Sans salaire depuis cinq mois, ils montent au créneau et se mobilisent pour la énième fois pour réclamer leurs droits les plus légitimes. Plusieurs dizaines de travailleurs se sont rassemblés, mardi, devant le siège de la wilaya pour exprimer leur ras-le-bol et dénoncer "les responsables de cette entreprise publique livrée à la mafia de l'administration sous le regard complice des autorités compétentes". Ce mouvement de protestation, qui intervient à la veille du mois de Ramadhan, est, selon les protestataires, motivé par le rappel "de cinq cadres retraités pour occuper des postes de directeurs". Sujette aux désaccords, cette opération de recrutement a suscité colère et mécontentement des travailleurs qui veulent des réponses claires sur la mesure de priorité que pourraient avoir ces postes nécessitant une importante masse salariale à l'entreprise qui se débat dans une crise financière noirâtre. Ce n'est pas tout, puisque les travailleurs qui s'en remettent au président de la République exigent une enquête profonde sur "le mouvement des fonds et des recettes de cette entreprise publique". Pour montrer la gravité de la situation, ils citent l'exemple de l'unité de concassage et la carrière d'agrégats dont "les recettes journalières ne profiteront qu'au PDG de l'EPMC qui se permet de faire des navettes onéreuses vers la capitale et des missions de complaisance" sur le dos des centaines d'employés qui attendent leurs mensualités sur des charbons ardents pour s'acquitter de leurs ardoises. De graves "dépassements de gestion" ont également été signalés par les employés qui ont décrié l'absence d'un contrôle de gestion et de comptabilité plus fiable. Les protestataires, qui ne jurent que par le départ du PDG, évoquent non sans appréhension l'avenir des employés qui risquent d'être licenciés, comme c'était le cas de leurs collègues ayant fait les frais de leur bras de fer engagé avec la direction de l'entreprise. Toutefois, la gabegie à laquelle on n'arrive pas à trouver une explication logique est le rétablissement du même PDG après seulement quelques mois de sa révocation. Pour dénoncer la complicité des hauts cadres de cette la filiale du groupe Divindus, les protestataires ont tenu à rappeler que le limogeage du directeur mis en cause, en l'occurrence Farid Benyeken, a été motivée par l'examen des états financiers de la filiale au titre de l'exercice 2016, lesquels laissent apparaître un déficit important ainsi qu'un climat social délétère marqué par des grèves successives et récurrentes. La notification de révocation a également évoqué de fausses déclarations, la manipulation de données et la dissimilation de la réalité économique de l'entreprise. À cela s'ajoute l'insuffisance professionnelle, qui serait pour beaucoup dans le déficit et la crise financière ayant paralysé l'entreprise. Pour de plus amples informations sur cette affaire, nous avons contacté le directeur mis en cause. Ce dernier a rejeté catégoriquement les allégations des protestataires, en faisant savoir que les griefs retenus contre lui "étaient infondés. En plus, ce n'est pas au PDG du groupe de me limoger, puisque cette décision relève du conseil d'administration". À propos de ce mouvement de protestation, notre interlocuteur accuse des instigateurs faisant partie des employés limogés suite au dernier redéploiement que l'entreprise avait opéré dans le dispositif de sécurité à l'effet d'instaurer une nouvelle discipline de travail. Pour ce qui est des arriérés de salaires, il a promis de les régulariser dans le courant de la semaine prochaine. "Nous allons procéder au versement des avances sur salaire dès mercredi en attendant l'encaissement d'une situation de 23 milliards de centimes qui nous permettra de verser les salaires et payer les situations en instance des entrepreneurs sous-traitants", a-t-il assuré. Quant aux autres accusations, M. Benyeken a invité toute personne détenant une preuve contre lui à saisir la justice. RABAH KARÈCHE