L'organisation régionale des femmes démocrates a organisé, hier, au théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa une conférence avec les femmes pour débattre "de la liberté de la femme, sur ses droits et sur l'égalité de ses chances dans la société" devant une salle pleine à craquer. Après avoir observé une minute de silence à la mémoire des femmes victimes du terrorisme, Mme Nora Ouali, coordinatrice régionale de l'organisation, est intervenue pour donner un aperçu général sur son organisation qui "incite toutes les femmes à se battre pour leurs droits" avant d'entamer son intervention sur "le code de la famille et le fonds des pensions alimentaires". L'intervenante a longuement épluché les paradoxes du code de la famille, décrété en 1984 par le parti unique. "Le code de la famille contrevient à toutes les conventions internationales ratifiées par l'Algérie", a-t-elle souligné de prime abord avant de soutenir que "le législateur a réduit la femme à un statut de mineure à vie sur le plan du divorce, du mariage, de la garde des enfants, de la pension alimentaire et de la tutelle", "les événements se conjuguent aux promesses politiques sans lendemain contrairement aux pays voisins, le Maroc et la Tunisie, où le tutorat est aboli", fera-t-elle remarquer malgré la révision du code de la famille "vite jetée aux oubliettes". L'oratrice conclut son intervention par un appel "à l'abolition du code de la famille". Lors de son intervention sur "le harcèlement et la violence faits aux femmes", Me Bakouri Aomar a abordé la loi du 30 décembre 2015 qui criminalise la violence faite aux femmes. "Le législateur a ciblé les violences intrafamiliales et ce n'est pas nouveau", a-t-il souligné avant de soutenir en substance que "c'est grâce à l'engagement des femmes que cet acquis est arraché alors qu'il est resté pendant 9 mois dans les tiroirs des deux Chambres avant que la loi ne soit votée", rappelle-t-il à son assistance tout en dénonçant "l'intrusion du législateur dans le couple pour des raisons politiques". De son côté, Me Hayet Boukhris, qui intervenait sur "la politique des quotas des femmes aux élections... pour quels résultats", estime que la loi organique sur les quotas des femmes dont il est fait obligation aux partis politiques aux élections nécessite un débat de fond. "La loi est en contradiction avec l'égalité des deux sexes car il faut l'élargir aussi aux postes-clés, à savoir le gouvernement, les walis, les chefs de daïra, etc." L'actuelle loi des quotas, soutient-elle, est insuffisante pour garantir l'égalité des chances. Elle en veut pour preuve le nombre de députés femmes (146) dans une Assemblée de plus 400 députés. Lors des débats, les participantes ont unanimement souligné l'impératif pour la femme algérienne de s'impliquer dans le combat politique pour arracher ses droits d'autant plus que nous sommes à la veille des échéances législatives puis locales. "Agir pour ne plus subir" est le thème retenu lors de cette conférence des femmes démocrates pour leur engagement dans les prochaines batailles électorales. Par ailleurs, l'exécutif des femmes démocrates du RCD, réuni à Alger, a, dans un communiqué rendu public, fustigé la ministre de la Solidarité pour ses "déclarations qui témoignent du peu de considération réservée à la moitié de la population algérienne par l'actuel gouvernement". L'exécutif des femmes du RCD considère enfin que "les prochaines échéances électorales constituent une opportunité et une tribune pour relayer les légitimes préoccupations de la femme et encourager le combat pour la citoyenneté et l'égalité en droits". L. OUBIRA