Le symposium pour le renouveau du football algérien, organisé les 11 et 12 décembre à Alger, a abouti à plus d'une centaine de recommandations réparties sur 8 thématiques. Parmi les plus importantes, celle ayant trait à la moralisation du football. Le rapporteur de cet atelier note la nécessité du recours à des enquêtes d'habilitation sur les candidats au titre de président de club professionnel ou amateur, ainsi qu'à celui de responsable de comité de supporters. Ces enquêtes sont du seul ressort des pouvoirs publics à même, à travers les services de sécurité, de mener des enquêtes d'habilitation comme au temps du dirigisme politique. Si elles permettent effectivement d'éliminer des postulants aux dossiers judiciaires pas très nets, il va sans dire que ce genre d'enquête ouvre la voie à des stigmatisations certaines d'ordres politique et clanique et à des cooptations qui ne disent pas leur nom, au détriment de la compétence. Les animateurs de cet atelier auraient été plus inspirés s'ils avaient évoqué des "critères d'accès" à des postes, comme cela a été fait du reste dans le cahier des charges du professionnalisme. Ceci d'une part ; d'autre part, comment peut-on parler de moralisation du football quand des joueurs condamnés par la justice algérienne à des peines fermes sont convoqués en équipe nationale, que des présidents de club, condamnés par la justice, sont toujours en activité, et que d'autres ont été graciés par la FAF, après avoir reconnu en direct à la télé qu'ils ont "vendu" et "acheté" des matches ? En outre, les recommandations préconisent des sanctions financières contre les clubs responsables d'écarts de l'ordre de 2 à 3 millions de dinars, oubliant que cette question est prise en charge par le code disciplinaire de la FAF à moins que l'arrière-pensée est de limiter la liberté d'expression des opposants à l'actuel bureau fédéral. Quant aux deux recommandations, à savoir "remplacement du huis clos par la domiciliation du match concerné à plus de 200 km, et l'imposition aux grands clubs des Ligue 1 et Ligue 2 à évoluer dans les complexes Opow de leur wilaya, à savoir dans des stades de 25 000 à 30 000 places", elles sont tout simplement irréalisables pour la simple raison que par exemple dans la capitale, il existe un seul stade capable de contenir plus de 25 000 places, à savoir le stade 5-Juillet. Remise en cause du professionnalisme ? Et comme une disposition ne se morcèle pas, la FAF ne peut pas exiger l'application d'une telle mesure à Oran ou à Constantine et s'abstenir de le faire à Alger. C'est aberrant. Le symposium plaide également pour "une aide aux clubs et les accompagner à créer leurs propres centres de formation", une nécessité, mais la FAF oublie qu'en 2013, le gouvernement s'est déjà engagé à construire des centres de formation au profit des clubs pros à l'issue de deux conseils interministériels sur le football. Les recommandations du symposium de la FAF ouvrent en outre la voie au bureau fédéral à une remise en cause carrément de la politique du professionnalisme dans le football, instaurée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Jugez-en à travers quelques recommandations : "Rédiger (amender) un nouveau cahier des charges. Instaurer une période de transition de 4 ans facilitant une action structurante inscrite dans la durée en vue de faire émerger des clubs semi-professionnels ou professionnels viables aux plans économique et sportif. Réaliser un audit financier et organisationnel des clubs professionnels. Réduire la masse salariale des clubs actuels afin de l'intégrer dans le périmètre de la légalité au plan fiscal et social. Assurer un financement adéquat durant la période de transition tout en préconisant un traitement uniforme des dettes fiscales et sociales en contrepartie d'une redéfinition du statut du club professionnel", suggèrent les participants au symposium. Tout cela au moment où les clubs pros ont déjà consommé plus de 4 ans de délai de grâce par rapport au lancement du professionnalisme. En vérité, les participants au symposium ont surtout évité d'interpeller les pouvoirs publics sur des questions lancinantes afin de les inviter à aider les clubs en matière surtout d'infrastructures et de mise en pratique de la politique du professionnalisme afin de capitaliser les acquis. Au moment où seule une volonté politique peut résoudre les maux du football, la famille du football a préféré plutôt ménager les pouvoirs publics pour des raisons pas évidentes du tout ! SAMIR LAMARI