électoral qui prend en otage la République".
M.-C. L.
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