Résumé : Maria ne s'est pas rendue chez son amie, craignant de tomber sur Yahia. Elle passe un bon moment avec son fils, quand Yahia frappe à sa porte. Il veut lui parler et la prévient qu'il ne partira pas avant. Maria le rejoint dehors pour que les propriétaires ne le trouvent pas. Il lui est interdit de recevoir des hommes... - Si tu as quelque chose à dire, fais-le vite, lui dit Maria d'un ton autoritaire. Yahia se tient droit et la regarde de haut, comme pour mieux la cerner. - Où est ton mari ? - Il ne devrait pas tarder, ment-elle. Qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi es-tu venu jusqu'ici ? - Je devais te parler. L'autre fois, tu m'as posé un lapin, lui rappelle-t-il. Qu'est-ce qui t'a pris de fuir ? Pourquoi ? - Je ne te fuyais pas, répond-elle lentement. Je ne voulais pas te voir... Est-ce difficile à comprendre ? à accepter ? Tu ne supportes pas qu'on te tienne tête ? Qu'on te contrarie ? Yahia a rougi. Le pincement de ses lèvres la fait sourire. - Monsieur est énervé, remarque-t-elle avec une moue. Tu n'as rien à faire ici ! Ta famille t'attend, ta mère a besoin de toi ! - Ne me rappelle pas mes devoirs ! Je voulais te parler de notre relation ! - Quelle relation ? rétorque-t-elle, s'énervant à son tour. Tu ne voulais pas de moi dans ta vie ! Mais comme amie, oui ! Dans ton lit, oui, mais pour le mariage, c'était non ! Monsieur voulait vivre sans attache, libre comme les oiseaux ! - Je voulais reprendre avec toi ! Mais tu me fuyais ! - La solitude te poussait vers moi ! Yahia, tu as trouvé mieux ! Tu t'es marié du jour au lendemain ! Tu es papa de deux filles, lui rappelle-t-elle. Maria et... comment s'appelle sa jumelle ? - Amel... Tu as un fils ? - écoute, j'ai refait ma vie, tout comme toi, ment-elle. J'ai un mari, un fils. Je suis une femme comblée. Je te prierais de partir avant... - Avant qu'il ne revienne ? l'interrompt-il. Je voudrais bien le connaître ! Lui as-tu dit pour toi et moi ? - Non. Et toi ? Yahia détourne les yeux puis secoue la tête. - Non. Je ne pouvais pas... ça ne se raconte pas. Notre amour était unique ! - Non, s'il l'avait été, tu serais avec moi, pas avec elle ! Je ne la déteste pas car elle ne t'a pas pris alors qu'on était ensemble ! Tu t'es décidé à te marier après mon départ ! Tu ne m'as jamais rien promis ! Je croyais que tu m'aimais, et qu'en dix ans d'attente tu ferais le pas pour sceller notre amour par un engagement à vie ! Je voulais tout ce que tu lui as donné sans qu'elle ait eu à patienter, à se battre avec son cœur et sa raison ! Tu vois, on s'aimait... Mais maintenant, je te déteste ! Alors pars ! Inutile de revenir ici ! Nos chemins se croisaient avant. Mais à partir d'aujourd'hui, de maintenant, ce ne sera plus le cas ! Je ne veux plus de toi dans ma vie ! - Parce que tu es mariée ? Te rend-il heureuse ? T'aime-t-il à en mourir ? - Non, pas à en mourir, je ne me le pardonnerais pas, réplique la jeune femme. Pour l'instant, je suis tout pour lui ! Dans vingt ans, trente ans, je ne sais pas ! Je ne veux pas y penser, c'est tellement loin tout ça ! - Maria, on sera amenés à se revoir, dit Yahia. On ne repartira pas à Tunis. Je reste auprès de ma mère ! Je suis de retour Maria ! - Bienvenue chez toi ! Mais ne reviens plus ici ! lui ordonne-t-elle en s'éloignant de lui. Assez parlé, pars ! Ne reviens plus ! - Que tu le veuilles ou non, on se reverra ! (À suivre) A. K.