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Choix des candidats : quel impact sur la participation ? L'élaboration des listes électoraleS a été marquée par des conflits, de la contestation et de la violence
Dès lors qu'on admet qu'il est possible de faire gagner des strapontins au niveau de l'Assemblée à des personnes qui ne comprendraient rien aux projets de loi qui y seraient débattus et votés, on encourage l'abstention. La confection-validation des listes de candidatures pour les élections législatives du 4 mai prochain n'aura pas été, pour nombre de partis, un acte politique serein, loin s'en faut. Dans certaines circonscriptions, les mécontentements ont débordé sur de graves violences. À Tiaret où la liste du parti du Front de libération nationale (FLN) conduite par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, est contestée, il y a eu affrontements et mort d'homme. Une violence qui ne semble pas interpeller outre mesure le secrétaire général du parti, Djamel Ould Abbes, plutôt à l'aise à rassurer sur la santé du chef de l'Etat qu'à s'expliquer sur les accusations de manquement de ses cadres et militants à l'éthique politique. Pour le désigné à la succession du sulfureux Amar Saâdani, il n'y a pas lieu de s'alarmer, puisque, argue-t-il, le militant Bouriah Mansour, hypertendu, n'est pas décédé des suites de blessures pendant la bagarre devant la mouhafadha de Tiaret mais d'un arrêt cardiaque. Pour le médecin qu'il est, Ould Abbes ne devrait pas ignorer que les échauffourées peuvent être cause du malaise, malheureusement fatal, du cadre du parti. S'il a fallu s'attarder sur ce qui s'est passé à Tiaret, c'est parce que l'antécédent est d'une gravité telle qu'il recommande de se poser la question sur les causes de cette violence. Indubitablement, si un mécontentement de militants peut épouser des contours où l'acte est difficilement, voire carrément incontrôlable, c'est que le mode opératoire en matière de confection des listes de candidatures est contestable. Tant au sein du FLN que chez les autres partis politiques où les remous ont été significatifs. Exception faite pour un ou deux partis, qui ont prévu des possibilités de recours internes avant validation définitive et dépôt des listes, la plupart des formations politiques ont délégué aux états-majors des appareils, voire au seul premier responsable, la prérogative régalienne de choisir les candidats qui doivent y figurer et, évidemment, de procéder à leur classement. Si l'obstruction, souvent volontaire, des canaux internes de réclamation pousse déjà à la contestation publique, le soupçon de l'intrusion de l'argent, la "chkara", comme on dit communément, dans la promotion des candidatures la renforce davantage. Samedi, on aura vu toute la gêne chez Ould Abbes lorsqu'il a été interpellé sur le cas de son propre rejeton qui serait impliqué dans le marchandage des candidatures et de leur positionnement sur les listes. La manière de botter en touche du responsable du FLN ajoute plus qu'elle ne réduit les soupçons. Ce qui n'est pas de bon augure pour le scrutin législatif qui risque de connaître une forte désaffection électorale. Car, en plus des machines partisanes qui pourraient grincer du fait des agitations internes que provoqueraient les mécontentements, il est des déclarations de leaders de partis qui n'aideraient pas à la mobilisation des électeurs. En effet, quand Djamel Ould Abbes annonce que parmi les candidats du parti, 85 sont analphabètes, cela n'est pas fait pour susciter la ruée vers les urnes. Car avoir à l'idée d'élire une centaine de députés analphabètes, c'est-à-dire qui ne savent ni lire ni écrire, c'est faire montre d'un manque de considération pour la fonction parlementaire. Car, dès lors qu'on admet qu'il est possible de faire gagner des strapontins à l'Assemblée à des personnes qui ne comprendraient rien aux projets de loi qui y seraient débattus et votés, on donne une bonne raison de s'abstenir d'accomplir le devoir électoral. Et ce n'est pas également la meilleure manière d'améliorer la participation électorale, lorsque l'on soutient publiquement trouver son compte dans l'abstention. Le président du MSP, Abderrezak Makri, a bel et bien affirmé que "l'abstention électorale nous arrange !" Pour un peu, il y aurait fait campagne, à supposer que ce n'est pas déjà le cas en le clamant de la sorte. Sofiane Aït Iflis