Le laboratoire central du CHUO et la direction de l'hôpital peuvent être sous le coup de sanctions. Il n'est pas encore 8h que l'agitation aux abords de l'entrée principale du CHU d'Oran est importante avec des files d'attente qui se forment devant les laboratoires d'analyses privés qui ont pignon sur rue. Une dame, venue d'El-Hassi, a l'air désemparé. "Ce sont les médecins du centre d'El-Hassi qui m'ont envoyée à l'hôpital pour des analyses, mais sur place on m'a dit qu'ils ne peuvent pas les faire. Je n'ai pas les moyens d'aller chez le privé", nous explique-t-elle. En cela, beaucoup d'observateurs nous diront qu'il n'y a rien d'étrange ou de nouveau à cette situation. D'ailleurs, dans un rayon de 100 m autour de l'hôpital, ce sont sept laboratoires et autres centres d'exploration qui ont ouvert leurs portes et autant "d'enseignes médicales" montrant la défaillance du CHUO. à l'intérieur de l'hôpital, des va-et-vient sont aussi observés au laboratoire central de cet établissement. Des membres du personnel médical de plusieurs services, échantillons de sang à la main, sollicitent leurs collègues pour des analyses et bilans pour des malades du CHUO mais pas seulement. C'est presque des négociations qui se déroulent. Le constat est vite fait : pénuries récurrentes de réactifs et autres produits, comme nous le confirment nos interlocuteurs. "Une note de service nous impose de transmettre nos prévisions annuelles au début de chaque mois d'août, et à ce jour, nos prévisions faites en 2014 n'ont pas été satisfaites. On tente de se débrouiller tant bien que mal pour faire les bilans des malades, surtout pour ceux souffrant de cardiopathies et les enfants." Le constat est encore plus alarmant lorsqu'on nous expliquera que, faute de réactifs spécifiques, ce sont trois appareils sophistiqués (STA compact) qui sont en rade depuis 2014, obligeant les laborantins à recourir à l'ancienne méthode dite "manuelle" pour réaliser les bilans d'hémostase (TP) qui sont vitaux pour les malades de la cardiologie. "Les TP sont des bilans d'examens sanguins de base, personne ni aucun service ne peut s'en passer. Les malades sont donc obligés d'aller vers le privé avec toujours des doutes sur la fiabilité des résultats qui leur seront donnés." Et un minimum de deux ou trois examens de base dans un laboratoire privé coûtera 10 000 DA, et souvent il faut les recommencer à cause justement des doutes sur leurs conclusions. Plus grave, le recours à cette méthode manuelle a été banni depuis les années 90 par les laboratoires internationaux de contrôle de qualité parce que n'étant plus fiable. Une interdiction plaçant le laboratoire central et la direction du CHUO dans une situation qui pourrait leur valoir des sanctions. Sanction également pouvant venir du ministère, puisque le ministre de la Santé avait lancé à partir d'Oran que "s'il est porté à ma connaissance que les malades ne peuvent faire leurs examens dans un hôpital, je prendrai immédiatement les mesures qui s'imposent !". Notre tour d'horizon nous fait découvrir encore que des bilans bien plus ordinaires, tels que l'urée, la glycémie, le cholestérol et l'hépatite, ne se font quasiment plus au laboratoire. Là encore le mot est lancé : pénurie. Après moult réclamations et comme par miracle deux boîtes de réactifs pour une durée de 10 jours ont été livrées. Alors que nous avons sollicité la direction du CHUO pour comprendre les raisons de ces pénuries et dans le même temps l'ouverture tous azimuts de laboratoires dans chaque service ou encore les marchés infructueux de commandes de médicaments, nous n'obtiendrons qu'une laconique réponse écrite du chargé de communication affirmant que "le laboratoire central fonctionne normalement sans aucune pénurie". D. L