Les algérois iront-ils voter ?

Élection dans la capitale

L’Algérie s’apprête à vivre un nouveau tournant dans l’histoire à la faveur de l’élection d’aujourd’hui. Si cet événement suscite l’engouement chez la classe politique et mobilise les militants, tel n’est pas visiblement le cas de ceux dont on sollicite les voix. Le spectre de l’abstention comme lors des précédents rendez-vous est omniprésent.
À Alger, la majorité des citoyens rencontrés n’iront pas au vote, à leur avis le scrutin n’améliorera pas leur mode de vie. Après tout, cette élection est si dépourvue d’engouement, d’excitation ; elle est entourée de tellement d’incertitudes qu’il ne vaut plus la peine d’en parler selon les commerçants de la capitale.
“Voter pour qui ? Tous les candidats se valent, ils ont le même discours et le même programme�, déclare rafik, étudiant en médecine. Une opinion partagée par un libraire : “Que ce soit x ou y, les choses ne changeront pas, il y aura toujours un président qui œuvre pour l’intérêt personnel. Nous n’avons pas le choix, aucun des six candidats ne m’a convaincu : que ce soit Bouteflika, qui est resté cinq ans au pouvoir sans rien faire, Benflis qui traîne derrière lui une réputation d’ex-Premier ministre du gouvernement de Bouteflika, ou bien un islamiste et un démocrate qui ne franchiront jamais le seuil d’El-Mouradia. C’est plus fort que moi, je ne crois pas au changement, encore moins au vote, qu’ils fassent ce qu’ils veulent mais qu’ils laissent le peuple en paix. Je refuse que des centaines de jeunes se fassent tuer à cause des manipulations des partis politiques�, conclut-il.
Pour les Algérois, le 8 avril sera une journée tout à fait ordinaire, les commerçants ouvriront leurs magasins et les travailleurs auront un week-end tranquille, grasse matinée et prière. “Je ne me sens pas concerné par cette élection, ce sont des enjeux politiques qui me dépassent. Les candidats menacent de sortir dans la rue s’il y a fraude, je suis sûre que ce n’est qu’une manipulation ficelée par la presse et les partis politiques. Il n’y aura pas, du moins le peuple ne prendra pas part à ces événements car nous savons que cela n’aboutira à rien. Nous en avons marre de verser des larmes pour des innocents. Nous voulons vivre en paix�, espère Ami mustapha. Il rejette la position des médias, publics et privés. “J’ai suivi toute la campagne électorale à travers les médias. Aucun n’a accompli son rôle objectivement — qui est d’éclairer les citoyens et de présenter des critiques constructives�, ajoute-t-il.
Les jeunes de 18 à 25 ans ne se sont pas inscrits dans les APC. “Je suis sûre d’une chose, même si je donne ma voix à un démocrate ou à un autre candidat, les décideurs ne prendront jamais en considération et le futur président sera élu de la même façon que les précédents. J’userai de mon droit de vote le jour où toute cette classe politique n’existera pas�, conteste Amina étudiante.
Par ailleurs, les électeurs sont persuadés que la journée du scrutin se déroulera sans dérapage contrairement à ce qui a été prédit. Dire qu’à quelques heures du début du suffrage, les Algérois apprécient diversement le rendez-vous, même si le risque d’abstention est omniprésent.
N. A.