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"Les deux camps ne se font pas confiance"
Bruce Whitehouse, professeur d'anthropologie à l'université de Lehigh, à "Liberté"
Publié dans Liberté le 14 - 05 - 2015

Professeur agrégé d'anthropologie, département de sociologie et d'anthropologie, Bruce Whitehouse est aussi directeur de Global Studies Program à l'université de Lehigh, en Pennsylvanie. À la veille de la signature de l'accord de paix final à Bamako, il livre une lecture détaillée de la crise malienne.
Liberté : Pensez-vous que la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) ira signer l'accord de paix le 15 mai à Bamako ?
Bruce Whitehouse : Franchement, je ne suis pas sûr que la Coordination des mouvements de l'Azawad aille signer cet accord, pour de nombreuses raisons. Car, les conséquences ne seront pas différentes sur le terrain et je ne suis pas certain que la base des deux camps en conflit suivra la CMA et les autorités maliennes.
En quoi l'appellation Azawad dérange-t-elle le Mali et même la médiation internationale ?
Il faut reconnaître que cette question est très sensible au Mali, plus particulièrement chez les partisans d'un Mali uni et indivisible que je préfère appeler les "Unionistes". Dans cette appellation de l'Azawad, il y a beaucoup de choses qui dérangent. L'Azawad n'a jamais été une entité politique, ni avant ni après l'indépendance du Mali en 1960. Pour citer l'anthropologue André Bourgeot : "Il n'y a jamais eu ni de chefferie, ni de royaume, ni d'empire de l'Azawad." Il s'agit d'une innovation des groupes touareg, et pas mal de personnes, parmi les populations du Nord-Mali, ne se reconnaissent pas dans cette appellation. L'idée de l'Azawad, en tant qu'entité politique, regroupant Kidal, Gao et Tombouctou, a été lancée à partir de la rébellion de 1990. Avant, ce mot ne désignait qu'un petit territoire dans la région de Tombouctou.
Parmi les raisons avancées par la presse malienne sur le refus de la CMA de signer l'accord d'Alger, il y a le rejet de l'idée d'amnistie en faveur du chef d'Ansar Eddine, Iyad Ag Ghali, connu pour être proche du MNLA, mais surtout des leaders du HCUA. Pensez-vous qu'il est réellement un problème pour signer la paix ?
Iyad Ag Ghali a déçu les autorités maliennes en 2013 lorsqu'elles ont compté sur lui pour conclure la paix et sortir de cette crise qui perdure jusqu'à maintenant. Pour beaucoup de Maliens, Iyad Ag Ghali est un criminel de guerre qu'il faut juger et condamner. Compter sur sa fidélité sera une grossière erreur de la part du gouvernement malien. Concernant sa proximité avec certains membres de la CMA, notamment le HCUA, je ne saurais vous répondre. Toutefois, Iyad Ag Ghali pourrait constituer un obstacle pour la paix si cela venait à être prouvé sur le terrain.
Où est donc, selon vous, le vrai blocage dans cette crise malienne ?
Les deux camps ne se font pas suffisamment confiance. C'est pour cette raison que je suis assez pessimiste quant à une issue heureuse de l'actuelle crise. Les mouvements composant la CMA et le gouvernement malien sont suffisamment éloignés et ont peu de terrain d'entente pour espérer un dénouement positif de cette crise. Pour ceux du camp unioniste, l'accord de paix va trop loin et ils craignent que l'application de ses articles aboutisse un jour à la partition officielle du pays. D'ailleurs, même si l'accord de paix est signé le 15 mai, les partisans des deux camps ne sont pas prêts à croire qu'il sera mis en œuvre, comme tentent de leur faire admettre leurs représentants.
Comment expliquez-vous le retour des violences armées dans le Nord à deux semaines de la signature de l'accord final ?
Si on regarde vers le passé, au début des années 1990, lorsqu'il y a eu la première rébellion des Touareg, c'est à l'approche de la signature d'un accord de paix que les violences ont repris et augmenté en intensité. Cela est dû, bien sûr, au manque de confiance entre les parties en conflit. Les deux camps anticipent donc pour être en position de force sur le terrain. Cette fois-ci, après la prise de Ménaka (200 km à l'est de Gao), par le Gatia, le MNLA a mobilisé ses troupes et s'est attaqué à plusieurs localités du Nord-Mali, dont Léré et Diré, afin de montrer ses capacités militaires sur le terrain.
Peut-on incriminer le gouvernement malien d'avoir laissé faire le Gatia à Ménaka ?
Je ne peux dire quel lien véritable entretiendrait le gouvernement du Mali avec le Gatia. Il est peut-être possible que le gouvernement de Bamako cherche à accomplir, à travers l'action du Gatia, des choses que son armée ne pourrait réaliser sur le terrain. Mais, il y a un détail important : il ne faut pas réduire le Gatia à un simple mouvement armé. Ce groupe incarne pour certaines populations du Nord, qui se sentent abandonnées par l'Etat et qui redoutent la domination par quelques tribus élites touareg, un véritable espoir, dans le cas de la conclusion d'un accord final avec les mouvements de la CMA. Ces populations qui soutiennent le Gatia ont énormément souffert de la marginalisation et de l'oubli dont elles avaient fait objet durant des années. Et aujourd'hui, elles ont peur que cela se reproduise sous une forme différente.
L. M.


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