L'article 5 dudit décret stipule que les véhicules usagés vendus ou transférés d'une wilaya à une autre ne sont pas soumis au contrôle de conformité effectué par les experts des mines. L'application du décret exécutif 18-05 du 15 janvier 2018, régissant l'organisation de contrôle de conformité des véhicules et les modalités de son exercice, pose problème à Bouira. En effet, l'article 5 dudit décret stipule "les véhicules usagés vendus ou transférés d'une wilaya à une autre ne sont pas soumis au contrôle de conformité effectué par les experts des mines". Mais alors, qui va délivrer la fameuse fiche de contrôle indispensable au nouvel acquéreur ? Selon la nouvelle réglementation, ce sont bel et bien les services de l'APC qui en ont la charge. Or, dans les faits, du moins à Bouira, les choses ne sont pas aussi claires, et les automobilistes se retrouvent pour ainsi dire pris en otages. Mardi, jour de contrôle de conformité des véhicules au niveau du seul et unique centre de contrôle agréé de la wilaya, des dizaines d'automobilistes, dont les véhicules sont pratiquement tous immatriculés hors wilaya, attendaient leur tour et surtout la venue de l'ingénieur des mines. Tous ces citoyens, dont certains étaient là depuis 4h, ignoraient les nouvelles dispositions. Vers 10h, point d'ingénieur des mines à l'horizon. L'impatience et l'agacement gagnaient les esprits. "On attend ici depuis des heures et personne n'est venu nous expliquer la situation", tonnera un automobiliste, dont la voiture était immatriculée à Djelfa. Quelques minutes plus tard, un citoyen ayant connu la même mésaventure annoncera "la terrible nouvelle". "Ils (autorités, ndlr) ont changé la loi ! L'ingénieur des mines ne viendra pas aujourd'hui, tout se passe à l'APC." S'ensuivirent une bronca générale. Un automobiliste exaspéré s'emportera : "Du jour au lendemain on invente une nouvelle loi, sans prévenir personne, c'est un scandale !" Dans le but d'en savoir davantage sur le modus operandi de ces nouvelles dispositions, direction le siège de l'état civil de Bouira et plus précisément le guichet réservé aux cartes d'immatriculation des véhicules. Là, des citoyens mécontents se livraient à une joute verbale avec le guichetier. Ce dernier refusait tout bonnement de leur établir leurs documents et les a redirigés vers l'ingénieur des mines. Ce préposé au guichet ignorait jusqu'à l'existence même de nouveau décret et s'obstinait à refouler les citoyens. "Ramenez vos fiches de contrôle de chez l'ingénieur des mines et revenez me voir", dit-il d'un ton sec. La DIM et l'APC se renvoient la balle Face à cet imbroglio et afin d'avoir de plus amples éléments d'informations, langue a été prise avec les services de la direction de l'industrie et des mines (DIM) de Bouira. Le chef de service des ingénieurs des mines a été on ne peut plus clair sur le sujet. "Le décret exécutif 18-05 nous interdit de procéder au contrôle de conformité des véhicules hors wilaya, ce n'est plus de notre ressort", a-t-il affirmé. Pour ce responsable, ses services ont "fermé l'œil" depuis la parution dudit décret le 15 janvier dernier, mais, selon lui, une instruction "ferme" du ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, les a contraints à appliquer la loi. "Ce lundi, on a reçu une note émanant du ministère dans laquelle on a été instruit de ne plus procéder au contrôle de conformité (...) À notre niveau, on applique la loi à la lettre", a-t-il conclu. À en croire ce responsable, la délivrance du certificat de conformité concernant les véhicules vendus ou transférés hors wilaya est à la charge exclusive des APC. Pourtant, du côté de la mairie de Bouira, on affirme "n'avoir reçu aucune directive dans ce sens". Ahcène Guettaf, adjoint au P/APC de Bouira, est catégorique à ce sujet. "On ne peut appliquer une directive sans avoir le moindre document officiel, et à ce jour (mardi, ndlr) aucun document ne nous a été transmis", a-t-il certifié. Pour cet élu, qui dit ne pas comprendre le flou dans lequel se trouvent les citoyens, seule une correspondance du ministère de tutelle pourrait débloquer la situation. En attendant, les nouveaux acquéreurs de véhicules achetés hors de Bouira devront prendre leur mal en patience. RAMDANE BOURAHLA