Nacer Boudiaf, le fils du défunt président Mohamed Boudiaf, assassiné le 29 juin 1992, saisit de nouveau le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Dans une lettre ouverte, rendue publique hier mercredi, il réclame "justice" et "vérité". "Cela fait 24 ans que Mohamed Boudiaf, alors président du Haut-Comité d'Etat, d'une Algérie en tourmente, est tombé lâchement assassiné. La justice avait considéré cet assassinat comme un ‘acte isolé'", a-t-il commencé par relever. Aujourd'hui, Nacer Boudiaf dit s'adresser à Abdelaziz Bouteflika "à plusieurs titres". D'abord, fait-il remarquer, "je m'adresse à vous en tant que premier magistrat du pays. L'assassinat de Boudiaf n'est pas un mystère. Ce n'est qu'une affaire d'injustice. Car comme le dit Edmund Burk : ‘Où commence le mystère finit la justice'. Suis-je encore assez naïf pour croire en la justice chez nous, une justice qui mettra fin au mystère ?". Nacer Boudiaf dit ensuite au Président : "Je m'adresse à vous, alors que vous n'étiez pas au pouvoir au moment de son lâche assassinat. Mais la vérité est que l'écrasante majorité des Algériens avait compris, dès l'instant de l'assassinat, l'enjeu de ce crime pour ceux qui ont cru en bénéficier." Malheureusement, poursuit le fils du défunt Mohamed Boudiaf, "depuis la sentence de ‘l'acte isolé'", c'est le silence qui prévaut car comme le dit Shakespeare : "En vérité, bientôt le rôle qui siéra le mieux à l'esprit est le silence, et il n'y aura plus que les perroquets qu'on pourra louer de parler." Pis, Nacer Boudiaf ajoute à l'adresse du chef de l'Etat : "Je m'adresse à vous dans le contexte des récents amendements de la Constitution qui laissent croire à une meilleure considération pour la justice en Algérie. Pourrais-je espérer que cette meilleure considération redonne à Mohamed Boudiaf la considération qu'il mérite pour avoir sacrifié sa vie pour l'Algérie ? La considération pour Mohamed Boudiaf ne sera mesurée que par la promptitude de la justice algérienne à réparer cette injustice qui a trop longtemps duré et entouré l'assassinat de celui qu'on a appelé — de son paisible exil — pour venir sauver l'Algérie." Enfin, le fils du regretté président conclut que "seule la rouverture du procès de son assassinat exprimera au peuple les réelles intentions du pouvoir en matière de justice et prouvera au monde extérieur que nous n'avons pas besoin d'une justice venue d'ailleurs pour mettre fin à l'impunité du lâche assassinat de Mohamed Boudiaf. Dont acte". Mehdi Mehenni