Ils sont venus, ils étaient tous là ! comme dirait l'artiste. Il y avait ses amis d'enfance d'Azazga, ses copains du lycée de Tizi Ouzou, ceux de la Fac d'Alger, les anciens élèves du cours berbère du regretté Mouloud Mammeri, mais aussi les militants de la cause berbère, ceux qu'on appelle respectueusement les “anciens”. Les tempes grisonnantes pour la plupart, tout ce beau monde se mit à remémorer toutes les boutades et les comédies “made by Mohia” au moment où les micros diffusaient à coups de décibels des extraits de “Mohand U Yahia”. Il a eu en tout cas de belles obsèques, lui qui n'aimait pas les honneurs et la grande foule. Et quel parterre d'artistes il y avait tout autour du cercueil drapé dans l'emblème national ! Aït Menguellet, Ali Ideflawen, Hacène Ahrès, Amour Abdenour, Boudjemaâ Agraw, Bélaïd Tagrawla, Salah M'amar, Cherif Hamani, Slimane Chabi et toute une pléiade de comédiens du terroir, ceux-là mêmes qui ont pris le relais de Mohia pour jouer “Tachbalit” (la jarre) de Pirandello ou encore “Amin yatsradjoune Rabi” inspiré de En attendant Godot. Au milieu de cette foule considérable, toute sa famille et son village d'Aït Eurbah étaient fiers, très fiers de leur enfant prodige. En dépit de la douleur de l'être cher disparu et du recueillement à la mémoire d'un génie, il y avait suffisamment de place pour le sourire et l'ironie car les “Brobros”, comme dirait Mohia, se sont donnés à cœur joie pour rendre un bel hommage à l'artiste, le comédien, le poète, et surtout le bon vivant que fut Mohia. Adieu l'artiste ! M. H.