Plusieurs experts avaient prévenu, il y a quelques années : Sonatrach aura de plus en plus de difficultés à vendre son gaz à l'étranger. L'alerte n'a pas été prise au sérieux. Aujourd'hui, la situation est beaucoup plus compliquée. Sonatrach risque, au cours des trois prochaines années, de ne pas vendre une bonne partie de son gaz. Quand on sait que les exportations gazières représentent 40% des revenus tirés des ventes d'hydrocarbures à l'extérieur, on imagine l'impact négatif de cette mévente sur les recettes financières du pays. Plusieurs milliards de dollars de pertes minimum, une dizaine de milliards de dollars dans un scénario de laisser-faire. En fait, quatre dangers menacent nos revenus gaziers. Premier danger, l'encerclement des positions de Sonatrach. Sur le flanc ouest, le gaz de schiste américain va être exporté en Europe à un prix entre 4 à 5 dollars le million de BTU alors que Sonatrach le facture entre 8 à 10 dollars. En Afrique du Nord / Moyen-Orient, la découverte d'un important gisement de gaz en Egypte par l'italienne Eni et d'un champ de même envergure en Israël accroît la concurrence sur le marché italien, l'un des principaux débouchés du gaz algérien. Second danger, les contrats long terme sont de plus en plus remis en cause par les clients européens au profit des contrats spots où les prix sont beaucoup moins chers. Deux principaux concurrents de l'Algérie, la Russie et le Qatar, vendent leur gaz beaucoup moins cher. Du coup, Sonatrach aura des difficultés à renouveler les contrats gaziers qui arrivent à échéance entre 2016 et 2019. Troisième danger, le retard dans le développement des nouveaux gisements fait craindre une incapacité de Sonatrach à disposer des quantités de gaz exportables au moment du renouvellement des contrats et/ou de la hausse de la demande en Europe et en Asie. Quatrième danger, la croissance de nos besoins internes en gaz risque également de réduire nos exportations gazières.