Cahier, stylo et trousse. Des fournitures scolaires de base dont devra se munir chaque élève à la rentrée scolaire. En la matière, chacun y va de son budget. Si les plus nantis s'adressent aux enseignes ayant pignon sur rue pour s'approvisionner et dépenser sans compter, les bourses moyennes se rabattent sur les marchés situés aux quartiers populaires, où les prix sont réputés plus cléments. Cependant, les parents ne sont pas au bout de leur peine. "Qui achète moins cher n'aura pris que la moitié", dit l'adage populaire, qui n'est jamais assez bien vérifié que dans ce domaine. À Bab El-Oued, non loin des Trois-Horloges, ce quartier commerçant par excellence du vieil Alger, les étals des fournitures scolaires s'étirent à longueur de rue. Bien approvisionnés en toutes sortes de produits, ils nous rappellent à l'évidence que la rentrée scolaire fixée au 6 septembre, la semaine prochaine donc, approche à grands pas aussi. Sur les tables de marchés improvisés, ou à même le sol, les vendeurs occasionnels proposent tout : cahiers, stylos, crayons de couleur et pâtes à modeler de toutes les couleurs et de toutes les formes. De quoi satisfaire les goûts de chacun, y compris les plus exigeants de nos chérubins. Ce marché florissant, qui brasse des millions, voire des milliards, se pratique en dehors de tout contrôle aussi bien quant aux prix qui sont libres, nous dit-on, et à la qualité qui n'échappe pas non plus à la critique. En ce sens, chaque rentrée apporte son lot de nouveautés à travers des formes plaisantes et des couleurs gaies qui nous rappellent les dessins animés et émissions télévisées. Mais, l'on n'est pas à l'abri de surprises de mauvais goût. "Regardez la nouveauté de cette année, de la violence bien servie aux enfants." Le vendeur qui le dit est ahuri parce qu'il vient de le découvrir. Il nous montre, pêle-mêle, des gommes, des taille-crayons en forme de couteaux "à cran d'arrêt" et des cutters et autres crayons de couleur emboîtés dans du carton ondulé, et dont l'apparence rappelle les bombes fumigènes. Ces articles d'habitude anodins, à 10 DA ou même 15 DA, sont pourtant vendus à raison de 150 DA pièce, nous avertit-il, en lançant la pierre aux importateurs, qui, "enclins au gain, ne s'entourent d'aucun scrupule", comme celui de vérifier la qualité des produits propposés. Au marché des Trois-Horloges, réputé "marché des pauvres", les prix sont plus abordables. Le cahier de production locales El-Hilal est cédé à 20 da l'unité, alors que celui importé est négocié à pas moins de 40 DA. En revanche, les prix des cahiers à pagination réduite ou moyenne n'ont pas connu de hausse palpable cette année, contrairement à d'autres produits comme la pâte à modeler, les ciseaux et les crayons de couleur dont la boîte contenant 12 unités coûte pas moins de 300 DA. Soit une hausse qui oscille entre 30 et 35% par rapport à l'année précédente, suivant la nature des articles, nous confie un commerçant. Cela justifie-t-il pour autant la timidité des clients, ou attendent-ils que les listes des fournitures leur soient délivrées par les établissements ? Les deux versions se tiennent en tout cas, si l'on se fie aux déclarations d'un quinquagénaire : "Les listes s'allongent d'année en année, grevant lourdement les budgets déjà érodés par l'inflation des citoyens, qui ne savent plus où donner de la tête. Personnellement, je m'abstiendrai d'acheter les cahiers de marque à mes enfants", dira-t-il l'air dépité. Heureusement, dit-il encore, qu'il reste encore les marchés populaires qui subsistent encore entre les mosquées Ali-Bitchin et Ketchaoua. A R.