RESUMé : Fatima est méfiante mais elle parle à son mari de l'invitation de Aldjia. Celle-ci s'avère être sincère. Elle les prend chez elle, tenant à les aider. Elle aussi a connu des moments difficiles par le passé. Fatima a moins peur de l'avenir même si, au fond de son cœur, elle ne cesse de penser à sa famille… Les enfants de Fatima s'adapteront plus vite qu'elle à leur nouvelle vie. Cela ne leur déplaît pas de vivre en ville. Accompagnés des enfants de leur hôtesse, ils sortent souvent et vont jouer au jardin d'enfants. Ils apprennent vite quelques mots. Au bout de quelques jours, ils savent déjà se débrouiller pour être compris en français. Ce n'est pas parfait mais ils s'en sortent bien. Djamel, de son côté, grâce à Aldjia qui lui apprend à se déplacer en ville et à la connaître, commence à régulariser sa situation. La seule qui ne sort pas et qui n'a pas encore eu contact avec l'extérieur est Fatima. Quand il n'y a rien à faire, elle reste suspendue à la fenêtre, à dévisager les passants, comme si elle espère reconnaître un membre de sa famille parmi eux. Aldjia a bien tenté de l'emmener dehors, prétextant avoir besoin d'aide pour porter les commissions, mais Fatima refuse. Quel que soit le prétexte invoqué. - Je n'ai rien à faire dehors ! - Mais il faudra bien que tu sortes, insiste Aldjia. Quand ton mari aura trouvé du travail et que tes enfants devront aller à l'école, il faudra bien que tu les y emmènes. Tu dois apprendre à parler, à sortir. Djamel doit pouvoir compter sur toi. Ici, ce n'est pas comme au pays. - J'ai envie de retourner au pays, rétorque la jeune femme. Je ne pourrais jamais m'adapter à cette nouvelle vie. Je ne m'en sortirais jamais. - Il suffirait que tu essaies pour voir que c'est facile, soupire son hôtesse. C'est vrai que depuis la fenêtre, tout peut te paraître… dangereux… de marcher sur les trottoirs, parmi tous ces gens qui courent à leurs occupations. Ces voitures qui roulent à vive allure. Sais-tu qu'elles s'arrêtent aux passages pour piétons ? - Même si j'apprenais à me débrouiller dehors, je ne pourrais pas communiquer avec les autres, dit Fatima qui se croit incapable de s'en sortir, même accompagnée. - Chaque chose en son temps, réplique Aldjia. Tu apprendras le français auprès de tes enfants et avec moi. Sortons maintenant. Fatima accepte de troquer sa robe d'intérieur contre une jupe longue et un pull. Elle ne fait pas d'histoire quand Aldjia lui refuse de porter un foulard. Les enfants sautent de joie à l'idée de sortir avec leur mère. Ils se rendent au jardin d'enfants, situé dans le quartier. Cette promenade lui permettra de prendre un peu de couleur, aux joues. Voir ses enfants jouer et rire lui arrache un sourire. Cela n'échappe pas à Aldjia qui en est heureuse pour elle. Car, après tout ce qu'elle a vécu, elle lui avait tout confié de sa vie passée et du rôle qu'a joué son mari durant la guerre, elle mérite d'être heureuse. - Tu vois, cela t'a fait du bien. - Oui. Dommage que ma famille soit aussi loin, soupire Fatima. Mes amis… Mais Dieu merci, je suis tombée sur toi. C'est Dieu qui t'a envoyée à moi, poursuit-elle les yeux brillants de larmes. Qu'est-ce que je serai devenue ? Et mes enfants ? Je te serais reconnaissante toute ma vie. - Je l'ai fait tout naturellement, la rassure-t-elle. J'avais tout de suite senti que tu avais besoin d'aide. Le plus difficile est passé. Imagine la joie de Djamel lorsqu'il saura. Fatima s'en fait déjà une joie. Mais quand se présentera l'occasion, lorsqu'il rentrera plus tard, elle remarquera qu'il a la tête des mauvais jours. Elle devine qu'il a une mauvaise nouvelle… (À suivre) A. K. [email protected]