"Si un effort n'est pas fait par la tutelle pour satisfaire la demande, il y aura inévitablement pénurie", avertit le professeur Kamel Bouzid, chef du service oncologie au Centre Pierre et Marie-Curie d'Alger. Et si l'amenuisement des recettes pétrolières venait à se répercuter sur l'approvisionnement des hôpitaux en médicaments ? En tout cas, cela semble une réalité qui commence, d'ores et déjà, à se faire ressentir dans certaines structures hospitalières. Cela se manifeste à travers les prévisions formulées, dans les délais règlementaires, par certains chefs de service, mais qui tardent à être satisfaites, et ce, pour cause... d'insuffisance budgétaire. C'est le cas, notamment, chef du service oncologie du Centre Pierre et Marie-Curie (CPMC) d'Alger, le professeur Kamel Bouzid, dont la commande passée auprès de la pharmacie attend vainement d'être satisfaite. La commande du professeur concerne, cette fois-ci, les produits innovants, recommandés pour le traitement de plusieurs types de cancers. Autrement dit, ces produits, longtemps réclamés par les professionnels, ont fini par être enregistrés, il y a un peu plus de deux mois, par le ministère de la Santé. Le Pr Bouzid en a besoin pour la prise en charge d'au moins une centaine de patients. Mais contre toute attente, les responsables de la pharmacie du CPMC refusent de satisfaire sa commande, lesquels responsables mettent en avant l'insuffisance budgétaire. Les mêmes responsables, rapporte le Pr Bouzid, déclarent avoir déjà consommé, en dehors des produits innovants, "40%" du budget annuel alloué à leur pharmacie, et cela, rien que durant le premier trimestre de l'année en cours. Voilà qui fait peur au Pr Bouzid alertant, désormais, sur une pénurie quasi certaine, si jamais la tutelle n'intervient pas pour renflouer les caisses de la pharmacie du CPMC comme elle l'avait si bien fait, en 2011, pour parer alors au déficit de cette dernière. "Ce n'est que le début du mois d'avril, et les responsables de la pharmacie déclarent avoir déjà épuisé 40% du budget, soit près de la moitié en seulement un seul trimestre. D'où leur crainte, d'ailleurs, de s'aventurer à acheter auprès de la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux) les produits innovants. À ce rythme, je ne vois pas comment ils vont faire pour couvrir les trois trimestres restants. À moins d'une intervention de la tutelle, comme ce fût le cas en fin 2011, je ne vois pas comment la pharmacie du CPMC pourra continuer à approvisionner le service en médicaments avec le budget qui lui reste. C'est juste impossible. Donc, si un effort n'est pas fait par la tutelle, il y aura inévitablement pénurie", avertit le professeur, non sans insister, une fois de plus, sur la nécessité de satisfaire, le plus tôt possible, sa commande concernant les produits innovants. "Ces produits sont indispensables, si l'on veut permettre une prise en charge convenable à la centaine de patients qui les attend", martèlera-t-il. Les produits innovants, faut-il le rappeler, consistent en des molécules nouvellement découvertes, recommandées, notamment, pour des thérapies ciblées et la luminothérapie. Ils sont prescrits pour un large éventail de patients souffrant de différents cancers (sein, poumon, prostate...). Farid Abdeladim