Au terme d'une journée d'audience, après la suspension de dimanche, l'accusé a été condamné pour le meurtre d'Aurélie Fouquet. Le tribunal criminel de M'sila a rendu son verdict dans le procès du meurtre d'Aurélie Fouquet, tuée à l'âge de 26 ans. Au terme d'une journée d'audience et de délibéré, Fayçal Faïd a été condamné, lundi, à 20 ans de prison ferme. L'accusé, selon un témoin entendu par visioconférence depuis le tribunal de Nanterre, avait participé avec le groupe qui a tiré sur une voiture de police à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), tuant Aurélie Fouquet et blessant son coéquipier, avant de prendre la fuite. Mais ni l'enquête, pauvre en preuves matérielles, ni le procès, marqué par le silence de l'accusé qui a refusé de répondre aux questions du juge sous prétexte que son jugement est loin d'être équitable, n'auront permis de préciser le rôle de l'accusé dans l'affaire. L'accusé a nié toute participation au crime et parle d'acharnement. À la deuxième journée du procès, le président du tribunal a expliqué que les conditions d'un jugement équitable sont réunies et que le report du procès n'est pas justifié. Après avoir entendu le seul témoin, Charles Ebiniame, par visioconférence, l'accusé a nié tout ce que le témoin a déclaré. Les avocats de la partie civile ont rappelé les faits en pointant du doigt l'accusé. Toutes les données convergent vers l'accusé, et l'acharnement de l'Etat français contre lui n'est que fiction et sans fondement. Dans son réquisitoire, le procureur général a rappelé que le tribunal ne regarde ni la couleur, ni le sexe, ni la nationalité. La justice est universelle et humaine. Il a demandé l'application de la loi et une peine maximale, sauf la peine de mort. Dans sa plaidoirie, Me Dama, avocat de Fayçal Faïd, avait demandé l'acquittement, faute de preuves accablantes contre son client. L'avocat a insisté sur le fait que l'expertise médicale a démontré que son client n'a pas été blessé par balle dans la fusillade, comme le prétendait la police française et le témoin à charge. "Mon client a voyagé, le 21 mai 2010, à partir de l'aéroport Charles-de-Gaulle, comment les policiers et les détecteurs de métaux n'ont rien remarqué ?", s'est-il demandé, ajoutant que les enquêteurs n'ont pas pu trouver et présenter une goutte de sang de son client sur les lieux du crime. "Ils n'ont trouvé qu'une empreinte sur la poignée", précise-t-il. L'avocat n'a pas ménagé le témoin et a qualifié ses propos de contradictoires. "Il se contredit sur le fait qu'il avait déclaré que l'accusé avait enlevé sa cagoule quand il se trouvait entre les voitures et en même temps tiré sur les policiers !", s'est étonné l'avocat. Enfin, l'accusé a rappelé avant que la cour ne se retire, qu'il est innocent et n'a rien à voir avec l'affaire. Il a aussi insisté sur le renvoi de l'affaire car, selon lui, les conditions d'un procès équitable et juste ne sont pas respectées. "Comment un avocat commis d'office peut-il lire 3 500 documents du dossier en un laps de temps très court ?", dira-t-il, regrettant la présence d'un policier français au procès qu'il accuse de l'avoir torturé en France. Pour rappel, l'accusé a été jugé dans l'affaire d'un casse manqué qui a causé la mort d'une policière, le 20 mai 2010 à Paris (France). Des empreintes et de l'ADN retrouvés sur plusieurs objets qui ont servi au casse et dans la fusillade appartiennent à l'accusé, qui n'est autre que le frère du braqueur le plus médiatique du moment, Redouane Faïd, alias "Pixie", "le Chauve" ou "Doc". La cour d'assises de Paris a condamné, en mars dernier, le frère, Redouane Faïd, à 18 ans de prison pour participation à un braquage avorté et deux autres hommes ont été condamnés pour le meurtre de la policière Aurélie Fouquet, le 20 mai 2010. Daouda Baba écope de 20 ans de prison et Olivier Tracoulat, par contumace. Cinq autres hommes impliqués dans le braquage du fourgon blindé ont écopé de 1 à 15 ans de prison, un sixième a été acquitté. Chabane BOUARISSA