L'association Taourirt des victimes des essais nucléaires (Aven) réalisés dans le Hoggar s'en remet aux militants des droits de l'Homme ainsi qu'aux négociateurs de la convention-cadre de la conférence mondiale sur le climat (Cop21) qui se tient au Bourget en France, en tirant la sonnette d'alarme sur les effets dévastateurs des treize tirs souterrains réalisés, du 7 novembre 1961 au 16 février 1966, par la France coloniale à In Eker, à 180 km au nord de la ville de Tamanrasset. L'appel de détresse, signé par le bureau exécutif de l'association, a également été lancé à l'adresse des écologistes du monde, des parlementaires, des industriels et des institutions de recherches scientifiques pour qu'ils sachent qu'après 49 ans de la fin de ces essais, la persistance de la menace radioactive pèse toujours sur la région et sur toute la population de Tamanrasset, dont même la descendance continue à subir les conséquences de la colonisation où la cruauté et la barbarie atteignaient leur paroxysme. Des dizaines, voire des centaines de victimes, ont subi et subissent toujours les effets de cette tragédie se résumant par la propagation préoccupante de pathologies caractéristiques des irradiations. Des cas de leucémie, des mort-nés, des déformations fœtales, des changements hématologiques et encore de graves pathologies cancéreuses sont ainsi relevés dans une région polluée pour les 24 000 années à venir, laissant place à la mort rayonnante qui sème dévastations et maladies parmi la flore et la faune dans un univers vitrifié, désormais incompatible avec toute forme de vie, s'indignent des spécialistes en la matière. L'association en appelle aux grands investisseurs et les titille afin de mettre une partie de leurs capitaux financiers au service des malades et des victimes de cette catastrophe à travers une coopération en mesure de réparer ce qui a été détruit par le pays du général de Gaulle. L'association insiste aussi sur la mise à contribution des êtres charitables et des scientifiques afin de trouver les bonnes formules pour le nettoyage des sites contaminés et le traitement des déchets abandonnés dans des zones, jusque-là, inconnues, en l'absence de cartes et d'archives des essais réalisés. Il faut "coopérer pour trouver des solutions idoines à cette problématique et parvenir subséquemment à la décontamination des endroits irradiés, et éviter que nos déserts deviennent des centres d'enfouissement de déchets nucléaires", ajoute l'association, en appelant à un engagement sérieux avec les institutions du pays et à la coopération de son élite scientifique dans le développement de technologies, d'énergies renouvelables et d'autres alternatives d'investissement, avec pour finalité de panser "nos plaies du passé" et les crimes que la France ne veut toujours pas reconnaître. "La France n'a pas reconnu ses responsabilités et ses crimes. Il faut comprendre que le dromadaire qui est en voie de disparition doit être traité de la même façon que l'ours blanc pour lequel on s'est pourtant mobilisé pour le protéger en faisant de cette initiative une invitation mondiale", lit-on dans la lettre dont nous détenons une copie. R.K.