Tempête sur les marchés pétroliers, les prix de l'or noir marquant le pas, chutant à 60 dollars le baril. La baisse des cours du brut, en 2014, a fait débat, créant une grosse panique dans certains pays pétroliers. Tumultueuse conjoncture pétrolière, dans un contexte économique mondial changeant. Dans cette bruyante actualité, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a fait parler d'elle. Réunie à Vienne, fin novembre dernier, elle a décidé de maintenir inchangés ses quotas de production. C'est l'Arabie saoudite, un pays à influence, qui ne voulait pas, en fait, resserrer les vannes. Elle a réussi à convaincre ses alliés du GCC sans, au demeurant, emporter l'adhésion des autres membres, avec un plaidoyer qui peut sommairement se décliner comme suit : la défense d'un prix de l'ordre de 100 dollars le baril "freinerait" la consommation pétrolière mondiale et continuerait à "stimuler" la production non-Opep, ce qui "conduirait", à terme, à "un déclin significatif" de la demande en pétrole de l'organisation, ainsi que l'expliquait, dans nos colonnes, Nordine Aït Laoussine, ancien ministre de l'énergie. Les principaux producteurs non Opep, notamment les Etats-Unis et la Fédération de Russie qui constituent la principale source de l'excédent actuel, n'envisagent aucunement de coopérer pour stabiliser le marché. Logique pas orthodoxe des Saoudiens. Et ils ne comptent pas s'en départir. L'Arabie saoudite affirmait, il y a quelques jours, que l'Opep ne va pas réduire sa production, même si les prix du brut tombent à 20 dollars le baril, jugeant qu'il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'organisation pétrolière de baisser leur production, quel que soit le prix. L'Arabie semble vouloir régler ses comptes avec certains pays, estimant irrationnelle que des producteurs à haut rendement réduisent leur production, alors que ceux à faible rentabilité continuent de produire. L'attitude des Saoudiens a entamé la cohésion au sein de l'Opep ou ce qu'il en reste. Normal, les durs de l'organisation (Libye, Venezuela et Iran) se faisant plus discrets aujourd'hui. Ces pays qui apportaient la contradiction à l'Arabie saoudite ont raccommodé leurs discours parce que le contexte géopolitique a profondément changé, avec une Libye dans le chaos, un Venezuela et un Iran conciliants. Et les effets de la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole de ne pas baisser ses quotas de production ont commencé à se faire sentir au Venezuela et en Algérie. Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a déjà ordonné des coupes budgétaires. En Algérie, un Conseil des ministres restreint consacré à la conjoncture pétrolière s'est tenu le 23 décembre. Intervenant au cours de cette réunion, le chef de l'Etat a qualifié la crise pétrolière de "sévère" et a jugé que ses conséquences à court terme étaient "imprévisibles". Il a demandé à ce que les dépenses soient "rationnalisées", les importations "corrigées". Le gouvernement maintient toutefois inchangé son programme économique pour la période 2015-2019. Le plan quinquennal d'un montant de près de 250 milliards de dollars ne serait pas modifié. Le projet de budget 2015, adopté en novembre par le Parlement, n'a pas été non plus remis en cause. Ainsi, le pétrole meilleur marché, les petits producteurs en pâtissent, les gros producteurs s'en accommodent. Mais pas pour longtemps. Une baisse prolongée des cours de l'or noir ferait que les indices financiers en Arabie saoudite et dans d'autres pays du Golfe virent au rouge. Y. S.